Paul répond manifestement ici à une question des Corinthiens concernant le fait de “manger des choses sacrifiées aux idoles” (verset 1). Si nous ne sommes plus de nos jours confrontés à ce problème précis, les enseignements de ce paragraphe sont néanmoins utiles.
L’apôtre met tout d’abord en garde les Corinthiens contre une connaissance purement intellectuelle, dont, à l’évidence, ils se vantaient. La connaissance des pensées de Dieu – car c’est bien de cela qu’il est question ici – entre d’abord par l’intelligence humaine et se grave dans la mémoire. Mais pour que le croyant puisse croître dans la vie de la foi, il faut que cette connaissance s’applique à son cœur et à sa conscience. Si elle reste une affaire d’intelligence, elle n’est rien mais alimente un sentiment d’orgueil et de supériorité vis-à-vis de chrétiens jugés moins instruits.
En revanche, la vraie connaissance de Dieu et de sa volonté nous conduira à aider et à servir les autres avec affection. Le chrétien imbu de sa propre connaissance n’a pas encore atteint la vraie connaissance. Cependant, plus il connaît Dieu et plus il l’aime, plus il se plaît à se tenir dans sa lumière, étant connu par lui. Cette prise de conscience échappait aux Corinthiens, car la seule connaissance intellectuelle ne conduit pas dans la lumière de Dieu.
L’apôtre aborde alors la question posée par les Corinthiens. Ils savaient comme lui qu’une idole n’est jamais autre chose qu’une matière inerte et qu’il n’y a qu’un seul vrai Dieu1 Thessaloniciens 1. 9. Si aux yeux des païens il y en a qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, les croyants savent qu’il existe un seul vrai Dieu, le Père qui est à l’origine de toutes choses, et un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils de Dieu, par qui l’ancienne et la nouvelle création ont été appelées à l’existence. De ce point de vue, il serait inutile que le croyant se préoccupe de savoir si la viande qu’il mange provient ou non d’un sacrifice fait à une idole. Mais tous les croyants à Corinthe n’étaient pas au clair à ce sujet :
Toutefois, manger ou ne pas manger certains aliments ne nous recommande pas à Dieu (verset 8). Celui qui, aidé par sa connaissance, se sentait libre de manger de la viande sacrifiée aux idoles, n’avait pas plus de droit à l’approbation de Dieu que celui qui n’en mangeait pas.
Les enfants de Dieu doivent avoir égard l’un à l’autre et ne pas se scandaliser mutuellement. Manifestement, les Corinthiens ne respectaient pas cette règle. Certains se rendaient même dans des temples pour manger de la viande sacrifiée aux idoles (verset 10). Un frère faible, qui considérait cela comme un péché, pouvait alors être incité à faire ce que sa conscience lui interdisait. Ainsi, la connaissance sans amour conduit à agir de façon irresponsable envers celui qui est faible. Ce dernier est alors enclin à agir de façon coupable à ses yeux, et peut “périr” (verset 11).
Un enfant de Dieu ne peut pas perdre son salut ; il s’agit ici du côté de la responsabilité de celui dont la conduite entraîne des croyants spirituellement faibles à pécher. Celui qui mélange du poison aux aliments des autres, se rend coupable, même si cela n’entraîne pas la mort.
Le commandement donné dans le livre des Actes de s’abstenir des choses sacrifiées aux idolesActes 15. 20, 29 n’est pas discuté ici. Paul ne remonte pas non plus à l’origine de ce commandement, à savoir que les démons se tiennent cachés derrière les idoles (10. 19-22). Les Corinthiens manquaient d’amour fraternel, et Paul s’applique plutôt ici, conduit par le Saint Esprit, à atteindre leur cœur et leur conscience et à les rendre attentifs à leur responsabilité vis-à-vis de leurs frères. Pour cette raison il ne répond pas à leur question en citant ou en justifiant un commandement valable pour tous les chrétiens, mais il envisage les scrupules d’un frère faible en rapport avec la nourriture quotidienne.
Les Corinthiens, convaincus d’être riches en connaissance, toisaient ces frères et sœurs faibles d’un regard méprisant. Ils oubliaient que le Seigneur Jésus a aussi laissé sa vie pour eux. Ces âmes n’avaient-elles pas pour le Seigneur Jésus une valeur infinie ? Chacun d’eux était “le frère pour lequel Christ est mort” (verset 11).
Pousser un frère (par notre exemple) à faire violence à sa propre conscience sous le prétexte de liberté peut en pratique l’éloigner de Christ, qui est mort pour lui, et ruiner sa vie chrétienne dans ce monde. Celui qui entraîne quelqu’un à pécher, pèche lui-même. Dans ce cas particulier, le péché est la blessure infligée à la conscience du frère (verset 12). Mais celui qui pèche contre son frère, pèche également contre son Seigneur.
Pour persuader les Corinthiens qui voulaient user de leur prétendue liberté sans égards pour leurs frères et sœurs, Paul se présente lui-même au dernier verset de ce chapitre comme un modèle. Il démontre ainsi par son exemple qu’un croyant doit chercher à ne pas être une occasion de chute pour son frère, même dans des choses apparemment secondaires.
Les instructions importantes de ce chapitre sont à rapprocher de celles de l’épître aux Romains (chapitre 14), qui se terminent par le modèle que Christ demeure en toutes choses et pour chacun de nous : “Le Christ n’a point cherché à plaire à lui-même” Romains 15. 3.