“De même Christ aussi” (verset 5) : Après avoir montré que Jésus ne pouvait pas être un homme pécheur enveloppé de faiblesses, l’Esprit présente un nouveau sacrificateur qui n’est rien moins que le Fils engendré de Dieu. Sa fonction trouve de nombreuses similitudes avec celle d’Aaron, mais l’ordre en est changé : Christ n’est pas un successeur d’Aaron, il entre dans une catégorie (une classe) différente et supérieure qui rend sa fonction infiniment plus excellente. La comparaison de la sacrificature selon l’ordre d’Aaron et celle selon l’ordre de Melchisédec nous amènera à considérer les nombreux contrastes qu’il y a entre elles. La sacrificature préfigurée par Aaron ne fut pleinement accomplie qu’en Christ.
Le chapitre 3 décrivait la sphère dans laquelle s’exerçait la sacrificature : la maison de Dieu (verset 6). Le chapitre 4 présente le désert, c’est-à-dire les circonstances qui rendent nécessaire la sacrificature. Le chapitre 5 annonce l’appel à la sacrificature précédé d’un temps d’épreuve et de souffrances (versets 7, 8).
Aaron a été choisi malgré sa condition et ses défauts d’homme. Dieu a toujours des ressources face à la faiblesse humaine (sang de victimes : verset 3, eau de purification : 6. 2). En contraste, Christ est devenu sacrificateur en vertu de sa personne et de sa vie. Deux citations des Psaumes viennent confirmer la glorieuse dignité de celui qui est établi sur la sacrificature : il est le Fils engendré de Dieu, l’héritier, l’oint de l’Éternel, roi sur SionPsaume 2. 6, 7, roi et sacrificateur pour l’éternité, “selon l’ordre de Melchisédec” Psaume 110. 4. Lui seul peut être parfaitement sacrificateur puisqu’il est Fils de Dieu1.
Jésus n’est pas souverain sacrificateur pour un temps limité, comme le fut Aaron, mais pour l’éternité2. De plus, malgré ses droits, il ne s’est pas glorifié lui-même. Il a connu le chemin des larmes, de la crèche à la croix, la mort et la résurrection, pour exercer son office envers nous. Cet office s’exerce, non sur la terre comme pour Aaron, mais dans le ciel (8. 4).
Christ ne pouvait appartenir à l’ordre d’Aaron puisqu’il n’était pas de la tribu de Lévi (7. 14). Mais d’autre part, le travail de sacrificateur d’Aaron était bien un exemple de ce qu’allait accomplir Christ, car les sacrifices offerts annonçaient l’œuvre de Christ, ainsi que son intercession.
Le chapitre 7 nous parlera en détail de Melchisédec. On verra que la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec met l’accent sur le côté unique, intransmissible et éternel, de cet office. Christ a une analogie avec la personne de Melchisédec puisqu’il est présenté comme sacrificateur unique et éternel. Et si Melchisédec est vu comme roi et sacrificateurGenèse 14. 18, de même Christ le sera pendant le millenium pour son peuple relevéZacharie 6. 13.
Ces versets retracent la vie et les souffrances du Seigneur Jésus sur la terre. Il ne s’est soustrait à aucune des souffrances placées sur son chemin, un chemin d’anéantissement et d’abaissement jusqu’à la mort. Ni Aaron ni Melchisédec n’ont connu de telles souffrances. Il est venu pour être “l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde”. Avant d’être souverain sacrificateur, il a fait propitiation pour les péchés. Sa mort sur la croix était indispensable.
Pendant sa vie il a toujours fait la volonté de son Père, même en s’approchant de la croix quand il a ressenti l’horreur du péché avec une intensité extrême3. Près de la croix, voici les larmes de Gethsémané, il dit : “J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli !” Luc 12. 50. Sa vie avait été toute offerte à DieuLévitique 2.
Maintenant il éprouve toute l’amertume indicible de la coupe remplie de la colère de Dieu contre le péché. Il est poignant d’entendre ses paroles : “L’esprit est prompt (bien disposé), mais la chair est faible” Matthieu 26. 41. Il est là, dans l’expression de l’extrême faiblesse humaine devant l’insurmontable. Avec la soumission qui l’a toujours caractérisé et la joie qui était devant lui, la joie de glorifier son Père, il offre des supplications “avec de grands cris et avec larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort”. “Père, délivre-moi de cette heure”, a-t-il ditJean 12. 27. Il est dans l’angoisse, sa sueur est devenue comme des grumeaux de sang, il supplie, prosterné : “Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux” Mat. 26. 39. Il crie “de jour…, de nuit” Psaume 22. 3, attend une réponse de son DieuPsaume 40. 2 ; 102. 2 ; Lamentations de Jérémie 3. 8, mais en vain pour un temps ; pendant trois heures il est abandonné de Dieu.
Il a fallu qu’il passe par la mort, qu’il soit enseveli. Il a supplié d’être délivré de la mort4, c’est-à-dire de la puissance de la mort, par la résurrection. Il a été exaucé à cause de sa piété5. Le Psaume 22 avait annoncé cette délivrance. Après le cri : “Sauve-moi de la gueule du lion”, il est écrit : “Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles”, avec l’assurance que Dieu ne peut pas abandonner son âme à la mortPsaume 16. 10.
Il est le Fils éternel du Père. Il n’avait qu’une même pensée avec le Père, et comme Fils sur sa maison, l’obéissance lui était étrangère. Pourtant, “quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes”. Obéir a été pour lui une situation nouvelle. Mais ne pensons jamais qu’il a appris à obéir parce qu’il aurait pu désobéir, comme c’est notre cas, nous qui sommes désobéissants de nature. Cette notion d’obéissance est liée à sa condition d’homme. Jésus dit, en entrant dans le monde : “Je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté” (10. 5-7). C’est par des souffrances qu’il a appris l’obéissance. Car le péché a introduit la souffrance et la mort. Ayant connu les souffrances, Jésus est pleinement capable d’entrer dans les nôtres et de nous en délivrer.