“C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits”. La perfection est l’état dans lequel Christ est parvenu après sa mort et sa résurrection, lorsqu’il a été salué souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. L’homme fait ou adulte comprend la position céleste de Christ. Il vit, chaque jour sur la terre, comme un homme du ciel. L’auteur se réjouissait tellement de la découverte de cette glorieuse personne qu’il voulait communiquer sa joie aux Hébreux, en les plaçant sur le vrai terrain chrétien.
Pour avancer, il faut se décharger de tout ce qui entrave la marche. “Le fondement” dont il est question au verset 1 a trait à l’enseignement donné dans l’A.T., la prédication de Jean le Baptiseur. Il annonçait et amenait seulement à connaître un Messie selon la chair, pour la terre2 Corinthiens 5. 16 et non un souverain sacrificateur glorifié dans le ciel. L’énumération du verset 2 donne les bases du message qu’il fallait dépasser même si des faits très importants s’y trouvaient.
Les œuvres condamnées par la loi n’entraînent que la mort. Il fallait s’en repentir. C’est pourquoi de nombreux Juifs s’étaient présentés au baptême de Jean le Baptiseur. Cette repentance était liée à la foi en Dieu. Reconnaître sa culpabilité était un premier pas vers le salut, mais la foi en Jésus Christ ressuscité et glorifié va bien au delà.
Les ablutions faisaient partie des cérémonies et des ordonnances de la loi en vue de la purification. Mais l’enseignement de la purification unique et définitive opérée en Christ ne se trouve pas dans la loi. L’imposition des mains jouait un grand rôle dans le judaïsme, en particulier dans l’identification du sacrificateur avec la victime offerte. Dans le christianisme, elle a perdu sa raison d’être, si ce n’est qu’en croyant à l’œuvre de Christ à la croix, spirituellement on s’identifie à la victime, Christ lui-même. On reconnaît mériter la mort, qu’il a subie à notre place.
La résurrection des morts était une doctrine connue des JuifsDaniel 12. 2. Marthe croyait en la résurrection, au dernier jourJean 11. 24. Elle ne savait pas que Jésus était la résurrection et la vie et que sa résurrection d’entre les morts inaugurerait la résurrection des croyants pour une éternité céleste.
Le jugement éternelPsaume 96. 13 ; Ecclésiaste 12. 14 ; Daniel 12. 2 était aussi annoncé. Mais le salut éternel dans la gloire n’était pas encore enseigné. Le Saint Esprit a été envoyé sur la terre à la Pentecôte pour révéler toutes les gloires de ChristJean 16. 14 qui surpassent les premières. Il rend le chrétien conscient de sa nouvelle relation avec Christ glorifié, souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Sans cette révélation, il est impossible de trouver la paix avec Dieu, l’accès à Dieu n’est pas libre, et on ne peut pas jouir de sa position de fils, ni goûter la communion du Saint Esprit. Le but de l’auteur était d’amener ses lecteurs à abandonner le judaïsme, non pour adhérer au christianisme, la nouvelle religion, mais pour devenir des chrétiens adultes, solides et vrais dans leur foi (verset 3). Il développe le sujet de la sacrificature de Christ dans la suite de l’épître. Mais il sait qu’il ne peut pas lui-même agir sur leur conscience et leur cœur. Ce sera possible, “si Dieu le permet”.
L’avertissement donné dans les versets 4 à 6 est très solennel. Ces versets ont troublé de nombreux croyants qui en ont déduit qu’un enfant de Dieu peut perdre son salut. Il est donc très important de relier ces versets au contexte de l’épître pour rassurer définitivement ceux qui, trompés par le diable, le menteur dès le commencement, ont peur d’une telle éventualité.
En même temps, cet avertissement est de nature à alerter ceux qui auraient adhéré au christianisme sans engager réellement leur cœur et leur vie.
Regardons de plus près les privilèges dont voulaient profiter ces chrétiens de nom :
“Éclairés” : la lumière divine a brillé sur eux, mais leur cœur n’a pas été changé.
“Ont goûté du don céleste” : Christ est venu de Dieu ; ils ont pu en apprécier la valeur, mais ne l’ont pas reçu.
“Devenus participants de l’Esprit Saint” : Ils ont profité des bienfaits de sa présence sur la terre, mais ils ne l’ont pas réellement. Il existe une différence fondamentale entre avoir part à l’Esprit et en être le temple1 Corinthiens 6. 19.
“Ont goûté la bonne parole de Dieu et les miracles du siècle à venir”. Ils ont reconnu que la parole de Dieu est bonne. Ils l’ont appréciée. Ils ont assisté à de nombreux miracles. Ils ont vu des boiteux marcher, des aveugles voir, des lépreux guéris, des démoniaques délivrés. Ils en ont peut-être été eux-mêmes les bénéficiaires, ou ont été guéris au nom de Jésus. Mais cela ne suffit pas. Jésus leur dira : “Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi…” Matthieu 7. 22, 23. Ces miracles ont commencé à annuler les mauvais effets des puissances démoniaques opposées à Dieu. Ils ont continué au début de l’ère chrétienne (2. 4). Ils sont comme un échantillon de ce qui caractérisera le règne de paix futur de mille ans, règne glorieux, sans maladie, où tous les ennemis seront anéantis et le monde entier béni. Voici pourquoi ils sont appelés “les miracles du
Il n’est donc à aucun moment question dans ces versets de ceux qui possèdent la vie par la nouvelle naissance. S’écarter d’un Christ glorifié, c’était retomber dans le judaïsme décrit aux versets 1 et 2 et s’identifier au peuple qui a crucifié le Fils de Dieu. Il ne reste, alors, plus aucun moyen pour changer de vie, et trouver le chemin de la repentance. Le Pharaon autrefois a goûté les miracles de l’Éternel. Mais il s’est endurci jusqu’à ce que Dieu endurcisse lui-même son cœur. Il avait laissé passer le tempsJérémie 46. 17.
Si l’enseignement de ces versets peut rassurer totalement ceux qui connaissent Dieu comme leur Père, il avertit ceux qui se contentent de profiter des privilèges chrétiens. Ceux-ci ne sont pas sauvés, et sont même rendus personnellement responsables de la crucifixion de Jésus. C’est comme s’ils répétaient le crime commis contre lui.
Pour expliquer qu’une même bénédiction peut être reçue de deux manières différentes, l’auteur fait une comparaison avec une terre qui reçoit une pluie abondante (versets 7, 8). Quand il pleut beaucoup, si la terre contient des bonnes semences elle produira de bons fruits. Si elle contient des mauvaises herbes, telles les épines ou les chardons, elle ne produira pas de bons fruits. La pluie correspond à tout ce qui est énuméré aux versets 4 et 5. C’est une image des bénédictions célestesÉsaïe 55. 10, 11. Mais quand la bénédiction effleure un chrétien de nom, aucun fruit ne peut être produit, car elle n’a pu pénétrer dans son cœur endurci, semblable à un sol dur. Cet homme est coupable de péché d’apostasie. Ce professant n’a pas la vie divine. Il sera réprouvé et en butte à la malédiction. Dans ces conditions, il ne lui reste plus que l’attente terrible du jugement, car il n’y a rien de nouveau qui puisse l’amener à une nouvelle repentance3, à changer de pensée et de vie (10. 31).