On a souvent remarqué que les chapitres 8 à 10 du livre des Actes rapportent la conversion de trois hommes représentant les seuls continents connus à l’époque. Au chapitre 8, un Africain est sauvé ; au chapitre 10, un Européen (un Romain). Entre les deux récits, Saul, un Juif né en Asie, est terrassé par Jésus Christ. L’Éthiopien et le Romain cherchaient la vérité. Saul est différent. Comme Juif, il pensait la détenir. Il est pourtant le plus grand pécheur des trois1 Timothée 1. 15. Les deux premiers ont été amenés à la connaissance de Jésus par des serviteurs de Dieu. Par contre, le Seigneur s’est révélé à Saul sans aucune intervention humaine.
Qui est donc ce Saul ? Il est né à Tarse en Cilicie. Issu d’une famille juive importante, il est citoyen romain et étroitement associé au sanhédrin (26. 10). Instruit aux pieds du rabbin Gamaliel, il vit en Pharisien selon la secte la plus exacte du judaïsme (26. 5). Aux yeux des hommes, Saul est le type même du Juif exemplairePhilippiens 3. 5, 6. Pourtant il porte en son cœur une haine terrible contre les chrétiens et sa logique de fanatique le pousse à vouloir les éliminer comme service rendu à Dieu.
La rencontre de Saul avec le Seigneur est si importante qu’elle est rapportée à trois reprises dans le livre des Actes : une fois par Luc, deux fois par Paul qui donne son témoignage personnel. Ce que Paul est, ce qu’il fait, ce qu’il croit, ce qu’il écrit, tout porte la marque indélébile de cette rencontre.
Bien que témoin silencieux quand Étienne est lapidé, Saul consent à sa mort (8. 1). Non satisfait de sa froide haine, il commence à ravager l’Assemblée (8. 3). Chacune de ces étapes semble rendre sa conversion plus difficile. Il veut faire plier les chrétiens mais c’est le Seigneur qui va le soumettre à sa sainte volonté.
Saul vit de sa haine et pour sa haine. Muni de lettres officielles lui donnant plein pouvoir sur les Juifs qui sont de
La persécution a sans doute poussé des disciples de Jérusalem à s’enfuir à l’étranger. Vraisemblablement, Saul pense que s’il extirpe les chrétiens de Damas, le christianisme ne pourra pas se propager facilement ailleurs.
Dans son aveuglement, Saul est un type de la condition morale et spirituelle de son propre peuple. N’ayant pas la foi, il agit dans l’ignorance1 Timothée 1. 13. Il se croit un homme libre, mais en fait, il n’est que le prisonnier de sa haine et l’esclave de ses préjugés. Comment un tel homme pourrait-il être transformé en apôtre de la grâce ?
La conversion de Saul est un très grand miracle et la preuve même de la réalité de la puissance de transformation de Jésus Christ.
La route qui relie Jérusalem à Damas est longue de plus de 300 kilomètres. Le voyage prenait une semaine à pied. En la parcourant, on peut penser que Saul n’a pas pu oublier le visage rayonnant d’Étienne.
Tout à coup une lumière brille du ciel comme un éclair. L’âme de Saul, jusque-là dans les ténèbres, est soudainement baignée dans une lumière plus éclatante que celle du soleil. Terrassé, cet homme orgueilleux entend Jésus lui parler : “Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu” ?
Que de grandes vérités résumées dans les quelques paroles qu’il entend ! Tout est signe et symbole dans ce récit et son nom doublement répété ajoute à la solennité du moment. Pas de doute, ce Jésus qu’il croyait être un imposteur mort à Jérusalem est un Seigneur vivant. “Qui es-tu Seigneur ?” demande-t-il. “Je suis Jésus que tu persécutes” ! L’ignorance de Saul au sujet de la véritable nature de la personne de Jésus est anéantie par la réponse divine1 Timothée 1. 13. Il réalise que sa haine des chrétiens est en fait dirigée contre ce Jésus. Et ses disciples sur la terre font tous partie de son corps. Cette révélation est pour Saul aussi stupéfiante qu’inattendue.
Encore aujourd’hui, celui qui persécute les chrétiens, persécute Jésus. Si nous touchons à l’un de ses disciples, c’est le Seigneur que nous blessons mais si nous tendons un verre d’eau à l’un d’entre eux, c’est le Seigneur que nous rafraîchissonsMatthieu 25. 42-45.
La rencontre du Seigneur avec Saul opère une conversion soudaine dans une soumission totale à la volonté divine. Il comprend qu’en luttant contre les disciples, il s’oppose, non à des hommes, mais à Dieu. Quand il tombe à terre, c’est tout un système de pensée et de conduite qui s’écroule. Dans cette situation désespérée, Jésus peut alors lui dire : “Lève-toi” ! Le départ dans la vie nouvelle l’attend.
Toute conversion est individuelle et toute révélation personnelle. Les compagnons de Saul, témoins de l’événement, entendent bien le son de la voix mais ne saisissent aucune parole distincte. Ils voient la lumière, mais ne distinguent personne. Dieu fait parfois soudainement irruption dans une vie, comme dans celle de Saul. D’autres fois, la conversion est une expérience plus progressive.
Saul obéit et se rend à Damas. Aveuglé, il est conduit par la main. Jusqu’à présent il a mené sa vie comme sa volonté le lui dictait. Il est maintenant entièrement dépendant d’un autre. Il ne peut voir personne, sauf Jésus. Le Seigneur l’a rencontré en terre étrangère. Désormais, sa nationalité n’a plus d’importance car il est membre du corps de Christ et attaché à un Seigneur glorifié. Changé physiquement, moralement et spirituellement, Saul connaît un bouleversement total. Il reste trois jours dans le jeûne absolu, les ténèbres et une totale impuissance. Dieu l’isole pour qu’il soit seul avec lui-même. Qui pourra dire ce qui s’est passé dans son âme pendant ces trois jours ? Quand Dieu laboure une âme, Il a toujours en vue une récolte précieuseJacques 5. 7. Et la moisson est d’autant plus abondante que le labour est profond.