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Actes des Apôtres
Sondez les Écritures - 1re année

Actes 24. 1-21

Paul à Césarée

Une nouvelle étape commence dans la vie de Paul. Elle couvre une période de deux ans (24. 27) et s’ouvre par le procès public de l’apôtre devant le gouverneur Félix et son successeur Festus. Cette période se termine par des interrogatoires privés (25. 23-27 ; 26. 1-32).

1. L’accusation de Tertulle : versets 1-9

Le gouverneur flatté : versets 1-3

Les Juifs suivent Paul à Césarée, comme une meute de loups courant après leur proie. Une telle attitude est injustifiable de la part des chefs de la nation d’Israël. Dieu était juste quand il disait par la bouche de Malachie : “Et moi aussi, je vous ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous n’avez pas gardé mes voies…” Malachie 2. 9. Pourquoi les chefs du peuple exécraient-ils Paul à ce point ? Pour eux, Paul était dangereusement subversif car il annonçait l’affranchissement de la loi (21. 21) et formait des groupes constitués de Juifs et de païens, deux choses totalement inacceptables selon leurs traditions. En fait, la racine du mal était plus simple et plus profonde : ils craignaient de perdre leur influence et leurs privilèges. Leur orgueil était profondément blessé.

L’enjeu est si grand que le souverain sacrificateur et sa suite recourent aux services d’un avocat pour mieux accuser Paul. Ce Tertulle était probablement un Juif helléniste qui connaissait le droit romain. Suivant les formes de la rhétorique d’alors, il commence son réquisitoire par de grandes envolées en louant Félix pour son excellente administration. L’orateur est médiocre. Il flatte bassement le gouverneur, un homme qu’il sait pourtant cruel, féroce et débauché. Mais Tertulle n’est pas intéressé par la réalité des faits. Son but est d’obtenir la condamnation de Paul à tout prix. Jésus Christ l’avait déclaré : “L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi” Jean 15. 20.

Le réquisitoire : versets 4-9

Tertulle accuse l’apôtre de trois crimes :

  • La sédition : dans tout l’empire (“la terre habitée”) Paul suscite des troubles chez les Juifs. C’est un agitateur politique. Même mensongère, l’accusation restait sérieuse car les Romains réprimaient avec une grande sévérité les rébellions. Ils ne toléraient pas le désordre civil car une étincelle pouvait incendier l’empire. Félix lui-même avait déjà écrasé un Égyptien qui avait fomenté une sédition (21. 38). Tertulle cherche à faire passer le christianisme pour un messianisme politique et militant. Cette accusation contre le christianisme était totalement dénuée de fondement car les chrétiens étaient soumis à la loi civile. En fait, les Juifs eux-mêmes causaient ces insurrections.
  • Le sectarisme : Paul est le meneur de la secte des Nazaréens. Tertulle tente d’associer Paul aux mouvements messianiques que les Romains ont toujours réprimés au prix de nombreuses vies. Rome ne pouvait rester sourde à une telle accusation.
  • Le sacrilège (une accusation indirecte) : Paul a tenté de profaner le temple. Tertulle n’ose répéter l’accusation de profanation (21. 28). Le mensonge aurait été trop évident. Il parle d’une tentative de profanation, une accusation plus difficile à réfuter. Très habilement, il fait passer pour une arrestation ce qui était en fait une tentative de meurtre collectif. Comme les responsables sont des Juifs venus de l’empire romain (21. 27 ; 24. 19), Tertulle espère que Félix défendra leur cause.

La conclusion de Tertulle est bien plate quand on considère les envolées de son introduction. Mais Félix, aussi peu scrupuleux qu’Ananias, ne s’en laisse pas conter, même si les Juifs s’empressent de confirmer l’exactitude des accusations lancées par leur procureur. Par un signe, Félix donne ensuite la parole à Paul.

2. La défense de Paul : versets 10-21

Courage et confiance : versets 10-13

Paul n’use pas de basse flatterie quand il est autorisé à prendre la parole pour se défendre. Avec précision, il réfute les accusations point par point. Il n’est pas devant un homme qui ignore les particularités juives. Au contraire, Félix est le gouverneur de la Judée depuis des années et sa dernière femme est même une Juive (verset 24). Comment Félix pourrait-il se laisser abuser ? Mais Paul sait bien qu’il est illusoire de s’appuyer sur un tel personnage. Seul le Seigneur est son aideHébreux 13. 6.

Paul dit être venu douze jours auparavant à Jérusalem pour adorer. Félix peut faire vérifier ce fait et en déduire que l’accusation de sédition ne tient pas. Les preuves de sédition sont inexistantes car pendant les quelques jours précédant son arrestation, Paul n’a pas eu matériellement le temps d’organiser une insurrection.

Une confession : versets 14-16

Tout en rétablissant les faits, Paul profite de l’occasion pour témoigner de sa foi. Il confesse bien une chose : il croit aux Écritures et espère en une résurrection (des justes comme des injustes). Il sert le Dieu de ses pères, une phrase qui devait être familière à Félix quand on connaît l’attachement des Romains au culte des ancêtres.

