Cette nouvelle section traite du comportement des frères et sœurs lorsqu’ils sont réunis en assemblée pour se souvenir du Seigneur en célébrant la cène.
L’apôtre ne loue plus les Corinthiens de garder ses ordonnances (versets 2, 17), mais il s’apprête à les blâmer parce qu’un esprit de division, déjà signalé (1. 11), se manifestait parmi eux. Ils se réunissaient pour leur détriment, alors que le but des réunions est pour le profit de chacun, là où le Seigneur se trouve et où s’exercent les dons de l’Esprit.
Mais si la chair1 se manifeste au milieu de l’assemblée, non seulement la réunion n’est plus profitable, mais en plus on attire un jugement sur soi-même. Le sujet est développé plus loin, en rapport avec la cène (verset 29). Les Corinthiens se retrouvaient encore ensemble, mais au lieu de manifester l’unité et la communion fraternelle, ils laissaient se développer parmi eux des dissensions et un esprit de parti dont les effets désastreux perturbaient gravement la bénédiction promise à ceux qui se réunissent en assemblée. Le respect de la présence du Seigneur était oublié. Lorsque des croyants se laissent dominer par leurs passions ou leurs convoitises, l’opinion de l’homme risque de passer avant la pensée de Dieu. C’est ainsi que surgissent les sectes (“hérésies” ou “écoles d’opinions”), puis les divisions quand des erreurs dogmatiques sont introduites. Ce sont “des œuvres de la chair” Galates 5. 19, 20.
La communion ne pouvant être établie sur ce principe, les sectes deviennent nécessaires pour que soit manifestée la différence entre ceux qui sont approuvés de Dieu et ceux qui le sont des hommes. Les premiers s’attachent de tout leur cœur au Seigneur et à sa Parole ; les autres cherchent plutôt l’approbation des hommes, même au prix de divisions entre les saints (verset 19).
Avant d’aller à la croix, le Seigneur Jésus a désiré laisser à ses disciples un souvenir de sa mort. Pour cela il a institué un repas, la cène.
A la suite d’une révélation particulière à ce sujet (verset 23), l’apôtre Paul nous révèle que les chrétiens sont aussi invités à la célébrer. Les premiers croyants avaient sans doute pris l’habitude de se souvenir de la mort de leur Seigneur chaque fois qu’ils se rencontraient. La cène se célébrait en général à la fin d’une agape, repas d’amour pris ensemble dans la communion fraternelleActes 2. 46. Mais bien vite, notamment à Corinthe, cet usage avait dégénéré sous l’influence de l’esprit de parti : d’un côté les riches se livraient souvent à des excès, et de l’autre côté les pauvres avaient faim (versets 21, 22). Paul, à l’occasion de cette situation de désordre outrageant, nous enseigne le sérieux de la célébration de la cène, que la répétition hebdomadaire ne doit pas faire oublier.
Cène veut dire repas du soir. Elle a été instituée à l’occasion du repas de la PâqueMatthieu 26. 17, 20. Le Seigneur Jésus, au moment de cette dernière Pâque mangée avec ses disciples, prend le pain et la coupe, pour leur donner une signification entièrement spirituelle. Le pain ne peut être mangé et la coupe ne peut être bue que dans un lieu spirituel (à l’autel de la communion en Christ, selon l’enseignement du chapitre 10).
La cène est donc un repas frugal composé de pain et de vin (fruit de la vigne) qu’on pouvait trouver dans toutes les maisons, même les plus pauvres. C’est d’ailleurs le repas de consolation que les Juifs avaient coutume d’offrir à l’occasion du deuil d’un être cherJérémie 16. 7. C’est aussi ce qu’a fait Jésus, lorsqu’il a partagé le pain avec ses deux disciples d’Emmaüs pour consoler leur cœur affligéLuc 24. 30. Quand nous prenons la cène, nous ne veillons pas un mort, mais nous nous souvenons de la mort de celui qui en est sorti victorieux et qui est vivant aux siècles des siècles :
La première alliance, entre Dieu et son peuple, comme la seconde, ont été scellées par l’aspersion du sang d’une victime offerteExode 24. 3-8. Dans la première, la relation entre Dieu et l’homme était fondée sur l’obéissance. Mais comme l’homme n’a pas pu respecter son engagement, l’alliance a été rompue et Dieu n’a pu bénir. Dans la nouvelle alliance, Dieu peut s’engager seul en faveur d’IsraëlHébreux 8. 6-13, car Christ, par le sang versé à la croix devient médiateur de cette nouvelle alliance. Ce sang est également la seule base de notre nouvelle relation avec Dieu qui nous ouvre dès maintenant les bénédictions de la nouvelle alliance : nos transgressions sont ôtées et Christ est inscrit dans nos cœursJérémie 31. 31-34 ; 2 Corinthiens 3. 2-9. Ces bénédictions étaient à l’origine pour Israël, mais il en jouira dans un temps futurMatthieu 26. 29.
La cène du Seigneur a été instituée “la nuit qu’il fut livré”.
L’Esprit de Dieu rappelle la longue nuit de souffrances du Seigneur Jésus à ceux qui participent à ce repas, afin que leur cœur brûle pour lui. Cette nuit-làMatthieu 26. 20-75 fut une succession d’épreuves, où la haine de ceux qu’il venait sauver était arrivée à son comble, où dans le jardin de Gethsémané il fut “saisi de tristesse jusqu’à la mort” en entrevoyant l’horreur de la croix où il serait abandonné de Dieu, symbolisée par la coupe que le Père lui présentait.
Pendant cette nuit-là, Judas, l’un des douze, l’a livré pour trente pièces d’argent ; tous les disciples l’ont abandonné ; Pierre l’a renié ; Il a été frappé, puis condamné à mort par un tribunal d’hommes iniques. Mais c’est aussi pendant cette même nuit, qu’il a promis à ses disciples les ressources divines qui seraient à leur disposition pendant qu’il serait dans le cielJean 13. 13-17.
“Ceci… est pour vous… Faites ceci”. La cène n’est pas réservée à une élite qui aurait acquis quelque mérite à la suite d’une vie, proche de la perfection, dédiée à Dieu. Ce n’est pas davantage une obligation dont le respect nous assurerait quelques grâces divines supplémentaires, ni une garantie pour demeurer fidèles à Dieu le reste de nos jours sur la terre. Encore moins, la cène est-elle un moyen de salut de l’âme.
Participer à la cène est un privilège offert à tous les enfants de Dieu. Conscients de l’amour dont ils sont aimés, ils se sentent intérieurement conduits à répondre au désir du Seigneur et à se souvenir ainsi de lui et de sa mort. C’est une réponse du cœur et des affections à l’amour du Sauveur, fort comme la mortCantique des cantiques 8. 6, 7.