Avec ce chapitre commence une nouvelle section du livre des Actes. Souvenons-nous du « programme » en quatre parties donné par le Seigneur à ses disciples : “Vous serez mes témoins (1) à Jérusalem et (2) dans toute la Judée et (3) la Samarie, et (4) jusqu’au bout de la terre” (1. 8). Jusqu’à maintenant les disciples et les apôtres ont essentiellement limité leur activité à Jérusalem où Dieu a tout fait pour parler au cœur de son peuple. Mais le cœur de l’homme est incurableJérémie 17. 9. Ayant rejeté le Messie quand il était sur la terre, les Juifs refusent le témoignage de l’Esprit Saint quand Étienne voit le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu (7. 56). Ils confirment ainsi leur culpabilité à l’égard de Jésus. Désormais l’évangile parviendra à d’autres, beaucoup plus réceptifsRomains 11. 11, 12.
Cette nouvelle section illustre d’une manière remarquable la liberté d’action de l’Esprit Saint qui utilise les moyens qu’Il juge nécessaires pour assurer la diffusion de l’évangile.
On obéit au commandement du Seigneur progressivement. À peine Étienne a-t-il été mis à mort que l’évangile est prêché simultanément en Judée et, par Philippe, aux
Saul de Tarse a donné son assentiment à l’exécution d’Étienne. Sa religion l’aveugle tellement qu’il ne réalise pas être le meurtrier d’un innocent. Sans l’Esprit Saint, la religion est une puissance cruelle. Saul ne sait pas qu’un jour il sera appelé, d’une certaine manière, à remplacer Étienne et à rendre, comme ce martyr, un magnifique témoignage à la glorification de Jésus.
La victoire apparente de Satan ouvre les vannes de la violence et de la haine. Une grande persécution (la première systématique contre les chrétiens) suit immédiatement la mort d’Étienne. Les épreuves sont de plus en plus sévères. Pierre et Jean avaient été jetés en prison puis Étienne mis à mort. L’assemblée est maintenant persécutée. Mais si les disciples sont chassés de Jérusalem, ils emportent avec eux un trésor qu’ils ne demandent qu’à partager, l’évangile de Jésus Christ. Malgré la persécution et, peut-être, contrairement aux ordres du SeigneurMatthieu 10. 23, seuls les apôtres restent à Jérusalem. Les disciples, eux, se dispersent à travers la Judée et la Samarie.
Par cette épreuve, ils obéissent au Seigneur mais au prix de quelles souffrances (1. 8) ! D’une manière paradoxale, l’évangile de l’amour est répandu à cause de la haine de l’homme. Cette tempête ne fait que multiplier la semence de l’évangile pour l’accroissement de l’église.
Ouvrons les yeux quand nous rencontrons l’adversité de la part de nos concitoyens. Ces souffrances peuvent être le signe que Dieu nous prépare, comme les premiers disciples, à une œuvre d’évangélisation particulière.
On peut noter que Dieu n’a pas permis que les apôtres apportent les premiers l’évangile en Samarie et même au-delà, comme à Antioche où une assemblée se forme rapidement (11. 19, 20). Pour laisser toute la place à l’action du Saint Esprit, des disciples, le plus souvent anonymes, l’ont fait.
Après la brève mention de la dispersion des disciples à travers la Judée et la Samarie, intercalée là comme pour nous montrer la soudaineté de la persécution, Luc achève le récit de la mort d’Étienne. Des hommes pieux l’ensevelissent et mènent grand deuil sur lui. Rien ne permet d’affirmer qu’ils étaient des disciples. Peut-être étaient-ils des Juifs pieux qui ne pouvaient accepter le meurtre d’Étienne.
Non satisfait de la mort d’Étienne, Saul ravage l’assemblée comme une bête féroce (c’est la force du terme). Qui aurait jamais pensé que cet homme jetant en prison les chrétiens deviendrait un jour le prisonnier de Jésus ChristPhilémon 1 ? Le contraste entre un Saul cherchant à détruire l’assemblée et un Paul soumis à Christ est total.
Le service de Philippe auprès des veuves de Jérusalem (6. 5) a pris fin avec le départ des disciples. Chassé comme les autres, Philippe se rend en Samarie où Jésus lui-même avait déjà préparé le terrainJean 4. 39-42. Il n’hésite pas à évangéliser une ville de cette région malgré l’antagonisme des Juifs envers les Samaritains. Philippe, débarrassé de préjugés par l’évangile, a compris que le salut est pour tous.
Philippe fait beaucoup de miracles en Samarie. L’ordre des actions est noté avec précision : la prédication précède les miracles qui sont donnés comme signes. L’ordre inverse ne serait qu’une mise en scène trompeuse. Le miracle n’est pas un but en soi. Il est un signe que Dieu est à l’œuvreMarc 16. 20.
D’un commun accord les foules écoutent car Philippe annonce, non une nouvelle doctrine, mais une personne, le Christ. Beaucoup croient. Le contraste est frappant entre ces Samaritains attentifs à l’évangile et les membres du sanhédrin qui se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre Étienne, avant de se précipiter sur lui d’un “commun accord” (7. 57).
Malgré tous ses efforts, le judaïsme n’avait jamais pu conquérir la Samarie. Le Seigneur la conquiert en transformant les cœurs par l’action de son Esprit. Comme résultat de cette action, une grande joie éclate dans la ville, car la joie est un fruit de l’Esprit SaintGalates 5. 22.
Trois expressions résument ce récit : une grande persécution (verset 1), un grand deuil (verset 2) et… une grande joie (verset 8). L’évangile triomphe envers et contre tout !