Dans leur lettre à l’apôtre (7. 1), les Corinthiens avaient soulevé plusieurs questions. Après le mariage (chapitre 7), les choses sacrifiées aux idoles (chapitre 8), les manifestations spirituelles (chapitre 12), la quatrième question est relative à la résurrection (chapitre 15), la cinquième et dernière traitant des collectes (chapitre 16) 1.
Certains faux docteurs niaient la résurrection des morts. Les spéculations intellectuelles des rationalistes corinthiens, auxquelles Paul va répondre point par point, étaient extrêmement graves ; elles détruisaient les bases de la foi chrétienne. Ce n’était pas une nouveauté. Déjà au temps du Seigneur, les sadducéens enseignaient cette doctrineMarc 12. 18. Satan revient toujours avec les mêmes sujets, siècle après siècle, et les nouveautés ne sont souvent que des présentations modernes de vieilles erreurs. Aux sadducéens, le Seigneur avait dit : “N’est-ce pas à cause de ceci que vous errez, c’est que vous ne connaissez pas les écritures, ni la puissance de Dieu” Marc 12. 24.
Pour les Corinthiens, Paul revient donc au point de départ, à l’évangile qu’il leur avait prêché et qu’ils avaient vraiment accepté. Cet évangile, dont la source est en Christ, Paul l’avait reçu du Seigneur et le leur communiquaitGalates 1. 11, 12. L’évangile nous sauve. Mais Paul ajoute : “Si vous tenez ferme la parole que je vous ai annoncée, à moins que vous n’ayez cru en vain” (verset 2). Le salut peut-il se perdre ? Non, le Seigneur lui-même l’affirme de multiples foisJean 5. 24 ; 6. 37, 47 ; 10. 27-29. Une vraie réception de l’évangile sera démontrée par la persévérance et la fermeté. Une adhésion superficielle, intellectuelle à ces vérités n’est pas la foi, même si elle peut faire illusion pour un certain temps. Le Seigneur connaît ceux qui sont réellement à lui.
Sur quels points de l’évangile Paul insiste-t-il donc ? Sur la mort et la résurrection de Christ. Il ne parle pas de sa naissance ou de sa vie, ni de ses enseignements ou de ses miracles. Pourquoi ? Parce qu’on peut admirer en Christ l’homme parfait, le considérer comme un des grands penseurs ou bienfaiteurs de l’humanité. Des huissiers ont déclaré : “Jamais homme ne parla comme cet homme !” Jean 7. 46 sans que leur conscience soit engagée. Croire que Jésus est mort pour nos péchés, qu’il est ressuscité pour notre justificationRomains 4. 25 ne peut être que le fruit d’un vrai travail de Dieu dans le cœur.
L’évangile repose sur une série de faits historiques. Trois d’entre eux, fondamentaux, sont rappelés ici : la mort de Christ, son ensevelissement, sa résurrection (versets 3, 4). A l’époque de Paul, au premier siècle, beaucoup de personnes avaient été témoins des deux premiers, publiquement connus, et personne ne les niait. Le troisième n’était connu que des disciples, mais il fut le sujet principal de la prédication et du témoignage des apôtres, comme le livre des Actes le prouve (1. 22 ; 2. 23, 31, 32 ; 3. 15 ; 4. 10, 33). C’était aussi le thème de la prédication de Paul devant les JuifsActes 17. 2, 3, comme devant les nationsActes 17. 31.
L’apôtre apporte une liste impressionnante de témoignages concordants, non complète (car les évangiles en présentent d’autres) au sujet de la résurrection de Christ. Il cite six occasions différentes où le Seigneur a été vu ressuscité, en terminant par lui-même : au total plus de cinq-cent-treize témoins, la plupart encore en vie au moment de la rédaction de l’épître.
La résurrection du Seigneur est donc un fait historique indiscutable, même si l’ennemi emploie toute sa ruse à la nier. Déjà, au matin de la résurrection, les chefs du peuple avaient soudoyé les gardes pour faire croire que ses disciples l’avaient enlevéMatthieu 28. 11-15. Que ces gardes n’aient pas été condamnés d’avoir mal gardé le tombeau était une preuve de ce mensonge. Encore actuellement, certains livres continuent de colporter cette fable ! L’Ennemi ne désarme jamais.
Mais ces témoignages sont-ils suffisants ? Non, ces trois faits réels sont, de plus, l’accomplissement des Écritures. L’évangile proclame des faits qui sont la réalisation des desseins de Dieu annoncés dans la loi, les prophètes et les psaumesLuc 24. 44. Donner une liste complète des passages annonçant la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Christ est impossible : Christ et son œuvre remplissent la Bible. Quand Dieu parle à Satan de la descendance de la femmeGenèse 3. 15, il annonce déjà la mort et la victoire de Christ manifestée dans sa résurrection. Par exemple, les Psaume 22 et 69, Ésaïe 63. 5, 8 parlent de sa mort et de son ensevelissement ; Ésaïe 53. 9, 10 annonce sa résurrection. Les faits rapportés dans les évangiles sont vrais ; ce ne sont pas des fables ingénieusement imaginées2 Pierre 1. 16. Ce qui en fait toute la valeur pour notre salut et notre vie chrétienne, c’est qu’ils sont “selon les Écritures”.
Le matin de la résurrection, quand Jean a vu le tombeau vide, il a été convaincu par les faits. Mais il ne comprenait pas encore les Écritures, que Jésus devait ressusciter d’entre les mortsJean 20. 8-10. Le soir même, le Seigneur va l’enseigner, lui et les autres disciples, en leur donnant l’intelligence des ÉcrituresLuc 24. 44. Après avoir cru, et avoir reçu le Saint EspritLuc 24. 49 ; Actes 1. 8, Jean pourra être un témoin de la mort et de la résurrection du Seigneur et écrire son évangile, puis ses épîtres, pour que nous ayons la vieJean 20. 31.
Après tous, Paul se présente comme un objet de la grâce de Dieu, et comme travaillant à l’œuvre du Seigneur par la même grâce, même s’il s’en juge indigne, car au moment où les apôtres voyaient leur Seigneur ressuscité, lui-même était un persécuteur. Son passé met en relief cette immense grâce. Son dévouement est le fruit de la conscience qu’il en a et tout son service en découle. Quels sont les effets de la grâce de Dieu sur nous, sinon de nous garder dans l’humilité ? “Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis” (verset 10).
Souvent les conséquences d’un faux enseignement vont bien plus loin qu’il n’y paraît au premier abord. Certainement les faux docteurs n’osaient pas dire clairement que Christ n’était pas ressuscité, mais en niant la réalité de la résurrection des morts en général, ils niaient celle de Christ. Car Christ ne peut pas être ressuscité si les morts ne ressuscitent absolument pas.
Méthodiquement, Paul démontre quels sont les résultats logiques d’une telle erreur :
En définitive, l’espérance chrétienne se réduirait donc aux courtes années de la vie sur terre, si tout devait s’arrêter à la mort. Christ ne serait qu’un modèle pour la vie terrestre présente, ce qui n’apporterait que des souffrances supplémentaires, sans aucune compensation future.
Si Christ n’est pas ressuscité, oui en vérité, nous sommes les plus misérables de tous les hommes (verset 19).