L’épître de Paul aux Romains (placée la première dans nos bibles) apporte la réponse divine à cette redoutable question : “Mais comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ?” Job 9. 2 La justice de Dieu en Christ (reçue par la foi en lui) justifie le pécheur, et lui donne la vie éternelle, confirmée par le don du Saint Esprit. C’est la position individuelle du chrétien sur la terre, en attendant la gloire.
Mais le croyant n’est pas seul sur cette terre ; il est aussi introduit dans des privilèges collectifs avec ceux qui ont la même foi chrétienne. Tous les rachetés du Seigneur, qui ont la vie divine, constituent ensemble la maison de Dieu sur la terre, et le corps de Christ. La première épître aux Corinthiens présente ce côté complémentaire de la vérité divine. Moralement, elle suit donc naturellement celle aux Romains (elles datent de la même période).
L’assemblée à Corinthe était le fruit du travail de l’apôtre, qui y avait séjourné dix-huit moisActes 18. 1-11. Mais la philosophie de la Grèce antique et la corruption morale qui y régnait à l’époque avaient entraîné, après le départ de Paul, de graves désordres dans l’assemblée : esprit de parti et division entre les frères, immoralité et oubli de la sainteté du mariage, relations coupables avec l’idolâtrie, absence de crainte dans les réunions d’assemblée ; des faux docteurs niaient même la résurrection. Ces tristes fruits de la chair dans des croyants “charnels” (3. 1) ont fourni l’occasion à l’apôtre de donner des instructions pratiques essentielles pour la vie chrétienne individuelle et pour la marche de l’assemblée sur la terre.
Cette maison (spirituelle) est formée de pierres vivantes1 Pierre 2. 5, selon le dessein de DieuÉphésiens 2. 22, par l’œuvre de ChristMatthieu 16. 18, sur un fondement inébranlable, Christ lui-même et son sacrifice. Mais ce travail de construction ayant été aussi confié par Dieu à des instruments humains faillibles (3. 1-17), des matériaux impropres ont été introduits ; la maison de Dieu est devenue une grande maison2 Timothée 2. 20. Néanmoins, elle demeure le temple de Dieu et l’habitation de l’Esprit de Dieu (3. 16).
La sagesse humaine n’a pas cours dans le domaine spirituel (3. 18-23). Le vrai serviteur de Dieu doit être un administrateur fidèle, prêt à accepter beaucoup de souffrances (chapitre 4).
Le premier caractère de la maison de Dieu est la saintetéPsaume 93. 5 ; les Corinthiens l’avaient perdue de vue, en tolérant un mal moral grave dans l’assemblée (chapitre 5). La fête de Pâque (figure du sacrifice de Christ) était célébrée par Israël avec celle des pains sans levainLuc 22. 14-18. Maintenant, notre pâque, Christ, a été sacrifiée ; aussi devons-nous en réaliser la portée morale, par une marche dans la sainteté (5. 7, 8). La discipline de l’assemblée s’exerce dans ce but. Toutefois, elle ne doit jamais être séparée de la grâce.
Les Corinthiens n’hésitaient pas à porter leurs conflits entre frères devant des tribunaux (6. 1-11). Quelle aberration ! Les saints jugeront le monde et même les anges.
Si chaque croyant est lavé, sanctifié et justifié par l’œuvre de Christ (6. 11), c’est pour goûter la liberté chrétienne (6. 12, 13), tout en marchant dans la pureté (6. 13, 20). Le corps du croyant est le temple du Saint Esprit (6. 19). C’est le côté individuel.
Le mariage (et ce qui s’y rattache pour des chrétiens sortis du paganisme) avait fait l’objet de questions posées à Paul dans une lettre, avec d’autres points qui inquiétaient les Corinthiens (7. 1 ; 8. 1 ; 12. 1 ; 15. 1 ; 16. 1). L’apôtre y répond (chapitre 7) avec tact et affection, en s’adressant à ceux qui sont mariés, comme aux célibataires. Le mariage est pour la terre, mais il doit être tenu en honneur. L’essentiel pour tous est d’être occupé du Seigneur pour lui plaire.
La position du chrétien par rapport aux choses sacrifiées aux idoles (chapitre 8) est l’occasion de reparler de la liberté chrétienne, et des relations entre frères. Chaque croyant a pour Christ une valeur infinie ; il est “le frère pour lequel Christ est mort” (8. 11). Gardons-nous donc de lui être en piège !
