La réception par les philosophes d’Athènes a été froide et les résultats, semble-t-il, peu nombreux. Paul se rend alors seul à Corinthe1, une ville réputée pour sa corruption et ses mauvaises mœurs. La grâce du Seigneur est merveilleuse car le Seigneur dit à Paul demeurant au milieu de ce bourbier : “J’ai un grand peuple dans cette ville” (verset 10).
Comme l’apôtre est seul à Corinthe, il doit subvenir à ses propres besoins et fabrique des tentes. En exerçant sa profession, Paul fait la connaissance d’un couple de réfugiés du même métier. Aquilas, un Juif originaire d’Asie mineure, et Priscilla son épouse ont dû quitter Rome car l’empereur Claude (41-54 ap. J.-C.) a banni tous les Juifs de la capitale. Dieu utilise cet édit pour que ce couple rencontre Paul. Aquilas et Priscilla seront une aide inestimable à l’apôtre et resteront de fidèles collaborateurs jusqu’au bout2 Timothée 4. 19.
Nous pouvons parfois nous sentir isolés et même découragés. Demandons au Seigneur qu’Il nous fasse rencontrer des Aquilas et des Priscilla sur notre chemin.
Encore aujourd’hui, plusieurs évangélistes utilisent la méthode de “faiseurs de tentes”. En cherchant à exercer leur métier dans un pays hostile à l’évangile, ils peuvent souvent obtenir plus facilement la permission de s’y installer. Comme Paul, ils subviennent ainsi à leurs propres besoins et consacrent le reste de leur temps à annoncer l’évangile. Quant à nous tous, considérons-nous comme des “faiseurs de tentes” pour lesquels le travail séculier n’est qu’un moyen de subsistance en vue du travail pour le Seigneur et dans ce travail de subsistance même, on peut servir le Seigneur.
À Athènes, Paul avait fait appel à l’intellect des philosophes pour tenter de les persuader. À Corinthe, son approche est radicalement différente. Désormais il rejette les ornements de la pensée grecque. Il renonce aux brillantes démonstrations qui souvent portent peu de fruits pour affirmer que tout son savoir réside en une seule personne : Jésus Christ, et un seul fait : sa mort sur la croix1 Corinthiens 2. 1, 2.
Silas et Timothée, que Paul avait dépêchés d’Athènes en Macédoine, le rejoignent à Corinthe avec de bonnes nouvelles des frères et sans doute des dons de leur part1 Thessaloniciens 3. 1-8. L’apôtre peut de nouveau se concentrer sur la Parole de Dieu et donner tout son temps à l’évangélisation. La Parole l’absorbe tout entier (ou l’étreint, selon certains manuscrits) (verset 5). Son amour pour les Juifs est telRomains 9. 3 que, malgré leur opposition constante à l’évangile, il continue de leur annoncer que Jésus est le Christ. Comme l’opposition va jusqu’au blasphème, Paul doit témoigner ensuite contre eux. Il a fait tout ce qui était possible. Il n’a rien à se reprocher. Il est “net”. S’ils sont perdus, il ne pourra en être tenu pour responsableÉzéchiel 3. 18, 19. La rupture avec son peuple est maintenant presque consommée. Désormais, en toute bonne conscience, il peut se tourner vers les nations.
Paul sort de la synagogue mais ne s’en éloigne pas. Il habite dans une maison attenante chez un certain Juste, un « craignant-Dieu », comme pour tenter une dernière démarche. Comme le Seigneur est puissant ! Après tant d’efforts à Corinthe, un premier fruit se manifeste. Un Juif, le chef même de la synagogue attenante, croit au Seigneur avec toute sa maison. Cette conversion remarquable agit comme un catalyseur et plusieurs Corinthiens se tournent vers le Seigneur.
Dans un milieu corrompu et hostile, les résultats peuvent tarder à se manifester. Mais une fois le premier obstacle franchi, l’évangile pénètre avec force.
Là où l’Esprit de Dieu travaille, l’ennemi ne reste pas inactif. Il agit ou plutôt réagit. Paul le sait. Peut-être cherche-t-il à partir pour éviter aux frères un regain d’hostilité à Corinthe ou se propose-t-il d’évangéliser d’autres villes ? Nous l’ignorons, mais dans une vision le Seigneur fait comprendre à Paul qu’il doit rester à Corinthe. Dans cette vision, le Seigneur donne à l’apôtre :
Merveilleux Seigneur qui sait si bien parler au cœur de son serviteur ! Quand Dieu confie une tâche à un homme, Il donne la puissance pour l’accomplir. Pour conquérir ce peuple, Paul reste dix-huit mois à Corinthe, enseignant la Parole. En dépit de toutes les difficultés, l’apôtre demeure dans cette ville plus longtemps que nulle part ailleurs car la Parole est l’épée de l’Esprit contre toutes les puissances sataniquesÉphésiens 6. 17.