Ce chapitre rapporte un événement décisif dans l’histoire du salut, l’entrée des païens convertis dans l’église. Pierre avait reçu du Seigneur les clés du royaume des cieuxMatthieu 16. 19. Il lui en restait une à utiliser, celle qui ouvrait la porte du royaume aux nations. Pour en arriver là, le Seigneur a dû opérer profondément dans le cœur de l’apôtre jusqu’à ce qu’il puisse dire : “En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable” (versets 34, 35). Cette affirmation est d’une immense importance car le Dieu de toute grâce ne peut pas être le Dieu d’un seul peuple. La grâce de Dieu est pour tous.
Le Seigneur Jésus avait annoncé que plusieurs viendraient d’orient et d’occident et s’assiéraient avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieuxMatthieu 8. 11. Des prosélytes étaient devenus disciples (2. 11 ; 6. 5). Philippe avait évangélisé les Samaritains (8. 12). Pierre apporte maintenant la démonstration qu’il n’est pas nécessaire d’embrasser le judaïsme pour devenir chrétien.
Philippe l’évangéliste habite à Césarée comme Corneille (8. 40 ; 21. 8). Mais ce n’est pas lui qui introduit Corneille dans le christianisme. Ce privilège appartient à Pierre car, revêtu de son autorité apostolique, il est le seul à posséder les clés du royaume des cieux.
L’unité du corps de Christ n’est pas encore une vérité développée à ce moment (il appartiendra à l’apôtre Paul de le faire dans ses épîtres) mais la conversion de Corneille et des siens en prépare la voie. Elle donne un nouveau départ à l’assemblée qui ne peut connaître de différence entre les Juifs et ceux des nations : “Le même Seigneur de tous est riche envers tous ceux qui l’invoquent” Romains 10. 12.
Comme centurion, Corneille commandait une centaine d’hommes mais n’avait pas un rang particulièrement élevé dans l’armée impériale. “L’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur” 1 Samuel 16. 7.
L’Esprit Saint aime à attirer notre attention sur la piété de Corneille et son attachement à la religion juive. Sa piété a pour origine et pour fruit la prière.
L’œuvre de Dieu s’était faite dans le cœur de Corneille indépendamment des Juifs chrétiens afin qu’ils ne puissent pas s’en glorifier. “Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé” Romains 10. 13. Corneille était de ceux-là.
Son témoignage est remarquable aussi bien dans le cercle de sa famille que de sa profession. Il craint Dieu avec toute sa maison (les siens et ses serviteurs). Il ne tolère pas les idoles chez lui. Sa réelle piété le rend généreux. “La foi sans les œuvres est morte” Jacques 2. 26.
Corneille se trouve en dehors du judaïsme et du christianisme. Il est un non-juif, homme des nations, issu de la culture romaine. Il fait partie de ces “craignant-Dieu” qui honoraient Dieu sans toutefois s’être soumis aux rites du judaïsme comme les prosélytes. Bien que fidèle à la connaissance limitée qu’il possède, Corneille n’est pas encore entré dans la pleine lumière de la gloire excellente de l’évangile2 Corinthiens 3. 10. En le choisissant, Dieu veut démontrer qu’il n’est pas besoin de se faire juif pour connaître le salut en Jésus Christ. De son côté, Pierre, un homme issu du judaïsme, est en relation avec Jésus Christ, mais il n’a pas encore une pleine compréhension de la lumière dans laquelle il doit vivre, une lumière qui éclaire tout hommeJean 1. 9. Comme Corneille, il a besoin de lumière supplémentaire. Il doit découvrir le changement qu’apporte le passage du régime de la loi à celui de la grâce venue par Jésus ChristJean 1. 17.
À trois heures de l’après-midi, encore dans la pleine clarté du jour, Corneille voit un ange qui lui dit : “Tes prières et tes aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu”. Dieu se souvient de tout ce qui est fait pour Lui. L’ordre des mots est important : les prières, expression de la foi, précèdent les œuvres. Dieu ne se révèle jamais d’une manière confuse ou équivoque. Corneille voit l’ange clairement, un signe de l’origine divine de la vision.
Comme serviteur de ceux qui vont hériter du salutHébreux 1. 14, il n’appartient pas à l’ange d’instruire Corneille. Son rôle se limite à lui indiquer comment entrer en contact avec un certain Pierre à Joppé.
La profondeur de la foi de Corneille se voit en ce qu’il obéit sans discuter à l’ordre reçu et envoie immédiatement trois de ses hommes à Joppé. Ils lui sont si attachés qu’il peut tout leur raconter.