Étienne est accusé d’avoir parlé contre Moïse et contre Dieu, puis contre le temple et contre la loi. Il répond en détail, et dans l’ordre convenable : Dieu (1-16), Moïse et la loi (17-43), le temple (44-50).
Il insiste sur ce qui s’est passé lorsque Dieu a suscité des serviteurs pour établir quelque chose de nouveau dans l’histoire de son peuple. Il place ainsi devant le sanhédrin Abraham, Joseph, Moïse et, plus brièvement, Josué, David et Salomon. Il termine par la septième et glorieuse intervention divine : la venue du Juste, celui qu’ils ont mis à mort. Étienne montre que le peuple s’est toujours opposé à ce que Dieu accomplisse ses promesses, jusqu’au rejet de celui en qui sont toutes les promesses et qui est le garant de leur accomplissement : Jésus Christ, le Fils de Dieu2 Corinthiens 1. 19, 20.
Les Juifs avaient faussement accusé Étienne d’avoir blasphémé contre Dieu. Il en parle comme du Dieu de gloire. Cette expression dirige le cœur vers celui qui est présent partout dans l’univers, et pas seulement dans un temple construit par les hommes. La gloire est l’ensemble des perfections divines. Manifestées dans la personne de Christ ici-bas, elles brilleront éternellement en lui. Étienne commence sur cette note élevée, et il termine avec Jésus dans la gloire de DieuHébreux 1. 3.
Mais c’est dans sa grâce souveraine que le Dieu de gloire appelle Abraham. Même la descendance de Sem, la parenté d’Abraham, est idolâtreJosué 24. 2, 3. Abraham habite alors Ur des Chaldéens, un lieu très éloigné de la terre de la promesse : Étienne rappelle, par ce fait, que la grâce de Dieu ne connaît pas de limite géographique. Dieu appelle Abraham à sortir de ce milieu et à venir au pays qu’il lui montrera. Il déploie ainsi sa grâce souveraine et insondable. Nous sommes tous, comme Abraham et Israël, des objets de grâce, ce qui met de côté toutes nos prétentions. Même Abraham, béni comme il l’était, est lent à se mouvoir dans le chemin de la foi : il quitte bien son pays, mais il ne quitte pas sa parenté. Il habite à Charan jusqu’à la mort de son père. La patiente grâce de Dieu le fait alors passer en Canaan. C’est, dit Étienne aux Juifs, “le pays où vous habitez maintenant” : un rappel de la source de leurs bénédictions, puisque le Dieu de gloire et de grâce leur avait donné ce pays.
Abraham avait obéi, par la foi, à l’appel du Dieu de gloireHébreux 11. 8, 9. Entré en Canaan, il demeure sous des tentes : le lieu même où il pose son pied ne lui appartient pas. Mais Dieu promet de lui donner ce pays, et à sa descendance, en possession perpétuelleGenèse 17. 8, alors qu’il n’a pas d’enfant. La foi d’Abraham reçoit cette promesse et va au-delà de son accomplissement terrestre. Il attend “la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur” Hébreux 11. 10, 16, une cité et une patrie célestes. À ces hommes attachés à leurs privilèges terrestres, Étienne présente Abraham qui n’avait rien possédé de ce pays, sauf un tombeau, mais dont la foi entrevoyait le ciel. Avons-nous, comme Abraham, cette “vision céleste” qui laisse les choses de la terre à leur place et rend capable d’obéir à la volonté de Dieu ?
Le Dieu de gloire, qui fait des promesses à Abraham, lui parle aussi de leur accomplissement. Dans les voies de Dieu, il y aura un temps d’épreuve de quatre cents ans, avant que ce qu’il a promis puisse s’accomplir. Le but de Dieu est que son peuple, esclave dans une terre étrangère, en sorte pour le servir (litt. : lui rendre culte) Exode 19. 4-6, comme Abraham était sorti, à l’appel de Dieu, d’Ur des Chaldéens. Quelle leçon pour les auditeurs d’Étienne : dès le début de leur histoire, Dieu était intervenu, par pure grâce, pour accomplir ses promesses à leur égard !
Quant à la
Étienne insiste sur le fait que tout dépend de Dieu : l’homme doit simplement recevoir par la foi ce qu’il donne. Or, qu’avaient-ils fait des promesses de Dieu ?
L’histoire de Joseph inaugure le récit de l’opposition des fils d’Israël à Dieu, dès le commencement de leur histoire. C’est le grand sujet que le Saint Esprit veut placer devant les Juifs par la bouche d’Étienne (versets 51-53). Joseph, le fils bien-aimé de Jacob, raconte à ses frères les songes qu’il a faits et qui le désignent comme celui qui doit régner. Mais les promesses faites à Abraham sont bien loin de leurs pensées, et ils ne sont pas dans l’état moral nécessaire pour hériter de la terre de Canaan : la douceur leur fait grandement défautMatthieu 5. 5. Remplis d’envie contre Joseph, ils le vendent aux IsmaélitesGenèse 37. 27, 28. Ainsi Jésus, le Fils unique du Père, le Messie promis à Israël est venu vers les siens qui l’ont rejeté et livré par jalousie aux nationsMatthieu 27. 18. L’histoire de Joseph est une remarquable illustration des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient1 Pierre 1. 11. Dieu était avec Joseph, comme avec Jésus de Nazareth (10. 38). Établi gouverneur sur l’Égypte, Joseph annonçait de manière admirable celui que Dieu a fait Seigneur et Christ : couronné de gloire et d’honneur, Jésus attend jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses piedsHébreux 10. 12, 13. Comme Joseph a été reconnu par ses frères après un long temps de famine et d’épreuves, ainsi le Rédempteur d’Israël sera reconnu par son peuple aux derniers jours. L’histoire se termine par la mention des sépultures en Canaan, assurance certaine que le pays serait un jour la possession de ce peuple sous la domination du MessieHébreux 11. 9, 13, 22. Les cohéritiers avaient demeuré sous des tentes, ne possédant rien de ce pays, sinon un sépulcre, dans l’attente du jour de l’accomplissement des promesses faites à Abraham. Quand donc seront-elles accomplies ?