Dans les premiers versets, Éliphaz rappelle à Job que l’amertume et l’irritation obstinée conduisent à la mort (versets 2, 3). C’est une folie humaine d’en vouloir à Dieu. Mais Éliphaz supposerait-il que la mort des fils de Job (verset 4) et la perte de ses biens (verset 5) sont une juste rétribution de la rébellion de son cœur ?
D’après Éliphaz, aucun ange1 (verset 1) ne pourrait donner de réponse aux questions de Job : la peine et la misère sont inéluctables, car liées à la nature humaine (verset 7). Elles ne germent pas d’elles-mêmes, mais elles naissent dans le cœur de l’homme. Selon lui, Job ferait mieux de se tourner vers Dieu (verset 8), en reconnaissant que ce dernier est bien plus grand qu’il ne le pense (versets 9-16).
Les versets 10 à 12 expriment la confiance de celui qui ne s’appuie pas sur les ressources humaines bien fragiles, mais sur un Dieu puissant. En dehors du contexte de l’entretien avec Job, les thèmes évoqués sont très profonds. Ils se retrouvent dans les PsaumesPsaume 75. 8 ; 113. 7, sur les lèvres d’Anne1 Samuel 2. 4 ou de MarieLuc 1. 51, et sont repris par le Seigneur : “bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés ; bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre” Matthieu 5. 4, 5.
La sagesse humaine vient à néant devant Dieu (verset 13), comme le confirmera Paul qui cite ce verset en 1 Corinthiens 3. 19. Ceux qui pensent avoir la lumière sans Dieu (verset 14) sont aveuglés par leur prétention, comme les pharisiens dans l’évangileJean 9. 39-41. Que Dieu nous garde d’une telle attitude !
Éliphaz a démontré à Job sa folie ; il l’invite maintenant à la repentance et à l’humiliation. Mais quelle confession veut-il produire en cet homme, dont Dieu a dit qu’il n’y avait pas de cause pour le punir (2. 3) ? La vertu éducative de l’épreuve va être le sujet de ces dernières paroles d’Éliphaz, qui semble parler par expérience (verset 27). Ses affirmations sont profondément justes, soutenues par de nombreux textes de l’Écriture, et feront l’objet d’un développement argumenté par Élihu au chapitre 33. On trouve ici la première mention du “Tout-Puissant”. Ce nom, sous lequel Dieu s’est révélé aux patriarchesGenèse 17. 1, sera plusieurs fois repris dans ce livre.
Le fidèle découvre une bénédiction dans l’épreuve, car par elle Dieu le fait progresser (verset 17) Deutéronome 8. 5. Il y voit aussi une preuve de l’amour paternel de Dieu qui châtie ses enfants comme un pèreHébreux 12. 5 ; Apocalypse 3. 19. Chassons l’image d’un Dieu qui serait un despote inconscient de ce qu’il fait : il connaît parfaitement l’étendue de la blessure causée et c’est lui qui guérit (verset 18) Deutéronome 32. 39 ; Osée 6. 1. Ces versets retracent toute l’histoire de Job, avec la mention de ses sept épreuves successives (verset 19) : mais s’il est vrai qu’à la fin Dieu a guéri Job de ses peines, en revanche elles n’avaient rien d’un châtiment (verset 17).
Une description magnifique de la bénédiction que Dieu voudrait accorder à celui qui le craint remplit les versets 20 à 26. Elle englobe la protection contre la famine, la guerre, les catastrophes, les bêtes sauvages et la médisance ; elle assure la prospérité2, une nombreuse postérité et une vieillesse heureuse. La mention de cette générosité divine est touchante en elle-même, mais guère à propos. Éliphaz emploie un style abrupt pour conclure (verset 27), comme si Job était de mauvaise volonté et avait choisi de rester dans cet état. Cette conclusion n’est guère appropriée pour accompagner le message d’espoir contenu dans les versets précédents.