La réfutation : versets 17-21

Où sont donc les vrais accusateurs de Paul, ces Juifs d’Asie qui l’avaient attaqué dans le temple ? Ils sont absents du procès car ils n’ont rien à avancer.

Paul confesse bien qu’il a crié dans le sanhédrin que c’est à cause de la résurrection des morts qu’il a été saisi. Mais pourquoi tant de bruit à ce sujet, les membres du sanhédrin sont eux-mêmes divisés sur la question. Quel est donc son crime ?

Paul se défend avec force et dignité, sans amertume et sans rancune. Son intervention est pleine de noblesse et dénuée de crainte. Ce n’est pas tant sa propre personne que Paul défend mais sa foi. Il aime sa nation et est monté à Jérusalem en apportant des aumônes destinées avant tout aux pauvres de JérusalemRomains 15. 26. Il vient aussi avec des offrandes en témoignage de reconnaissance envers Dieu et comme don pour le soulagement du peuple2 Corinthiens 8. 1, 2 ; 9. 15. À peine arrivé pour une œuvre de bienfaisance, il est accusé de sédition. À peine parvenu dans le temple pour adorer, il est accusé de profanation. Tout son discours montre que sa conscience est claire devant les hommes et qu’il est innocent.

À ce point, Félix aurait pu facilement libérer Paul pour insuffisance de preuves. Mais voulant plaire au peuple comme l’avait aussi fait Pilate, un autre gouverneur avant luiMarc 15. 15, il s’en abstint.

En comparant le réquisitoire flatteur et mensonger de Tertulle au plaidoyer de Paul, nous comprenons combien l’apôtre a compté sur la promesse de Jésus pour de telles circonstancesLuc 21. 12-15. Qui mieux que l’Esprit, notre avocat, peut nous aider à présenter notre défense ?

Paul a réfuté toutes les accusations et personne ne peut l’accuser d’avoir menti. Il reste pourtant en prison. Le serviteur n’est pas traité autrement que son MaîtreJean 15. 20.

Actes 24

1Or cinq jours après, le souverain sacrificateur Ananias descendit avec les anciens et un certain orateur [nommé] Tertulle, et ils portèrent plainte devant le gouverneur contre Paul. 2Et quand celui-ci eut été appelé, Tertulle se mit à l’accuser, disant : Puisque nous jouissons par ton moyen d’une grande tranquillité, et que par ta prévoyance des mesures excellentes sont prises en vue de cette nation, 3très excellent Félix, nous l’acceptons, en tout et partout, avec une entière gratitude. 4Mais afin de ne pas t’arrêter davantage, je te prie de nous entendre brièvement selon ta clémence ; 5car nous avons trouvé que cet homme est une peste, et qu’il excite des séditions parmi tous les Juifs dans toute la terre habitée, et qu’il est un meneur de la secte des Nazaréens ; 6il a même tenté de profaner le temple : aussi l’avons-nous saisi, [et nous avons voulu le juger selon notre loi ; 7mais Lysias, le chiliarque, étant survenu, l’a emmené en l’arrachant d’entre nos mains avec une grande violence, 8donnant ordre que ses accusateurs viennent auprès de toi] ; et par lui tu pourras toi-même, en l’interrogeant, arriver à la pleine connaissance de toutes ces choses dont nous l’accusons. 9Et les Juifs aussi se joignirent à lui pour insister contre [Paul], affirmant que les choses étaient ainsi. 10Et Paul, après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, répondit : Sachant que depuis plusieurs années tu es juge de cette nation, je fais mon apologie avec plus de courage : 11car tu peux connaître qu’il ne s’est pas passé plus de douze jours depuis que je suis monté pour adorer à Jérusalem. 12Et ils ne m’ont trouvé, ni dans le temple, disputant avec quelqu’un ou ameutant la foule, ni dans les synagogues, ni dans la ville ; 13et ils ne peuvent pas soutenir les choses dont ils m’accusent présentement. 14Mais je te confesse bien ceci, que, selon la voie qu’ils appellent secte, ainsi je sers le Dieu de mes pères, croyant toutes les choses qui sont écrites dansa la loi et dans les prophètes, 15ayant espérance en Dieu, – [espérance] que ceux-ci nourrissent aussi eux-mêmes, – qu’il y aura une résurrection, tant des justes que des injustes. 16À cause de cela, moi aussi je m’exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. 17Or, après plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation et des offrandes. 18Sur ces entrefaites, ils me trouvèrent purifié dans le temple, sans attroupement et sans tumulte. 19Or c’étaient certains Juifs d’Asie, qui auraient dû être ici devant toi et m’accuser, s’ils avaient quelque chose contre moi ; 20ou bien, que ceux-ci eux-mêmes disent quelle injustice ils ont trouvée en moi, quand j’ai été devant le sanhédrin, 21si ce n’est ce seul cri que je fis entendre, étant au milieu d’eux : C’est pour la résurrection des morts que je suis aujourd’hui mis en jugement par vous.

Notes

apropr. : tout le long de.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)