Dès la Troade, Luc, un médecin et l’écrivain du livre des Actes, rejoint Paul, Silas et Timothée pour annoncer l’évangile en Europe1. Ils embarquent à Troas, une ville sur la côte de la Mysie non loin de l’ancienne Troie, pour se rendre en Macédoine au nord de la Grèce actuelle. Ils tirent droit sur Samothrace, une île de la mer Égée. Leur voyage est prospère car ils ne mettent que deux jours pour traverser la mer. À leur retour, le voyage en prendra cinq en sens inverse (20. 6) ! Même dans le service pour le Seigneur, les vents ne soufflent pas toujours dans la direction qui fait avancer rapidement. Mais mieux vaut affronter le vent que de connaître le calme plat ! De Samothrace, ils se rendent à Néapolis sur la côte de la Macédoine et, après quelques kilomètres, ils atteignent Philippes2, une ville importante.
L’évangile pénètre en Europe avec une grande simplicité et d’une manière inattendue. Arrivés à Philippes, Paul et ses compagnons ne trouvent pas l’homme de la vision. Personne ne les attend pour les accueillir, mais ils sont en Macédoine ! Il ne faut pas nécessairement s’attendre à l’accomplissement littéral d’une vision. Elle est plutôt donnée pour encourager dans une direction à suivre que pour prédire les détails des événements.
À Philippes, ils paraissent séjourner dans cette ville sans but précis et doivent se chercher un logement à leurs propres frais. La communauté juive est si petite qu’elle n’a, semble-t-il, pas même une synagogue (il fallait un quorum de dix hommes pour constituer une synagogue). Pensant qu’un lieu de prière est au bord de la rivière, ils s’y rendent le jour du sabbat et y trouvent quelques femmes pieuses réunies pour la prière.
Ils ne vont pas rencontrer l’homme macédonien mais Lydie, une femme qui n’est même pas de cette région ! Pourquoi sont-ils venus de si loin à Philippes. Se seraient-ils encore trompés ? Que de surprises dans le chemin de Dieu !
Comme pharisien, Paul avait sans doute répété chaque jour avant sa conversion cette prière : O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas des nations, ni esclave, ni femme ! Ni les philosophes grecs, ni les rabbins n’auraient daigné parler à une femme. Même les disciples de Jésus se sont étonnés de ce qu’Il parlait avec une femmeJean 4. 27. Par sa puissance, l’Esprit Saint peut changer les préjugés, même les plus ancrés dans une âme.
Plusieurs femmes se trouvent assemblées au bord du fleuve. Paul et ses compagnons s’étant assis, leur parlent. Parmi elles se trouve Lydie, une marchande de pourpre originaire de Thyatire3 en Asie Mineure, une ville réputée pour la pourpre et sa corporation de teinturiers. La pourpre est, à cette époque, un commerce de luxe. Lydie a donc des moyens financiers. En outre, elle est à la tête d’une maison et de serviteurs. Dans sa sagesse, le Seigneur a tout préparé à l’avance pour que Lydie puisse accueillir Paul et ses amis.
Lydie, une femme pieuse d’origine païenne, faisait partie de ces « craignant-Dieu » qui servaient Dieu. Elle avait déjà fait tout un chemin spirituel mais ne connaissait pas encore Jésus Christ. “Le Seigneur lui ouvrit le cœur”. Comme le dit Jean dans l’évangile, Jésus l’attirait à luiJean 12. 32.
Cette femme est si attentive au message de Paul que l’évangile la saisit. Elle se convertit et elle est baptisée ainsi que sa “maison” (famille, serviteurs et autres dépendants). Remarquons que, dans la Parole de Dieu, la maison est toujours liée au chef de famille. C’est la foi de Noé qui a pour conséquence la conservation de sa maisonHébreux 11. 7. C’est la foi de Lydie, une femme à la tête d’une maison, qui exerce un effet positif sur son entourage immédiat.
La vie nouvelle produit immédiatement ses fruits. Lydie se considère comme solidaire des serviteurs de Dieu dans le besoin et les invite à venir loger dans sa maisonRomains 12. 13. Pour ne pas la compromettre, Paul et ses trois compagnons refusent dans un premier temps. Mais cette femme de caractère a de bonnes raisons pour insister : elle sait qu’elle est fidèle au Seigneur. Contraints par Dieu de passer en Macédoine, Paul et ses amis sont maintenant forcés par Lydie de loger dans sa maison ! Dieu a son plan car c’est là que Paul et Silas trouveront le réconfort nécessaire avant de quitter Philippes à la suite de sévères persécutions (verset 40).
Lydie est un exemple remarquable d’une âme qui s’ouvre à l’évangile :
Remarquons comment Dieu prépare une rencontre dans le but de sauver une âme. Lydie vient de Thyatire, une ville d’Asie Mineure. Paul, lui, est parti des semaines auparavant d’Antioche de Syrie, une ville encore plus éloignée de Philippes. La rencontre entre Paul et Lydie n’a rien de fortuit, car Dieu travaille toujours en même temps aux deux extrémités d’une chaîne d’événements.
Une ville de la province de l’Asie Mineure, à 150 km au nord-est de Smyrne. Le nom Lydie, « la femme lydienne » rappelle que Thyatire se trouvait sur le territoire de l’ancien royaume de Lydie.
Thyatire était renommée pour la teinture pourpre. Ce colorant était extrait par les Phéniciens d’un coquillage trouvé sur les côtes d’Afrique, de Phénicie et d’Asie Mineure. La grande valeur et l’éclat de la pourpre la faisaient choisir pour les habits des personnages haut placés (Esther 8. 15). Les riches portaient aussi cette étoffe (Luc 16. 19) et même les idoles de luxe (Jérémie 10. 9)