Actes 13. 1-12

Nous entrons dans une nouvelle division du livre des Actes. Le ministère de Pierre a préparé le chemin pour l’activité de Saul de Tarse qui devient l’apôtre Paul et dont le ministère est plus spécifiquement dirigé vers les nations (9. 15). Durant cette œuvre préparatoire, Juifs, Samaritains et gens des nations sont tous les objets d’une même grâce. Maintenant le temps est venu d’envoyer des hommes prêcher l’évangile aux païens. L’assemblée d’Antioche, la plus grande ville du Proche Orient, devient le premier centre pour une œuvre parmi les nations (chapitre 13-28).

1. L’assemblée d’Antioche de Syrie : la diversité dans l’unité : versets 1-3

Lorsqu’il séjourne à Antioche, Saul de Tarse a peut-être quarante ans (47 ap. J.-C.). Dix ans se sont écoulés depuis sa conversion. Ces années n’ont pas été perdues. Elles ont permis à Dieu de préparer son serviteur à la grande tâche d’évangélisation du mondeGalates 1. 17.

Barnabas avait conduit Saul à Antioche. Avec d’autres frères, ces deux hommes ont déployé une grande activité dans l’assemblée locale qui devient un modèle pour les croyants issus des nations (11. 25, 26). En effet, elle est la première connue pour avoir été établie en dehors de la sphère juive.

L’assemblée d’Antioche comprend des frères d’origines très diverses, mais vivant en harmonie, car tous ensemble ils servent le Seigneur. Parmi ces frères, certains exercent les dons de prophètes et de docteurs. Le prophète donne la pensée de Dieu en relation avec les circonstances présentes et futures. Il édifie l’assemblée, exhorte et console1 Corinthiens 14. 3, 4. Le docteur enseigne la Parole de Dieu, la fait comprendre aux auditeurs en l’exposant d’une manière simple et claire2 Timothée 2. 15. Le don d’évangéliste n’est pas mentionné sans doute parce qu’il s’agit ici de service dans l’assemblée, mais Barnabas et Saul en sont de remarquables exemples. De plus, tous les frères avaient compris qu’ils étaient tous appelés à être des témoins partout où ils se trouvaient.

Le premier nommé dans l’assemblée d’Antioche est Barnabas, fils de consolation comme son nom l’indique (4. 36). Le dernier mentionné est Saul. De chasseur de chrétiens, Saul est maintenant un berger au milieu de cette assemblée (11. 26).

On trouve aussi parmi les frères Manahem (qui signifie consolateur, selon la forme grecque). Nourri dans une cour corrompue avec Hérode le tétrarque, probablement à Rome, il est son ami d’enfance ou son demi-frère. Quel commentaire admirable de concision sur le mystère et la souveraineté de la grâce divine ! L’un devient un chrétien doué par Dieu et assume des responsabilités dans l’assemblée locale, l’autre condamne Jean le Baptiseur à la décapitation et joue un rôle indigne dans le procès de Jésus.

Siméon, surnommé Niger (le Noir) est peut-être africain. Lucius vient de Cyrène, une ville alors importante de l’Afrique du Nord, située dans le nord-ouest de la Libye. Rien ne permet de l’assimiler à son homonyme de Romains 16. 21.

Remarquons l’ambiance spirituelle de l’assemblée d’Antioche : dans la pluralité des dons, les docteurs et les prophètes servent le Seigneur et jeûnent. Ils recherchent la pensée de Dieu. Il n’est donc pas étonnant que l’Esprit Saint puisse agir puissamment au milieu d’eux en leur disant de mettre à part Barnabas et Saul pour le travail auquel il les a appelés. (L’Esprit Saint produisit sans doute une conviction profonde chez tous, peut-être par le moyen d’un ou de plusieurs prophètes). Heureuse assemblée dont deux des meilleurs éléments sont envoyés en mission par l’Esprit Saint ! Ils sont « mis à part » car Dieu ne veut pas de « volontaires » à son service mais des appelés. Le service n’est jamais par choix personnel mais par décision divine, quoique chacun ait la responsabilité de s’engager pour le Seigneur.

