Être persécuté pour le nom du Seigneur est un honneur accordé par Dieu aux croyantsPhilippiens 1. 29. La grâce divine en fait une bénédiction pour l’Assemblée et un témoignage devant le monde. C’est l’un des thèmes des chapitres 4 et 5 du livre des Actes et, au-delà, du livre tout entier. Ce sujet se continue aux chapitres 7 et 8 avec le martyre d’Étienne : la persécution qui suit est l’occasion d’une extraordinaire diffusion de l’évangile hors de Jérusalem. Le chapitre 9 couronne cet ensemble, avec le récit de la conversion de Saul, le persécuteur des chrétiens, qui devient un puissant évangéliste et le grand apôtre des nations.
Les attaques de l’extérieur ne peuvent donc pas empêcher la progression de l’évangile. Mais le danger vient aussi du dedans. L’adversaire essaie d’introduire le mal dans l’assemblée. Il échoue dans la tentative cachée, mais grossière, d’Ananias et Sapphira. Il veut maintenant troubler l’assemblée par un symptôme en apparence plus anodin : un simple murmure. Mais tout est important pour le Seigneur dans la vie de son assemblée, et rien de ce qui pourrait nuire à ses intérêts ne doit être négligé. Ananias et Sapphira constituaient un cas isolé ; ici, toute l’assemblée se trouve atteinte. Dans les deux cas, c’est l’attrait ou la nécessité des choses matérielles qui est en cause. Au chapitre 5, le problème était de donner ; ici, la difficulté consiste à recevoir. La puissance divine, qui s’était exercée pour manifester le mal et le juger, donne maintenant aux apôtres la sagesse nécessaire pour résoudre cette nouvelle difficulté.
Le Seigneur bénit le courage des disciples persécutés : le nombre des croyants est multiplié. Alors, différentes personnalités, différents caractères se trouvent en présence ; chacun a ses opinions, ses convictions, ses manières d’être ou d’agir. Satan le sait, et cherche à dresser les croyants les uns contre les autres, en exploitant la moindre différence entre eux. Nous avons tous besoin de la grâce du Seigneur pour vivre ensemble en paix. Il a, lui, une solution à tout ce qui, pour nous, est un problème.
L’assemblée à Jérusalem comprend deux groupes sociaux distincts : les Hébreux et les Hellénistes. Les premiers sont les Juifs de la région ; ils parlent l’araméen. Les seconds sont des Juifs ou des prosélytes venus de différents pays ; ils parlent diverses langues, généralement le grec. Les Hébreux n’ont guère connu autre chose que leurs habitudes et leurs traditions : nous les traiterions volontiers de conservateurs. Les Hellénistes, qui ont davantage voyagé, ont vu bien des différences entre les diverses communautés juives : voilà, dirions-nous, des gens plus ouverts. Ce sont eux qui vont se plaindre de leurs frères.
Ce n’est, au début, qu’un murmure, une réclamation qu’on n’ose pas formuler à haute voix. En présence de l’amour actif qui distribue à chacun selon ses besoins, certains sont mécontents. Leur réclamation pouvait être légitime, mais c’est dans le cœur que naissent les murmures : l’égoïsme et la jalousie sont là, toujours prêts à se manifester. Le contentement des croyants1 Timothée 6. 6, malgré leurs différences de condition sociale, est pourtant un témoignage éloquent devant le monde.
Les apôtres ne disent pas : tout s’arrangera avec le temps. Les problèmes qui surviennent dans l’assemblée ne doivent jamais être laissés non résolus. Il est souvent nécessaire d’organiser, parfois de mettre de l’ordre : tout doit être fait selon la direction de l’Esprit. Les apôtres sentent que la situation peut devenir critique d’un moment à l’autre. Alors ils agissent tout de suite, d’une manière spirituelle. On aurait pu penser que les douze apôtres avaient l’autorité nécessaire pour régler ce problème sans rien dire à personne. Ils ne le font pas : l’assemblée tout entière doit participer à cet exercice. Ils proposent à l’ensemble des croyants de choisir sept hommes qualifiés pour cette tâche. Jusqu’ici, ils avaient assumé la distribution des dons qui leur étaient remis. Le Seigneur se sert de cet incident pour les dégager de ce travail absorbant. La sagesse leur est donnée pour faire face à cette difficulté. L’assemblée n’avait pas encore l’enseignement de l’apôtre Paul quant au fonctionnement de tous les membres du corps de Christ1 Corinthiens 12 ; mais les apôtres mettent en pratique les mêmes principes. Ils partagent les responsabilités, car il n’est pas bon que quelqu’un remplisse, dans l’assemblée, tout un ensemble de charges : cela risque de l’amener à négliger tel service qu’il jugera moins important.
