Ayant fortifié les disciples en Galatie et en Phrygie (18. 23), Paul arrive à son tour à Éphèse. Le récit qui suit nous montre clairement que le christianisme ne peut exister sans l’Esprit Saint. Paul trouve à Éphèse douze croyants juifs, disciples de Jean le Baptiseur. Il saisit chaque occasion pour faire progresser les croyants qu’il rencontre dans le chemin de la foi et dans la connaissance de Jésus. En parlant avec ces Juifs, l’apôtre discerne qu’ils sont des croyants « incomplets » car il manque quelque chose d’essentiel à leur foi. Ils ne sont pas de véritables « chrétiens », mais des Juifs qui ne connaissent que le baptême d’eau que Jean prêchait pour la repentanceMarc 1. 4.
Ces douze Juifs croyaient en Jésus comme Messie mais ne comprenaient pas la signification de sa mort et de sa résurrection. Ils avaient probablement appris de Jean que le Messie baptiserait de l’Esprit SaintMatthieu 3. 11 mais ignoraient que cette prophétie s’était réalisée à la Pentecôte et que, dès ce moment, l’Esprit Saint habite dans tous les croyants et les scelleÉphésiens 1. 13, 14. Ils avaient entendu les avertissements et les menaces prononcés par JeanMatthieu 3. 7-10 mais ne connaissaient pas la grâce de Dieu en Jésus.
Le baptême de Jean préparait la nation juive à accueillir le Messie sur la terreMatthieu 3. 1-3. Il n’était qu’un signe de repentance des péchés. Il devait réveiller les Juifs et leur donner conscience de leur état misérable réservé à la colère de Dieu.
Le baptême d’eau chrétien au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit a une toute autre signification. Il est un signe extérieur de l’identification du croyant avec Christ dans sa mortRomains 6. 4-6.
Quant au baptême de l’Esprit Saint, il est une présence intérieure de l’Esprit qui intègre tous les croyants au corps de Christ, le chef de l’Église (2. 4). Il s’est réalisé le jour de la Pentecôte (2. 1-4) pour former l’assemblée, le corps de Christ1 Corinthiens 12. 13. Par la suite, tout croyant reçoit l’Esprit Saint et devient ainsi membre du corps de Christ déjà formé.
Paul ne met pas en doute la foi de ces douze hommes ni l’utilité du baptême de Jean pour la repentance. Mais ils ne sont pas encore chrétiens. Pour le devenir, il faut à la fois se détourner de ses péchés (la repentance) et se tourner vers Jésus (la foi). Par quelques questions précises, Paul les place face à Jésus puis les baptise du baptême chrétien et leur impose les mains pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint. Ils parlent en langues et prophétisent comme au jour de la Pentecôte. Ce don de parler en langues était pour les Juifs le signe que Dieu agissait réellement1 Corinthiens 14. 21 et la démonstration que Paul, comme apôtre, était placé dans la même position que Pierre et Jean (8. 14-17). Aujourd’hui, les apôtres1 ont disparu1 Corinthiens 4. 9. Ils ont posé le fondementÉphésiens 2. 20 et n’ont pas de successeurs. Dès lors, personne n’a besoin d’imposer les mains à de nouveaux convertis pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint comme l’a fait Paul.
Paul n’avait pas de méthodes stéréotypées pour amener les âmes à la foi. Mais il s’empressait toujours d’enseigner soigneusement ceux qui se convertissaient ! La foi initiale ne peut s’édifier que sur de solides bases doctrinales. Usant de sa prérogative de rabbin, Paul enseigne pendant trois mois dans la synagogue d’Éphèse. L’évangile a la priorité sur tout et doit être annoncé en toutes circonstances2 Timothée 4. 2. Certains écoutent, d’autres ne veulent rien savoir. Comme les Juifs disent du mal de la “Voie”, Paul se tourne vers ceux des nations pour les enseigner à leur tour. Il sépare les disciples des Juifs qui ne veulent pas accepter l’évangile et se retire pendant deux ans dans un autre bâtiment, chez un certain Tyrannus qui y tient une école de philosophie. Cet exemple démontre que le témoignage chrétien peut être rendu en tous lieux.
