Jésus vient d’exposer les principes qui régissent le royaume de Dieu ; sa parole est confirmée par des œuvres de puissance et de grâce. Un lépreux s’approche de lui ; il est atteint d’un mal profond et incurable, figure de la puissance du péché dans l’homme, en souillure et en corruption.
Admirons la démarche de ce lépreux : il a certainement conscience de ce qu’il est, un être au visage défiguré, aux membres difformes ; la loi accentuait encore cette indignitéLévitique 13. 45. Cependant cet homme, dont tout le monde s’écarte, s’approche de Jésus dans la certitude qu’il ne le repoussera pas. Il reconnaît en lui le seul qui soit investi de puissance divine pour guérir : “Tu peux me rendre net” ; il discerne en lui le Seigneur, revêtu d’autorité, le seul auquel on doit rendre hommage.
Il se prosterne donc devant lui, et lui expose sa requête. Elle est simple et précise ; elle dénote une profonde détresse, une reconnaissance de son véritable état, mais l’assurance que celui qui l’écoute peut répondre à sa misère extrême. Quelle foi remarquable ! Il ne lui manque qu’une chose, c’est d’être pleinement persuadé de la grâce qui est en Jésus, car il dit : “Si tu veux…” Certainement Jésus voulait, parce qu’il aimait ce lépreux et, plein de compassion, prenait sur lui sa maladie (verset 17). De même aussi le Fils de Dieu nous a aimés, et “nous a lavés de nos péchés dans son sang” ; il nous a purifiés de toute souillure, de toute iniquité, il nous a rendus nets.
Jésus a touché cet homme et l’a guéri ; mais lui-même n’en est pas souillé. La lèpre est contagieuse ; la loi interdisait un tel contact. Le croyant se tient à distance du péché qui règne dans ce monde, et qui a tout contaminé. Mais Jésus est le Saint de Dieu : il n’y a pas de péché en lui, pas de source impure, pas de possibilité non plus d’être contaminé. En touchant le lépreux, Jésus démontre à la fois sa pureté intrinsèque, sa puissance pour purifier, et son amour qui le conduit spontanément à le faire : “Je veux…”
Ce lépreux est net désormais ; il doit rendre témoignage de sa guérison devant le sacrificateur (verset 4) : telle était l’ordonnance de l’ÉcritureLévitique 14. 1-9. Sa portée spirituelle pour nous est remarquable :
Jésus entre à nouveau dans Capernaüm. Cette ville privilégiée sera témoin de beaucoup de miracles ; mais elle restera indifférente et ne se repentira pas (4. 13 ; 11. 20, 23). Aussi est-ce dans ce lieu que le salut de Dieu parvient ce jour-là aux nations lointaines représentées par ces RomainsLuc 2. 30-32. Jésus est cette branche fructueuse sortie du tronc d’Isaï (père de David), mais dont les rameaux poussent par-dessus la muraille qui sépare Israël des nationsÉsaïe 11. 1 ; Genèse 49. 22.
Un étranger, un centurion1, implore Jésus en faveur de son serviteur paralysé.
Ces deux versets sont un solennel résumé de l’Évangile de Matthieu. Les Juifs se référaient aux patriarches comme étant la souche des héritiers de la promesse. Ils se réclamaient de droits acquis par filiation naturelleJean 8. 33, 39. Jésus leur montre, par la grâce qu’il vient de manifester à l’égard de ce croyant romain, que la porte du royaume est désormais ouverte à tous.
Si ceux qui sont conviés en priorité (Israël) refusent de se repentir pour venir s’asseoir au banquet royal (22. 1-10), les places seront cependant toutes occupées par ceux qui, venant de loin, accepteront la grâce de Dieu qui apporte le salutÉsaïe 49. 6, 12 ; Tite 2. 11. Les “fils du royaume” par naissance naturelle, bien que privilégiés, n’y entrent pas de droit. Ils doivent reconnaître qu’ils sont des objets de miséricorde au même titre que les gens des nationsRomains 11. 32 ; sinon ils auront leur part dans les tourments éternels.
L’homme religieux voudrait bien s’affranchir de déclarations aussi absolues : la lumière du royaume ou les ténèbres de dehors, le bonheur dans la vie éternelle ou le feu éternel (3. 12 ; 5. 22 ; 25. 41, 46) ; mais la Parole de Dieu ne présente pas d’autre alternative, même temporaire. Que les enfants de parents chrétiens, aussi privilégiés que les “fils du royaume”, acceptent d’entrer par la seule porte ouverteJean 3. 5 ! Que les parents prient pour cela avec la foi et la ferveur du centurion !