La troisième partie de l’épître aux Corinthiens présente les instructions divines en face des désordres spirituels qui minaient cette assemblée :
Nous ne savons pas comment Paul avait pris connaissance du cas de fornication décrit dans ce chapitre. Dans les Saintes Écritures, la fornication désigne toute relation sexuelle extraconjugale. La Parole tout entière met abondamment en garde contre ce grave péché et ses conséquences. Le cas d’inceste évoqué ici était si inouï que Paul doit souligner qu’il n’était même pas connu parmi les nations.
Il doit aussi reprocher sévèrement aux Corinthiens leur orgueil (4. 6) et déplorer l’absence de tout sentiment d’affliction pour ce qui s’était produit parmi eux. Certes, ils n’avaient pas encore été enseignés quant à l’action à entreprendre en pareil cas. Mais s’ils avaient été en meilleur état spirituel, ils auraient mené deuil à cause du déshonneur jeté sur Dieu ; ils auraient prié, dans l’affliction et l’humiliation, s’attendant aux instructions et à la volonté divines, comme autrefois le peuple d’IsraëlNombres 15. 32-36. Au lieu de cela, ils étaient enflés d’orgueil. Comme nous l’avons déjà remarqué, cela montre combien, occupés d’eux-mêmes et de leur propre gloire, ils avaient complètement perdu de vue la sainteté de Dieu et de son assemblée.
L’apôtre Paul était conscient de la gravité de l’état moral de l’assemblée à Corinthe. C’est pour cela qu’il annonce immédiatement ce que l’assemblée humiliée aurait dû faire : “afin que celui qui a commis cette action fût ôté du milieu de vous”. Avec cette exhortation, Paul établit un principe important pour la vie de l’assemblée de Dieu.
Le croyant individuellement, comme l’assemblée dans son ensemble, n’est pas en droit de tolérer le péché ou de rester impassible à son égard. Dieu a les yeux trop purs pour voir le malHabakuk 1. 13 ; la nouvelle nature que Dieu a donnée au croyant a également en horreur le péché. Comme il n’habite aucun bien dans la chair du croyant, celui-ci doit pratiquer journellement le jugement de lui-même. Le néglige-t-il, un état s’installe qui manifeste un jour ou l’autre le mal non jugé ; Dieu est alors publiquement déshonoré. L’assemblée doit ôter le mal non jugé par cette personne, et en conséquence se séparer de la personne elle-même. Cette manière d’agir paraît sévère à l’homme naturel, et peu charitable. Mais n’oublions pas que si Dieu est amour, il est aussi lumière, et que nous n’avons rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbresÉphésiens 5. 11.
Bien qu’éloigné des Corinthiens – il se trouvait probablement à Éphèse –, Paul était pourtant présent en esprit. Son jugement apostolique, animé par l’amour pour son Seigneur et la sollicitude pour toutes les assemblées2 Corinthiens 11. 28, était déjà arrêté. Ce jugement n’était pas d’ordre général ; Paul n’adressait pas de jugement à l’assemblée entière, mais uniquement à “celui qui a ainsi commis cette action”, et que son autorité apostolique conduisait à livrer à Satan. Ailleurs, l’apôtre emploie la même expression à l’égard d’Hyménée et d’Alexandre1 Timothée 1. 20 ; il ne semble donc pas qu’une assemblée locale, comme telle, ait l’autorité d’agir ainsi.
Par contre, toute assemblée a la charge, conférée par le Seigneur Jésus lui-même, de recevoir et d’exclure de la communion, de lier et de délier (versets 2, 13) Matthieu 18. 18-20 ; 2 Corinthiens 2. 7-10. Elle est réunie au seul nom du Seigneur et ne peut agir qu’en ce nom. Paul se sent si étroitement lié à l’assemblée à Corinthe qu’il se voit déjà assemblé avec eux en esprit pour accomplir l’acte solennel de la discipline, dans la puissance du Seigneur Jésus Christ et en son Nom.
La restauration de la communion avec le Seigneur est un but de l’exclusion. L’assemblée ne peut certes rien faire de plus, dans ce cas, mais Dieu peut ensuite permettre jusqu’à la destruction de la chair. Au jour du Seigneur Jésus il sera clairement démontré que l’esprit de cet homme aurait quand même été sauvé (verset 5).
Les Corinthiens n’étaient pas seulement enflés d’orgueil, mais ils se vantaient, probablement de pouvoir supporter le péché dont il est question. Aussi Paul doit leur rappeler la vérité connue de tous en ce temps-là, “qu’un peu de levain fait lever la pâte tout entière” (verset 6). Cela signifie qu’un péché ne peut jamais être considéré isolément. L’assemblée forme une entité concernée comme telle par le péché. L’accent n’est pas mis ici sur l’action physique du levain, mais sur l’opposition du “peu de levain” et de “la pâte tout entière”. Tout comme le peuple d’Israël devait ôter tout levain de ses maisons avant de célébrer la Pâque et la fête des pains sans levain, les Corinthiens devaient ôter le vieux levain, en jugeant le péché et en expulsant le mal, afin de déclarer pratiquement ce qu’ils étaient selon la pensée de Dieu : “une nouvelle pâte” (verset 7).
En effet, la Pâque en Israël rappelait la délivrance d’ÉgypteExode 12. 1, 2, 8. Mais elle devait être mangée avec des pains sans levain (symbole pour nous de la séparation du mal) et des herbes amères (figure de l’affliction du cœur). C’était la première des sept fêtes à l’ÉternelLévitique 23. 5-8.
Maintenant, le Seigneur Jésus, le vrai agneau pascal, était mort. Aussi les Corinthiens devaient-ils spirituellement célébrer la fête des pains, sans aucun levain. Pour Israël, la fête durait sept jours (une période complète) ; chaque chrétien est invité à marcher dans la sainteté pratique devant Dieu pendant toute sa vie sur la terre.
Le “vieux levain” désigne les choses dans lesquelles les Corinthiens (et tous les croyants) avaient vécu avant leur conversion, le “levain de malice et de méchanceté” représente l’activité de la chair dans le croyant.
Enfin, les “pains sans levain de sincérité et de vérité” évoquent Christ lui-même, la nourriture spirituelle du croyant.