Maintenant Paul s’adresse aux hommes ou femmes vierges. Il ne s’appuie pas sur un commandement du Seigneur mais agit en qualité de serviteur que le Seigneur, dans sa grâce, avait estimé fidèle. Il donne ainsi un avis personnel1 aux Corinthiens, lorsqu’il réitère le conseil déjà donné (verset 8), à savoir qu’il est bon de rester célibataire (verset 26). Ici il en ajoute la raison : “le temps est difficile” ; le temps présent où Christ est rejeté est sérieux, le chrétien doit toujours davantage en être conscient.
Paul ne veut cependant en aucun cas discréditer le mariage chrétien ; celui qui est déjà lié à une femme ne doit pas chercher à rompre cet engagement. Mais parallèlement, Paul confirme sa position (verset 26) par ces paroles : “N’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas de femme” (verset 27). Nous rencontrons ici une nouvelle application du principe mentionné plus haut (versets 17-24) : chacun doit demeurer auprès de Dieu dans la condition dans laquelle il se trouvait quand Dieu l’a appelé. Mais si quelqu’un estime devoir se marier, il ne pèche pas non plus. Il y a certes dans chaque union des difficultés et des occasions d’affliction que l’apôtre voudrait épargner aux croyants.
Ce conseil est suivi d’une sérieuse réflexion sur le cadre dans lequel évolue le chrétien dans le temps présent. Ce temps est difficile (ou raccourci) car le Seigneur peut venir d’un instant à l’autre pour prendre les siens auprès de lui. Ce n’est que durant cette courte période que nous pouvons le servir et rendre témoignage dans ce monde à sa grâce et à son amour. Voilà pourquoi notre vie doit avant tout lui être dévouée et ne pas être accaparée par des choses terrestres (même permises de Dieu) comme le mariage. Le mariage ne nous dispense pas de l’obéissance et du service pour le Seigneur Jésus. Des larmes et des joies marquent la vie des croyants, mais leurs causes sont éphémères, et nous ne devons pas nous laisser submerger par elles. Ce que nous achetons, nous ne l’administrons que temporairement, pour le Seigneur. Tout ce qui peut nous être confié dans ce monde pour en user, nous devons en fait veiller à ne pas le considérer comme notre bien ou, pire, comme le but de notre vie. Non, le Seigneur dans la gloire éternelle est notre objectif permanentColossiens 3. 1-3, tandis que la figure de ce monde passe.
L’apôtre Paul avait toujours à cœur le bien-être spirituel des croyants. Aussi souhaite-t-il que les Corinthiens soient sans inquiétude, gardés dans la paix que procure une confiance simple dans le Seigneur Jésus. Les célibataires (hommes ou femmes) peuvent consacrer entièrement au Seigneur leur amour, leur force et leurs intérêts. Pour autant, il est tout à fait naturel que les personnes mariées s’appliquent à plaire à leur conjoint.
Quoique Paul constate ici les faits sans recommander formellement le célibat ni désapprouver le mariage, il dévoile clairement son intention d’aider tous les croyants à Corinthe. Il ne voulait en aucun cas établir des prescriptions humaines, qui deviendraient des pièges. N’est-ce pas le cas du célibat imposé aux prêtres dans certains milieux2 ? Combien d’entre eux, dans un élan sincère, ont pensé pouvoir porter ce joug, puis ont bronché !
L’apôtre Paul a devant lui un objectif plus spirituel. Il souhaite d’abord que les relations entre hommes et femmes se déroulent dans l’ordre et la moralité ; cependant il désire, avant tout, que les croyants puissent vaquer au service du Seigneur sans distraction.
Par exemple, ce n’est pas le cas de celui qui croit devoir rester célibataire, mais qui en même temps désire ardemment se marier ! Pour une telle personne, il vaut mieux se marier. Il goûtera alors une paix intérieure et pourra peut-être, dans ce nouveau cadre, mieux servir le Seigneur qu’auparavant. Mais celui à qui le Seigneur a accordé la grâce de pouvoir vivre non marié, sans famille à charge, saura alors le servir sans distraction, ainsi que tant de croyants et croyantes nous le montrent dans des champs missionnaires ou ailleurs.
Paul, plein de compréhension, s’adresse aux jeunes croyants encore célibataires qui se posent des questions au sujet du mariage (versets 36, 37). La Parole de Dieu ne met pas d’obstacle au mariage de celui qui a le désir de consacrer sa vie au Seigneur, mais craint de ne pas supporter le célibat. Le Seigneur n’oblige personne à rester célibataire.
Mais le célibat réalisé pour le Seigneur présente un caractère particulier (verset 37). Celui-là seul le supporte qui, ferme dans son cœur, renonce au mariage. En conclusion, puisque le mariage fait partie de l’ordre de la création de Dieu, tout croyant qui se marie fait bien. Mais le chrétien qui considère la brièveté du temps et qui mesure les soucis supplémentaires liés au mariage et à la vie familiale, et veut servir le Seigneur en restant célibataire, fait mieux.
Une femme mariée est liée à son mari aussi longtemps qu’il vit. Il en est évidemment de même pour le mari. Seule la mort met un terme à une union. Auparavant, Paul avait conseillé aux veuves de ne pas se remarier (verset 8) ; il constate ici simplement qu’elles sont libres de se marier. Une seule condition est exigée : “seulement dans le Seigneur”. Tout enfant de Dieu qui aime le Seigneur s’y soumettra volontiers ; un mariage chrétien doit être conforme à la volonté de Dieu et réalisé selon ses pensées. “Dans le Seigneur” n’implique pas seulement la nouvelle naissance mais aussi une vie commune de fidélité au Seigneur, où l’un sera pour l’autre une aide qui lui corresponde. L’apôtre rappelle une dernière fois la part heureuse du célibataire. Il ne donne pas ici ce conseil pour exprimer la volonté générale du Seigneur, mais comme l’avis d’un croyant dirigé par le Saint Esprit, désireux d’être en aide à d’autres croyants, ici ceux de Corinthe.