Nous pouvons apprendre beaucoup de la manière d’agir des apôtres. Ils évitent avec soin deux écueils opposés : ne rien faire devant les difficultés, et vouloir tout régenter. Ils savent partager les responsabilités avec humilité, discernement et amour.
Dans le service qui leur est confié, les apôtres mettent la prière avant la prédication. La prière nous fait réaliser que Dieu lui-même opère tout par sa puissance. Elle est absolument nécessaire pour que le ministère de la Parole ne soit pas exercé par la volonté et les ressources de l’homme. Il s’exerce dans la faiblesse, dans la crainte et le grand tremblement, quoiqu’en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que la foi des saints ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu1 Corinthiens 2. 3-5.
Lorsqu’il s’agit de la bénédiction de l’âme par Dieu, la Parole vient en premier : recevoir de Dieu vient avant de s’approcher du PèreNombres 7. 89. Mais, pour le ministère de la Parole, la prière est le préalable nécessaire.
Il y a une distinction entre un don de grâce et une charge confiée à un serviteur.
Le Seigneur choisit et envoie ceux qu’il veut comme dons à son Église pour l’enseigner et l’édifierÉphésiens 4. 11. L’Église elle-même n’enseigne pas ; elle est enseignée par les serviteurs qui ont reçu des dons. Elle ne choisit pas un homme pour prêcher (les apôtres eux-mêmes ne l’ont jamais fait). Un don de grâce est donné par le Seigneur pour servir l’assemblée, corps de Christ, partout où elle se trouve, universellement, et non spécifiquement en un lieu donné.
Il en va différemment des serviteurs qui accomplissent une charge. L’assemblée choisit les serviteurs auxquels une activité particulière doit être confiée concernant l’assemblée locale, comme on le voit ici. D’autres textes de l’Écriture confirment ce fait. Ainsi, lorsque Paul écrit à Corinthe au sujet de la collecte qui se fait parmi les saints, ce sont les frères que l’assemblée approuvera qui iront à Jérusalem pour porter cette libéralité1 Corinthiens 16. 2, 3. Nous trouvons la même chose en 2 Corinthiens 8. 18-21, où un frère est choisi par les assemblées pour ce même service. Les qualités requises des serviteurs sont données ici : pleins de l’Esprit Saint et de sagesse, ayant un bon témoignage. (Il ne s’agit pas de demander une nouvelle venue du Saint Esprit, puisqu’il est déjà dans le croyant, mais de lui laisser toute la place dans notre cœur). 1 Timothée 3. 8-13 donne des indications plus détaillées sur les serviteurs.
Mentionnons simplement un troisième cas, celui des anciens ou surveillants (20. 17, 28), choisis, non par l’assemblée, mais par les apôtres (14. 23) ou par un frère envoyé exprès par un apôtreTite 1. 5. Aujourd’hui, même si ce choix ne peut être officiellement exercé, faute d’apôtres, la fonction d’ancien demeure1 Timothée 3. 1-7.
En conclusion, Dieu, dans sa grâce, a donné aux apôtres de faire taire les murmures, dans un esprit de douceur. Les noms des sept frères choisis pour ce service sont des noms hellénistes. Deux d’entre eux sont distingués ensuite. Philippe, l’évangéliste (21. 8) reçoit du Seigneur un don pour annoncer la bonne nouvelle (chapitre 8). Étienne rend un puissant témoignage comme premier martyr (chapitre 7). Tous deux ayant bien servi1 Timothée 3. 13 ont reçu de nouvelles responsabilités.