À Jérusalem, les Juifs avaient réussi à s’accommoder des chrétiens qu’ils ne persécutaient plus à ce moment-là, car ceux-ci étaient tous zélés pour la loi. Mais ils exécraient Paul qui prêchait que la loi était accomplie en Jésus Christ. Bien qu’un grand nombre de chrétiens habitent Jérusalem, Paul loge chez un certain Mnason, un Cypriote. Il semble que peu de frères étaient prêts à l’accueillir chez eux. Néanmoins, les frères reçoivent Paul et ses compagnons avec joie, peut-être à cause du don qu’ils apportaient des assemblées de Grèce et de Macédoine (24. 17). Pourtant pas un mot d’appréciation pour ce don. Les apôtres ne sont pas même mentionnés, comme si tous avaient subitement disparu.
Les frères de Jérusalem n’ont qu’une idée : mouler l’apôtre Paul dans la forme juive. Ils disent à Paul de regarder aux milliers de Juifs convertis, tous zélés (litt. : zélotes) pour la loi. Ils ignorent une chose : “La fin de la loi, c’est Christ, pour justice à quiconque croit” Romains 10. 4. L’activité de ces zélateurs n’est pas condamnée par les anciens de Jérusalem. Hélas, l’église était déjà virtuellement divisée. La simplicité de cœur des premiers jours (2. 46) était ternie par le légalisme. En cela se vérifient les paroles mêmes de l’apôtre qui écrivait peu de temps auparavant aux Corinthiens : “La lettre tue, mais l’Esprit vivifie” 2 Corinthiens 3. 6.
Les frères de Jérusalem admettent implicitement que les critiques des Juifs envers Paul sont justifiées et cela, sur la seule base d’ouï-dire, de rumeurs. Pour eux, Paul enseigne de renoncer à Moïse. Le mot grec utilisé est une grave insulte à l’apôtre car il signifie littéralement que Paul enseigne “l’apostasie de Moïse” 2 Thessaloniciens 2. 3, l’abandon de la loi donnée à Moïse. Ces frères acceptent un mensonge. En fait, ils demandent à Paul de se déguiser en bon Juif, de faire amende honorable. Comme Paul est un homme de paix, il accepte cette humiliation pour complaire aux frères.
En cette circonstance nous pouvons penser que Paul commet une erreur. L’apôtre vient d’écrire aux Corinthiens qu’il se fait Juif pour les Juifs afin de les gagner1 Corinthiens 9. 20. Mais jusqu’où vont les limites ? En consentant à payer les frais qu’entraînait la fin du
Le compromis ne fait qu’aggraver la situation. Les Juifs d’Asie haïssaient Paul. Ils veulent le discréditer à tout prix, connaissant l’importance et l’influence du travail de Paul en Asie. (Soyons toujours sur nos gardes quand un serviteur de Dieu est accusé ; quelqu’un a peut-être un intérêt à détruire l’œuvre de Dieu). Voyant Paul dans le temple et croyant que Trophime, un Éphésien qui l’accompagne, avait pénétré dans l’enceinte du temple réservée exclusivement aux Juifs, ils accusent Paul de profaner le saint lieu. Encore un mensonge ! Le fanatisme se moque de la vérité et de la justice. La présence de Paul est interprétée comme une provocation. Ils le traînent hors du temple et ameutent la foule. (On peut remarquer que Dieu a usé de grâce envers Paul et s’est servi de la haine des Juifs pour empêcher l’apôtre d’aller jusqu’au bout de ses intentions en apportant son offrande à la fin de la semaine). La ville est en effervescence. Comme on veut tuer Paul, le commandant de la garnison romaine le fait saisir et lier de deux chaînes sans autre forme de procès. Les Romains ne toléraient pas les soulèvements populaires qu’ils réprimaient avec force. Ils aimaient l’ordre. Une émeute était une erreur impardonnable autant pour celui qui la causait que pour les chefs qui ne la réprimaient pas.
La nation juive aggrave une nouvelle fois sa culpabilité en cherchant à exterminer un serviteur de Dieu ! Le peuple hurle : “Ôte-le” (à mort !) comme un écho au cri : “Ôte, ôte, crucifie-le” Jean 19. 15.
En entrant dans la forteresse, porté par des soldats, Paul peut communiquer, grâce à sa connaissance du grec, avec le chef de garnison qui consent enfin à l’écouter. Il l’avait pris pour un Égyptien qui venait d’entraîner à sa suite une bande de sicaires (des hommes spécialisés dans l’assassinat des fonctionnaires romains et des collaborateurs juifs). Combien le monde peut se méprendre sur l’identité des chrétiens !
Paul est maintenant sous protection romaine. Quel paradoxe ! Dieu se sert des lois d’un peuple païen pour protéger son serviteur. La justice de Rome, non celle des Juifs, sauva la vie de l’apôtre à cette occasion. Mais Paul restera en prison pendant plusieurs années. Désormais Paul est prisonnier des Romains. Mais lui s’est toujours considéré comme prisonnier de Jésus ChristÉphésiens 3. 1.
Pour Paul, le désir de témoigner de sa foi à son peuple et le souci d’établir la vérité passe avant sa propre sécurité. Bien qu’à l’abri dans la forteresse, il demande avec beaucoup de courage de pouvoir parler au peuple. Le commandant lui en accorde la permission. Paul, souffrant des coups reçus mais soutenu par la main puissante du Seigneur, commence son discours debout sur les marches de l’escalier de la forteresse. “Quand je suis faible, alors je suis fort” 2 Corinthiens 12. 10 a-t-il pu écrire. La scène est digne d’admiration.