À peine Satan a-t-il été repoussé comme serpent (la ruse) qu’il prend le caractère de lion (la violence). Il semble avoir triomphé en faisant mettre Paul et Silas en prison. Pas du tout ! La volonté de Dieu était de sauver le geôlier.
Souffrant beaucoup, Paul et Silas s’oublient eux-mêmes et chantent les louanges de Dieu. Qu’ils aient eu la force de prier, nous pourrions encore le comprendre. Mais ils chantent ! La présence du Seigneur transforme une prison en la porte même du ciel. Le Seigneur n’a-t-il pas dit : “Vous êtes bienheureux quand on vous injuriera, et qu’on vous persécutera, et qu’on dira, en mentant, toute espèce de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux” Matthieu 5. 11, 12. En exhortant plus tard les Philippiens à se réjouir toujours dans le SeigneurPhilippiens 4. 4, Paul en donne ici avec Silas un exemple frappant. Sommes-nous aussi prêts qu’eux à accepter les tribulations dans le service du Seigneur ? Sommes-nous préparés aux épreuves ? La persécution peut survenir soudainement et il est souvent trop tard pour s’y préparer.
Au milieu de la nuit, Paul et Silas chantent, si bien que les prisonniers entendent le nom de Jésus et le message de l’évangile. Ils savent que leur travail n’est pas vain dans le Seigneur1 Corinthiens 15. 58 ; Philippiens 2. 16. Dieu ne reste jamais passif. Il permet un tremblement de terre qui fait trembler les murs de la prison et les cœurs des prisonniers, comme celui du geôlier ! Paul ne cherche pas à s’enfuir. Les exigences de la vérité l’avaient conduit en prison. La grâce le fait rester là.
On peut supposer que le tremblement de terre causa des dommages considérables dans la ville et peut-être même qu’il occasionna des morts. Mais les croyants furent préservés (verset 40). On ne supplicie pas impunément les serviteurs de Dieu.
Quand tout s’écroule autour d’une âme, c’est à ce moment-là que le cœur s’ouvre le plus facilement à l’évangile. Selon la loi romaine, un geôlier devait subir la peine de ceux qu’il laissait échapper. Pour éviter le déshonneur devant les autorités de la ville, mais aussi poussé par Satan, l’ennemi de son âme, le geôlier veut se tuer. Discernant son intention, Paul le rassure. Le fait que les liens des prisonniers sont détachés est déjà un miracle en soi, mais un plus grand miracle est que personne ne s’enfuie et que chacun soit vivant. Dieu n’est pas injuste : les prisonniers n’avaient participé en aucune manière à la persécution de Paul et de Silas. Mais Dieu ne pouvait permettre qu’ils échappent à la justice en s’enfuyant. Un troisième miracle se produit alors. Le geôlier réalise que tout ce qui se passe doit être lié à la présence de ces deux prisonniers exceptionnels (est-il le Macédonien de la vision ?). Il les mène dehors car le reste de la prison menace certainement de s’effondrer. Tout tremblant, parce qu’il a pris pour des malfaiteurs des envoyés du ciel, il se jette à leurs pieds et dit : “Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?” Aujourd’hui encore, la réponse reste la même : “Crois au Seigneur Jésus”. Le Seigneur répond toujours tout de suite à une telle prière.
Il est vraisemblable que le geôlier avait entendu parler du nom de Jésus car l’évangile avait été annoncé pendant plusieurs jours à Philippes. Paul et Silas insistent maintenant sur la seigneurie de Jésus Christ et c’est la parole du Seigneur qu’ils annoncent au geôlier et à tous ceux de sa maison. Cette parole est acceptée. Ils sont sauvés. Nous en avons trois preuves. Tout d’abord, le geôlier et les siens sont identifiés avec Jésus Christ dans sa mort par le baptême mais remarquons qu’entre la foi et le baptême Paul et Silas les enseignent car il faut savoir ce que l’on croit. Ensuite le geôlier s’occupe avec compassion de Paul et de Silas en les soignant et en les alimentant. Il ne pouvait les libérer mais il faisait ce qui était en son pouvoir. Lavé de ses péchés, il lave leurs plaies. Désobéissant ainsi aux devoirs de sa fonction, il ne craint plus les autorités. Enfin, la troisième preuve est apportée par la joie qui règne dans la maison. Le récit commence par la louange dans la nuitPsaume 119. 62 ; Job 35. 10, il s’achève dans la joie au petit matin.
La réponse de Paul ne s’arrête pas à “Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé”. Il ajoute “toi et ta maison”. Et chacun des versets suivants insiste sur les conséquences bénies de la foi du chef de la maison pour la maison tout entière : ceux qui s’y trouvent entendent la parole du Seigneur, sont baptisés et se réjouissent avec le geôlier. Aucune indication n’est donnée sur ceux qui composaient cette maison, pas plus que celle de Lydie. Ce que l’Esprit de Dieu souligne dans les deux cas, c’est que la foi de celui ou de celle qui est le chef de maison a des conséquences bénies pour tous ceux qui font partie de son entourage immédiat.
Le lendemain, les autorités de la ville veulent simplement relâcher les deux prisonniers pour qu’ils quittent la ville incognito. Elles n’osent se présenter elles-mêmes et délèguent les huissiers. Paul refuse d’obtempérer, non par orgueil ou par esprit de vengeance, mais par souci de clarté. Paul avait accepté d’être mis en prison sans faire valoir ses droits. Mais il ne veut pas que les habitants de Philippes se fassent de fausses idées sur les chrétiens et l’assemblée nouvellement constituée. Paul et Silas ne sont pas des repris de justice ou des vagabonds, mais des gens honorables et il faut que les autorités le reconnaissent publiquement et admettent l’injustice. Apprenant qu’ils sont romains, elles prennent peur car la loi romaine interdisait, sous peine de représailles sévères, de soumettre un citoyen romain à la flagellation. Comme il était interdit d’expulser d’une ville romaine les citoyens qui n’avaient commis aucun crime, les prêteurs viennent enfin personnellement prier Paul et Silas de sortir de la ville. Comme chrétiens Paul et Silas sont soumis aux autorités. Mais ils n’obéissent qu’après avoir rendu visite à Lydie et aux frères pour les exhorter.
Paul et Silas partent dignement, laissant aux soins du Seigneur cette assemblée naissante. L’attitude de Paul vis-à-vis des autorités a-t-elle permis un temps de calme relatif à Philippes pour les chrétiens ? Il semble que Paul et Silas laissèrent Luc sur place (le pronom personnel “nous” apparaît à nouveau seulement en Actes 20. 5) pour affermir la petite assemblée qui devint en peu de temps une assemblée prospère, malgré sa diversité.
Le récit des événements qui se passèrent à Philippes illustre combien l’évangile atteint toutes les classes de la société. Une commerçante, une servante, un geôlier et bien d’autres sont convertis. En Christ, “il n’y a ni Juif, ni Grec ; il n’y a ni esclave, ni homme libre” car nous sommes un en LuiGalates 3. 28