Le moment du départ est arrivé. Les frères n’envoient pas Barnabas et Saul : ils les laissent aller non sans leur avoir imposé les mains (en signe de communion dans le service) après avoir prié et jeûné. Une ordination pour le service de Dieu ne se trouve pas dans les enseignements du N.T.

2. Commencement du premier voyage missionnaire : versets 4, 5

Après avoir été envoyés, non par les frères, mais par le Saint Esprit, les deux missionnaires embarquent à Séleucie, le port d’Antioche. Ils se rendent d’abord dans un territoire familier, à Chypre, une île dont Barnabas était originaire (4. 36). Ils sont secondés de Jean-Marc, leur serviteur (ou auxiliaire), un neveu (ou cousin) de BarnabasColossiens 4. 10. Jean-Marc avait déjà accompagné Barnabas et Saul de Jérusalem à Antioche (4. 25). Comme l’Esprit Saint n’avait pas donné d’ordre au sujet de Jean-Marc, on peut s’attendre à des difficultés. Elles ne tarderont pas à surgir (verset 13).

À Salamine, l’une des principales villes maritimes de Chypre sur la côte orientale, appelée aujourd’hui Farmaguste, Barnabas et Saul entrent dans les synagogues et annoncent l’évangile. Cela leur permet d’établir un contact avec les Juifs auxquels l’évangile est premièrement destinéRomains 1. 16.

3. La conversion du proconsul de Chypre : versets 6-12

Pour tenter d’arrêter la propagation de l’évangile, Satan ne tarde pas à se manifester. Traversant l’île, Barnabas et Saul s’arrêtent à Paphos, la capitale de la province romaine de Chypre, à l’extrémité occidentale de l’île. L’endroit était un haut lieu de l’idolâtrie et de l’occultisme. Les Grecs y avaient transformé un temple célèbre d’Astarté en un temple d’Aphrodite au culte infâme. Barnabas et Saul pénètrent dans une zone bien difficile ! C’est à Paphos que réside Serge-Paul, le proconsul. Les deux missionnaires rencontrent Élimas, un magicien qui gravite dans l’entourage du gouverneur. Sans doute agit-il comme conseiller auprès de Serge-Paul mais, aux yeux de Dieu, son activité est abominableDeutéronome 13. 2-6 ; 18. 9, 10.

Il est surprenant qu’un homme intelligent comme Serge-Paul ait pu être sous l’influence d’Élimas (qui signifie sage !) ; il porte aussi un nom juif, Bar-Jésus (qui signifie fils de Jésus ou de Josué !). En réalité c’est un renégat, un faux prophète. Comme Satan est habile pour se déguiser sous des noms pieux !

Le proconsul manifeste le désir d’entendre la Parole de Dieu et fait appeler les missionnaires. Deux puissances sont alors en présence : la puissance de Dieu pour sauver Serge-Paul et la puissance du diable qui cherche à le détourner de la foi. Rempli de l’Esprit Saint, Saul, appelé Paul dorénavant, discerne le mauvais esprit qui anime Élimas1 Corinthiens 12. 10 ; 1 Jean 4. 1. Il admoneste sévèrement le magicien et Élimas est condamné à la cécité. Jugement frappant pour un voyant ! Lui qui cherchait à conduire le proconsul doit maintenant se faire mener par la main ! Mais Paul sait par expérience personnelle que l’aveuglement des yeux peut permettre à la lumière de jaillir dans l’obscurité de l’esprit.

Constatant ce qui vient d’arriver, le proconsul croit, non à cause du miracle, mais parce qu’il est saisi par la doctrine du Seigneur. “Ainsi la foi est de ce que l’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu” Romains 10. 17. Chypre devient la première province romaine gouvernée par un chrétien.