La prédication de l’évangile s’accompagnait de manifestations miraculeuses dont l’origine était Dieu et non une créature comme les magiciens. Dieu donnait à son serviteur Paul une puissance surnaturelle comme lettre de créance pour démontrer qu’il agissait pour Lui et pour sa gloire2 Corinthiens 12. 12. Par conséquent, les miracles rendaient inexcusables les témoins qui restaient incrédules.
Ne soyons pas surpris. Des imitateurs se manifestent chaque fois que la puissance de Dieu s’exerce (8. 9 ; 13. 8). À Éphèse, la contrefaçon provient du milieu religieux juif. On sait qu’à cette époque de nombreux Juifs pratiquaient l’exorcisme de ville en ville contre salaire. Dans leurs incantations, ils récitaient souvent toute une liste de noms pour être certains de ne pas omettre celui de la divinité qui agirait.
À Éphèse, des exorcistes juifs sont impressionnés par le travail de Paul. Dans leur effort pour rivaliser avec l’apôtre, ils essayent d’utiliser le nom de Jésus pour chasser les démons. Mais ils recourent à un nom et une puissance qu’ils ne connaissent pas. L’esprit malin que les sept fils d’un sacrificateur tentent d’exorciser s’élance sur eux avec violence et les laisse nus et blessés. Possédés par l’esprit qu’ils prétendaient combattre, ils en deviennent les misérables victimes et sont immédiatement jugés et exposés comme contrefacteurs de Dieu. On ne prend pas le nom de Dieu en vainExode 20. 7.
Ce récit nous enseigne à être très vigilants par rapport à tout ce qui touche au monde des esprits et aux manifestations miraculeuses. Demandons à Dieu de nous accorder le don de discerner les esprits1 Corinthiens 12. 10. Sans curiosité malsaine, éprouvons les esprits pour voir s’ils sont de Dieu1 Jean 4. 1. À notre époque, on assiste à une recrudescence de l’activité de toutes sortes de gens pratiquant l’occultisme. Magiciens et menteurs agiront sur cette terre jusqu’à la finApocalypse 21. 8.
Aujourd’hui, certains prédicateurs n’hésitent pas à recourir publiquement à l’exorcisme. De nombreux prétendus guérisseurs invoquent de manière abusive et scandaleuse le nom de Jésus. Savent-ils à quelle puissance ils s’exposent et par quel pouvoir ils opèrent ?
La Parole de Dieu croît à Éphèse et montre sa force, non seulement par les miracles opérés par Paul, mais surtout par l’autorité morale de l’apôtre sur les cœurs. La foi entraîne la confession des péchés et une purification radicale. Plusieurs de ceux qui pratiquaient l’occultisme se tournent vers Dieu, confessant leurs pratiques et brûlant leurs grimoires qui leur procuraient sans doute notoriété et revenus. Les objets de leur séduction doivent être éliminés totalement pour ne pas les tenter à nouveau ou pour servir à d’autres. Encore aujourd’hui, il est nécessaire de confesser tout péché et particulièrement celui de la pratique de l’occultisme, interdite par Dieu de la manière la plus absolueDeutéronome 18. 9-13. Personne ne peut jouir de la paix et de la joie du Seigneur sans avoir confessé ce péché car il pèse lourdement sur la conscience. Mais Dieu peut délivrer de cette emprise car Il est plus grand que Satan1 Jean 4. 4 ; Apocalypse 20. 10.
Paul se propose dans son esprit d’aller à Jérusalem puis de se rendre à Rome. L’assemblée de Jérusalem est pauvre et l’apôtre désire apporter à ses frères démunis le fruit d’une collecte1 Corinthiens 16. 1 ; 2 Corinthiens 9. 1-5 ; Romains 15. 25, 26. La sympathie chrétienne peut être profonde mais elle doit nécessairement s’exprimer en actes concrets1 Jean 3. 16, 17 car le corps de Christ est un. “Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui” 1 Corinthiens 12. 26.
Pour la première fois, nous apprenons que Paul désire visiter Rome, sans doute parce que les chrétiens de cette ville au cœur même de l’empire ont besoin des soins et de l’enseignement d’un apôtre pour mieux remplir leur mission.