Située sur un isthme entre le nord de la Grèce et le Péloponnèse, Corinthe, au temps du N.T., était une grande ville commerçante desservie par deux ports renommés : Cenchrée et Léchaion. La situation de cette ville en fit un centre d’affaires, de culture et de philosophie, mais aussi un carrefour de plaisirs, un berceau de corruption, un foyer d’idolâtrie ; l’immoralité des habitants de Corinthe était proverbiale.
C’est au cours de son deuxième voyage missionnaire (environ 51-54 après J-C) 1, que Paul s’est rendu pour la première fois à Corinthe, où il est resté 18 mois, car “le Seigneur avait un grand peuple dans cette ville” Actes 18. 10, 11. Comme à l’accoutumée, il annonça d’abord l’évangile aux Juifs, puis aux païens. L’assemblée formée dans cette ville, composée de Juifs et de Grecs, était doublement exposée aux influences du monde : par l’origine païenne de plusieurs (6. 9-11), et par le contact permanent avec un entourage corrompu.
L’épître nous apprend que la licence des mœurs avait pénétré dans l’assemblée (5. 1 ; 6. 15-18). Certains croyants ne voyaient aucun mal à manger des choses sacrifiées aux idoles (8. 10, 23-31), voire à entrer dans un temple d’idoles (10. 14-22). D’autres problèmes apparaissaient aussi : écoles de pensée, divisions (1. 11 ; 3. 4 ; 11. 18), procès devant les tribunaux humains (6. 1-8), désordre durant les réunions (11. 20-34 ; 14. 33), rejet de la doctrine de la résurrection (15. 12, 35). Enfin, quelques-uns à Corinthe mettaient en doute l’autorité apostolique de Paul (chapitre 9).
Paul se présente comme l’auteur de l’épître (1. 1 ; 16. 21) ; il précise qu’il avait amené les Corinthiens à la foi (4. 15). En dehors des faits déjà mentionnés, Paul avait, durant les trois années passées à Éphèse, pris connaissance d’autres détails concernant l’assemblée à Corinthe. C’est ainsi qu’il avait appris les dissensions par des personnes de chez Chloé (1. 11) ; les Corinthiens eux-mêmes lui avaient adressé un certain nombre de questions par écrit (7. 1 ; 8. 1 ; 12. 1 ; 16. 1). L’apôtre est conduit à répondre à cette lettre que Fortunat et Stéphanas lui ont peut-être apportée.
C’est vers la fin de son séjour à Éphèse (16. 8), probablement en l’an 57, que Paul, sous la direction du Saint Esprit, écrivit cette lettre sérieuse, le cœur serré. En s’appuyant sur une remarque de l’apôtre (5. 9), certains ont supposé qu’il y avait eu d’autres lettres ou visites de sa part. Rien ne permet de l’affirmer avec certitude. Lorsque Paul écrivit la première lettre, il forma le projet de visiter les Corinthiens une seconde fois (4. 19 ; 11. 34 ; 16. 5 et suivants). Sachant qu’une telle visite aurait conduit à une confrontation, compte tenu de l’état affligeant des Corinthiens, il y renonça pour les épargner2 Corinthiens 1. 15, 23 ; 2. 1 et envoya plutôt Tite. Au retour de celui-ci2 Corinthiens 2. 13, il écrivit la seconde épître, où il dit, à plusieurs reprises, la tristesse qu’il avait éprouvée en écrivant la première lettre (2. 4 ; 7. 8). Lorsqu’il évoque “la troisième fois” 2 Corinthiens 12. 14 ; 13. 1, il veut suggérer sa troisième intention de venir vers eux, car il s’agirait seulement de la deuxième visite effective. Selon le récit des ActesActes 20. 2, cette visite a eu lieu durant son séjour de trois mois en Grèce. C’est enfin de Corinthe que Paul envoya l’épître aux Romains, où il mentionne Phœbé, servante de l’assemblée qui est à Cenchrée, ainsi que son hôte, Gaïus (1. 14) Romains 16. 1, 23.
Les deux épîtres aux Corinthiens sont les deux seules lettres du N.T. qui aient été adressées à “l’assemblée de Dieu” et, pour la première, à “tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ, et leur seigneur et le nôtre” (1. 2). Cette lettre concerne donc tous ceux qui confessent appartenir au Seigneur, un titre qui revient plus souvent que dans les autres épîtres. La portée universelle de la doctrine de l’apôtre Paul est également soulignée par la mention de l’assemblée ou des assemblées (4. 17 ; 7. 17 ; 11. 16 ; 14. 33 ; 16. 1 ; 16. 19).
La première épître contient des instructions détaillées quant à l’ordre intérieur et la marche collective de l’assemblée de Dieu. Aussi y est-il souvent fait appel à la responsabilité des croyants ; par exemple, au travers de la question, souvent répétée : “Ne savez-vous pas ?” 2
La première partie (chapitres 1-9) de l’épître présente l’assemblée comme un édifice, comme le saint temple de Dieu (3. 9-17). L’ordre divin doit régner dans la maison de Dieu. Voilà pourquoi on y trouve notre responsabilité dans l’édification de l’ouvrage (chapitre 3), ainsi que le sujet de la discipline dans l’assemblée (chapitre 5).
Dans la seconde partie de l’épître (chapitres 10-16), l’assemblée de Dieu est vue comme le corps de Christ (10. 17 ; 12. 12, 13, 27). La pensée centrale est l’unité. Plusieurs membres, des fonctions diverses, mais ces caractères ne sont pas en opposition avec l’unité, ils lui confèrent au contraire un vivant relief.