“Considérez combien était grand celui à qui même Abraham donna une dîme”. Les Juifs étaient fiers d’avoir pour père Abraham car ils avaient une très grande estime pour lui, le dépositaire des promessesMatthieu 3. 9 ; Jean 8. 33-39. Abraham est le père de tous les croyantsRomains 4. 11. Et pourtant Melchisédec lui est supérieur, comme il est supérieur à Lévi pour quatre raisons, énoncées dans les versets 4 à 10.
Par cet acte, Abraham reconnaît la prééminence de Melchisédec et son droit à cette dîme.
Les fils de Lévi avaient le droit, selon la loi, de recevoir la dîme du peuple. Ils avaient une position supérieure à leurs frères. Leur père Lévi était l’arrière-petit-fils d’Abraham. Lorsqu’Abraham a donné la dîme à Melchisédec, c’est comme si Lévi était présent dans son ancêtre (verset 10). Ce qui concernait Abraham le concernait aussi car, comme faisant partie de sa lignée, il était identifié avec lui. C’est comme si Lévi donnait également la dîme à Melchisédec, reconnaissant ainsi sa supériorité. Il en résulte que l’ordre de Melchisédec est supérieur à celui de Lévi, donc d’Aaron. Nous retrouverons ce sujet à partir du verset 11.
Abraham était le dépositaire des promesses de Dieu : quel honneur ! Mais malgré cette dignité, il est béni par Melchisédec. “Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent” (verset 7). En le voyant bénir Abraham et recevoir de lui la dîme, nous avons la preuve que Melchisédec est plus excellent. C’est pourquoi, même si Abraham est un très grand personnage, Melchisédec l’est encore plus.
Les fils de Lévi recevaient des dîmes du peuple ; Melchisédec a reçu la dîme d’Abraham. Lévi et Abraham ont-ils pour autant des places équivalentes ? Un nouveau contraste replace Melchisédec à une position plus élevée. Les lévites étaient des êtres mortels, et d’autres sacrificateurs remplaçaient ceux qui mouraient. C’est pour cela qu’on trouve cette expression en rapport avec l’offrande faite à Dieu : “Tu viendras vers le sacrificateur qu’il y aura en ces jours-là” Deutéronome 26. 3. En opposition Melchisédec vit, il est unique, il est sacrificateur à perpétuité. Celui qui est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, Christ, est aussi le plus excellent car il a la sacrificature éternelle. Tout ceci était difficile à accepter pour les Juifs chrétiens. Mais l’auteur de l’épître démonte petit à petit tous les arguments qui auraient pu laisser croire à ces Juifs devenus chrétiens que le judaïsme, avec ses grands hommes, pouvait leur être utile pour leur salut éternel. D’ailleurs Melchisédec se place en dehors de la lignée dont ils se glorifiaient. C’était un étranger qui ne tirait pas son origine de Lévi mais qui en recevait la dîme. De plus il avait vécu avant la loi ; il ne pouvait donc pas en dépendre.
Nous, les croyants d’aujourd’hui, sommes les héritiers de la promesse, comblés de bénédictions par Christ le divin Melchisédec. En retour nous lui apportons nos dîmes, c’est-à-dire que nous lui offrons nos vies en reconnaissant son autorité. Il peut en recevoir les fruits que sa grâce veut produire avec abondance. Plus nous serons conscients de sa majesté, plus nous aurons le désir de vivre “pour lui plaire à tous égards” Colossiens 1. 10.
Dans ces versets 1 à 10 il n’a été question que de l’ordre1 et de la dignité de Melchisédec, non de son service sacerdotal.
Plus tard, pendant le millenium, Christ sortira du ciel comme le vrai Melchisédec pour être roi et sacrificateur et pour bénir son peuple Israël, sur la terre, avec “du pain et du vin” Genèse 14. 18. Ce n’est pas le sujet de l’épître aux Hébreux, mais que fait-il aujourd’hui ?
Melchisédec bénit Abraham le père des croyantsRomains 4. 11 ; et actuellement Christ, le vrai Melchisédec, bénit l’assemblée, une famille de sacrificateurs, formée de croyants des nations et de Juifs (descendance d’Abraham). Les ressources de la grâce de Christ sont à leur disposition. Il règne déjà sur le cœur de ceux qui reconnaissent son autorité. Une même louange peut jaillir de leur cœur, une même voix avec Jésus qui chante les louanges de Dieu au milieu de l’assemblée (2. 12). Mais l’accent va être mis sur la différence entre la sacrificature exercée par Aaron et ses descendants (la sacrificature lévitique, verset 11) et la nouvelle sacrificature exercée actuellement par Christ dans le ciel. Cette sacrificature d’intercession en faveur des hommes (de type aaronique) a le même caractère que celle d’Aaron, mais elle est selon l’ordre de Melchisédec. La sacrificature est donc changée, et avec elle, tout le système qui en dépend.