L’Éternel utilise des serviteurs de Naaman. Déjà au chapitre 3, un serviteur a conduit les rois vers Élisée. Ici, une jeune servante indique le remède (verset 3). Maintenant, ce sont les serviteurs de Naaman qui interviennent auprès de leur maître. Dieu se glorifie dans ceux qui sont humbles et qui savent obéir.
Sept fois : c’est l’épreuve de la foi, comme à Jéricho, où rien ne s’est passé jusqu’au septième tour du septième jourJosué 6. 15, 16. Seule la foi compte sur Dieu jusqu’au bout alors que la chair se décourage avant1 Samuel 10. 8 ; 13. 8-11.
Naaman se plonge dans le Jourdain. Son orgueil, sa vaillance, sa position de chef, tout est brisé. Celui qui ordinairement commande, obéit à la parole du prophète.
Le Jourdain sépare la Syrie du pays d’Israël. La mort de Christ est la ligne de démarcation entre le monde et le peuple de Dieu, appelé, dès à présent, à vivre des choses célestes.
Pour le monde, l’attitude de Naaman est une folie1 Corinthiens 1. 18.
Sa chair redevient comme celle d’un jeune garçon. Celui qui était, au début du chapitre, un grand homme pour le monde devient semblable à un jeune garçon (verset 14). Quand Dieu intervient en bien, il dépasse tout ce qu’on avait pu espérer. Ici, non seulement il guérit mais il opère un rajeunissementJob 33. 25. Il vient de naître à la vie de Dieu, c’est un enfant spirituel.
Le voilà qui revient. Nous trouvons la même attitude de reconnaissance chez le lépreux samaritainLuc 17. 15. Plus question de l’affront qu’Élisée lui aurait fait. Il voulait qu’Élisée se tienne devant lui (verset 11), et c’est lui maintenant qui se tient devant le prophète.
“Je sais” (verset 15) : ce sont les premiers mots qu’il prononce. La foi nourrit le croyant de certitudes et révèle Dieu à son âme.
Avant sa guérison, il voulait donner pour obtenir (la guérison) ; c’est la tendance légaliste et religieuse de l’homme dans la chair. Maintenant il veut donner parce qu’il a reçu. C’est la reconnaissance du nouvel homme.
Mais Élisée n’est pas vénal, pas plus que DanielDaniel 5. 17 ou AbrahamGenèse 14. 22. Il ne veut en rien altérer le sentiment de la grâce dans le cœur du jeune converti. Accepter un cadeau serait falsifier la grâce. La reconnaissance de Naaman doit aller à l’Éternel, et non pas à l’instrument qu’il a bien voulu employer1.
Naaman est un croyant qui apprend vite. Personne n’a besoin de lui expliquer que la vie de Dieu qu’il a reçue, implique la séparation des idoles. Naaman désire emporter de la terre d’Israël. Lui qui prônait la qualité des rivières de Damas (verset 12) sait maintenant qu’il ne trouvera rien dans son pays pour sa foi naissante. Il désire emporter de la terre d’Israël, juste de quoi ériger un autel et y établir le culte du vrai Dieu. Se prosterner avec le roi de Syrie dans la maison de Rimmon lui pose aussi un problème de conscience.
La réponse d’Élisée est remarquable : “Va en paix” (verset 19). Cela ne signifie pas qu’Élisée approuve le fait de se prosterner dans la maison de l’idole. Mais le prophète ne se pose pas en directeur de conscience. Il mesure que Naaman n’a pas affaire à lui, mais à l’Éternel. Celui qui produit, dans ce Syrien, ces questions de conscience saura aussi le conduire. Une séparation imposée par Élisée, sans que la foi de Naaman soit exercée, n’aurait pas été à la gloire de l’Éternel. Pourquoi le mettre sous une loi et lui faire prendre une position qui ne serait peut-être pas en rapport avec sa foi naissante ?
