Une nouvelle étape commence dans la vie de Paul. Elle couvre une période de deux ans (24. 27) et s’ouvre par le procès public de l’apôtre devant le gouverneur Félix et son successeur Festus. Cette période se termine par des interrogatoires privés (25. 23-27 ; 26. 1-32).
Les Juifs suivent Paul à Césarée, comme une meute de loups courant après leur proie. Une telle attitude est injustifiable de la part des chefs de la nation d’Israël. Dieu était juste quand il disait par la bouche de Malachie : “Et moi aussi, je vous ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous n’avez pas gardé mes voies…” Malachie 2. 9. Pourquoi les chefs du peuple exécraient-ils Paul à ce point ? Pour eux, Paul était dangereusement subversif car il annonçait l’affranchissement de la loi (21. 21) et formait des groupes constitués de Juifs et de païens, deux choses totalement inacceptables selon leurs traditions. En fait, la racine du mal était plus simple et plus profonde : ils craignaient de perdre leur influence et leurs privilèges. Leur orgueil était profondément blessé.
L’enjeu est si grand que le souverain sacrificateur et sa suite recourent aux services d’un avocat pour mieux accuser Paul. Ce Tertulle était probablement un Juif helléniste qui connaissait le droit romain. Suivant les formes de la rhétorique d’alors, il commence son réquisitoire par de grandes envolées en louant Félix pour son excellente administration. L’orateur est médiocre. Il flatte bassement le gouverneur, un homme qu’il sait pourtant cruel, féroce et débauché. Mais Tertulle n’est pas intéressé par la réalité des faits. Son but est d’obtenir la condamnation de Paul à tout prix. Jésus Christ l’avait déclaré : “L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi” Jean 15. 20.
Tertulle accuse l’apôtre de trois crimes :
La conclusion de Tertulle est bien plate quand on considère les envolées de son introduction. Mais Félix, aussi peu scrupuleux qu’Ananias, ne s’en laisse pas conter, même si les Juifs s’empressent de confirmer l’exactitude des accusations lancées par leur procureur. Par un signe, Félix donne ensuite la parole à Paul.
Paul n’use pas de basse flatterie quand il est autorisé à prendre la parole pour se défendre. Avec précision, il réfute les accusations point par point. Il n’est pas devant un homme qui ignore les particularités juives. Au contraire, Félix est le gouverneur de la Judée depuis des années et sa dernière femme est même une Juive (verset 24). Comment Félix pourrait-il se laisser abuser ? Mais Paul sait bien qu’il est illusoire de s’appuyer sur un tel personnage. Seul le Seigneur est son aideHébreux 13. 6.
Paul dit être venu douze jours auparavant à Jérusalem pour adorer. Félix peut faire vérifier ce fait et en déduire que l’accusation de sédition ne tient pas. Les preuves de sédition sont inexistantes car pendant les quelques jours précédant son arrestation, Paul n’a pas eu matériellement le temps d’organiser une insurrection.
Tout en rétablissant les faits, Paul profite de l’occasion pour témoigner de sa foi. Il confesse bien une chose : il croit aux Écritures et espère en une résurrection (des justes comme des injustes). Il sert le Dieu de ses pères, une phrase qui devait être familière à Félix quand on connaît l’attachement des Romains au culte des ancêtres.
Où sont donc les vrais accusateurs de Paul, ces Juifs d’Asie qui l’avaient attaqué dans le temple ? Ils sont absents du procès car ils n’ont rien à avancer.
Paul confesse bien qu’il a crié dans le sanhédrin que c’est à cause de la résurrection des morts qu’il a été saisi. Mais pourquoi tant de bruit à ce sujet, les membres du sanhédrin sont eux-mêmes divisés sur la question. Quel est donc son crime ?
Paul se défend avec force et dignité, sans amertume et sans rancune. Son intervention est pleine de noblesse et dénuée de crainte. Ce n’est pas tant sa propre personne que Paul défend mais sa foi. Il aime sa nation et est monté à Jérusalem en apportant des aumônes destinées avant tout aux pauvres de JérusalemRomains 15. 26. Il vient aussi avec des offrandes en témoignage de reconnaissance envers Dieu et comme don pour le soulagement du peuple2 Corinthiens 8. 1, 2 ; 9. 15. À peine arrivé pour une œuvre de bienfaisance, il est accusé de sédition. À peine parvenu dans le temple pour adorer, il est accusé de profanation. Tout son discours montre que sa conscience est claire devant les hommes et qu’il est innocent.
À ce point, Félix aurait pu facilement libérer Paul pour insuffisance de preuves. Mais voulant plaire au peuple comme l’avait aussi fait Pilate, un autre gouverneur avant luiMarc 15. 15, il s’en abstint.
En comparant le réquisitoire flatteur et mensonger de Tertulle au plaidoyer de Paul, nous comprenons combien l’apôtre a compté sur la promesse de Jésus pour de telles circonstancesLuc 21. 12-15. Qui mieux que l’Esprit, notre avocat, peut nous aider à présenter notre défense ?
Paul a réfuté toutes les accusations et personne ne peut l’accuser d’avoir menti. Il reste pourtant en prison. Le serviteur n’est pas traité autrement que son MaîtreJean 15. 20.