Paul prend alors son propre exemple, pour montrer qu’un serviteur du Seigneur est dès maintenant digne de son salaire ; mais, pour l’évangile, Paul renonce à tous ses droits. Tout service s’exerce de la part de Christ, le Maître, pour le bien de tous. (9. 1-23).
Dans la cène, la coupe (figure du sang de Christ) et le pain (figure du corps de Christ) sont le témoignage puissant à l’unité du corps (spirituel) de Christ (10. 17). Deux exemples (les sacrifices de prospérité en Israël et la participation par des chrétiens aux choses sacrifiées aux idoles) établissent en outre le principe de la communion à la table du Seigneur. Ceux qui y prennent part s’identifient collectivement au sacrifice dont la cène du Seigneur est le mémorial.
L’apôtre revient encore une fois sur le sujet de la liberté chrétienne (10. 23-33). Chacun doit avoir une conscience délicate et pure, mais dans le respect des scrupules de son frère. Christ est le modèle parfait de celui qui n’a point cherché à plaire à lui-mêmeRomains 15. 3. Paul s’appliquait à imiter son Maître et nous invite à faire de même (11. 1).
La conduite des hommes et des femmes (les chrétiens en particulier) dans le monde et dans l’assemblée obéit à un ordre divin : Dieu (l’Être suprême), Christ (vu comme homme), l’homme, puis la femme (11. 2-16). Celle-ci couvre sa tête et garde sa longue chevelure en guise de voile (une gloire pour elle), dans une soumission de cœur à cet ordre divin.
La cène du Seigneur (11. 20-34) est le souvenir de la mort du Seigneur. C’est, pour le temps de l’absence du Seigneur (jusqu’à son retour), la réponse des rachetés à l’amour de Christ, qui a institué le mémorial de sa personne et de son œuvre. Si la cène parle profondément à nos cœurs (11. 23, 26), nos consciences doivent être maintenues en éveil, pour que notre état moral réponde à la sainteté de celui qui invite (11. 27-32).
A l’image d’un corps humain, le corps de Christ possède une vie propre sur la terre, mais toujours liée à Christ, la Tête (chapitres 12 à 14).
Les ressources spirituelles de ce corps sont divines ; ce sont les dons de l’Esprit (12. 1-11). La diversité des membres (sans mépris ni supériorité) s’exprime dans l’unité du corps (12. 12). Tous les membres sont utiles à leur place et partagent ensemble les joies et les peines de la vie (12. 26).
Les dons de grâce s’exercent dans l’amour, la nature même de Dieu (chapitre 13). Cet amour a brillé en perfection en Jésus sur la terre ; il est à la base de la vie et de la croissance du corps de Christ. Chaque croyant doit en refléter sur la terre les caractères (quinze sont nommés ici). L’amour divin est éternel, plus grand que la foi (changée en vue) et que l’espérance (alors accomplie). L’assemblée, ce corps spirituellement vivant, est édifié (construit et nourri) par les dons de grâce (prophètes et docteurs en particulier). Sous la conduite de l’Esprit de conseil (ou de sagesse), les dons s’exercent au milieu de l’assemblée (chapitre 14), dans la présence même de Dieu (14. 25), le Dieu de paix (14. 33), avec la bienséance et l’ordre qui conviennent (14. 40).
L’évangile est basé sur des faits : en particulier, la mort de Christ, son ensevelissement et sa résurrection. Celle-ci est établie par des preuves irréfutables (15. 5-11). Nier la résurrection de Christ (comme quelques-uns le faisaient à Corinthe) c’est détruire la foi chrétienne tout entière (15. 12-19).
Non, Christ est ressuscité ; il est vivant aux siècles des siècles, les “prémices” de ceux qui se sont endormis et le chef de file de ceux qui seront rendus vivants. Il doit régner, jusqu’à l’introduction de l’état éternel (15. 20-28).
L’apôtre révèle alors comment les morts doivent ressusciter (il s’agit de la résurrection des corps). Ceux qui ont porté l’image de celui qui est poussière (Adam et toute sa race) porteront l’image du céleste, Christ (15. 35-50).
A cette merveilleuse révélation de la première résurrection, se rattache aussi le changement des croyants vivants à la venue du Seigneur (15. 51-58). Ainsi, dans cette seule épître, le Saint Esprit révèle, au moins partiellement, les quatre vérités qui forment la base de toute la doctrine de Paul :