La suite du récit confirme que lorsque Dieu travaille, Satan ne reste pas inactif. Guéhazi représente un homme dans la chair, étranger à la grâce. Voilà où peut conduire la cupidité1 Timothée 6. 9, 10. Il soutire à Naaman deux talents d’argent, c’est-à-dire plus de 85 kg de ce métal. Bien que Guéhazi ait vécu dans la proximité d’Élisée, il est resté étranger à la vie de Dieu. Il ressemble à Judas qui, plus tard, restera imperméable à la grâce, dont il aura été si longtemps le témoin. Une position religieuse privilégiée ne met personne à l’abri d’un péché grave. Si nous admettons dans nos cœurs une convoitise non jugée, nous sommes prêts à succomber à la tentation quand elle se présentera. Guéhazi est tellement sous l’emprise de la convoitise et de la cupidité qu’il en oublie la capacité de son maître à discerner le mobile qui conduit les hommes.
L’état de Guéhazi n’est guère brillant ; pourtant le plus grave réside dans le risque que sa démarche soit une occasion de chute pour le jeune converti. Tout ce qui pouvait altérer le sentiment de la grâce qui l’avait délivré de sa lèpre, risquait de nuire à son âmeLuc 17. 2.
“L’Éternel est vivant” (verset 20). Guéhazi emploie la même expression pour s’approprier des richesses, que son maître pour les refuser (verset 16). Combien de telles paroles sonnent faux dans la bouche de Guéhazi !
Dans un état aussi détestable, il ne craint pas de parler de l’Éternel. Nous trouvons cette même expression dans la bouche de David dans une circonstance encore plus affligeante2 Samuel 12. 5. Nous sommes toujours en danger de parler de Dieu sans Dieu, c’est-à-dire sans que nos cœurs et nos consciences soient engagés dans ce que nous disons.
Le premier amour rend libéral ; Naaman donne au-delà de ce que Guéhazi lui demande.
“D’où viens-tu, Guéhazi ?” (verset 25). Dans le livre de Job, l’Éternel pose à Satan la même questionJob. 1. 7 ; 2. 2.
Un péché en amène d’autres ; Guéhazi ment à Élisée : “Ton serviteur n’est allé nulle part” (verset 25). Il oublie que “toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire” Hébreux 4. 13.
“Mon cœur n’est-il pas allé…” (verset 26). Élisée se sent lié à ce Syrien par l’affection qui unit ceux qui partagent la même foi. Combien le danger que représente la demande de Guéhazi étreint son cœur ! Sans doute a-t-il intercédé pour Naaman.
“Est-ce le temps de prendre ?” (verset 26). Comment Guéhazi peut-il s’attacher à des biens matériels alors que la ruine et le jugement sont à la porte ?
Dieu met en évidence le péché qu’il a cherché à dissimuler. La lèpre s’attache à lui et à sa descendance. En s’emparant des richesses de Naaman, il hérite aussi de sa maladie, la lèpre. La souillure de la chair qui s’attachait à l’homme idolâtre qui ne connaît pas Dieu, est celle dont l’Éternel charge le serviteur infidèle. Le péché n’est pas moins grave parce que celui qui le commet appartient au peuple de Dieu. Au contraire, il est pire, car appartenir au peuple de Dieu rend plus responsable. Une lèpre généralisée l’atteint et touchera aussi sa descendance. Ananias et Sapphira agissent selon les mêmes mobiles que Guéhazi (la cupidité) ; ils mentent et sont jugés de façon impressionnanteActes 5. 1-11.
Guéhazi sort de la présence d’Élisée, comme Caïn était sorti de la présence de l’ÉternelGenèse 4. 16, comme Satan de la présence de DieuJob 1. 12 ; 2. 7, ou encore comme Judas sortira de la présence du SeigneurJean 13. 30.
Guéhazi est une image du peuple d’Israël infidèle. Extérieurement près de l’Éternel, il est moralement entièrement éloigné de lui. Les nations, dont Naaman est le type, sont délivrées, et Israël, jugé.