Le Seigneur ne s’attarde pas sur le lieu des miracles (versets 9, 27), mais il va son chemin et continue à soulager la misère de son peuple. Deux aveugles le suivent ; ces malheureux ont cru ce qui leur a été rapporté au sujet du pouvoir de Jésus (verset 26). Pour eux, sans aucun doute, il ne peut être que le fils de David (verset 27), le Messie promis à son peuple. Ils crient à lui dans leur détresse : “Aie pitié de nous” ! Puis ils s’attachent à celui qui seul peut les sauver, mais qui semble ne pas les entendre ; ils entrent hardiment avec lui dans la maison (verset 28 ; 10. 6). Jésus les reçoit ; le fils de David était bien “envoyé aux brebis perdues de la maison d’Israël” (15. 22-24).
Il éprouve maintenant leur foi ; elle s’affirme sans hésitation : “Oui, Seigneur”. Alors Jésus ouvre leurs yeux dans un geste touchant, si souvent répété dans ces chapitres ; il met leur foi en contact avec la grâce de Dieu (verset 29). Retenons une fois de plus (8. 13) que le Seigneur répond “selon notre foi”.
A nouveau (8. 4), Jésus exige que le miracle soit tenu secret. Il ne désire pas attirer l’attention des foules qui viennent à lui sans besoin spirituel, mais pour voir des choses étranges. Cependant ces aveugles guéris peuvent-ils se taire ? Ne doivent-ils pas proclamer les vertus miraculeuses de celui qui les a délivrés des ténèbres pour les amener à la merveilleuse lumière de Dieu ? C’est en tout cas la substance de notre témoignage1 Pierre 2. 9 ; Colossiens 1. 13.
Ce récit présente aussi un aspect prophétique : un jour le fils de David reviendra ouvrir les yeux du résidu de son peuple. Celui-ci criera sa profonde misère (verset 27) et confessera ses péchés. Il se tournera vers le Seigneur et le reconnaîtra comme celui qu’ils ont percéZacharie 12. 10. Le voile qui demeure aujourd’hui devant leurs yeux et sur leur cœur sera enfin ôté2 Corinthiens 3. 15, et leur foi sera récompensée par une délivrance définitive (verset 29).
Voici à nouveau un démoniaque (8. 28). L’état de cet homme, possédé d’un démon et incapable d’exprimer sa douleur, est bien affligeant. Cependant il y a de l’espoir pour ce malheureux : des âmes compatissantes le prennent par la main et le conduisent à Jésus. Le Seigneur était venu pour détruire les œuvres du diable1 Jean 3. 8, il chasse le démon : la racine du mal était là et le muet peut maintenant parler.
Les foules s’étonnent puis admirent : “Il ne s’est jamais rien vu de pareil en Israël” : beau témoignage, sans doute ; il contraste avec celui des pharisiens, mais dénote-t-il de la foiJean 2. 23-25 ? Si nous avons cru en celui qui, aujourd’hui encore, ouvre les yeux des aveugles et délivre du pouvoir de SatanActes 26. 18, nous pourrons parler, comme a dû le faire ce muet guéri, de ce qu’il a fait pour nous, et nous serons heureux d’en conduire d’autres vers notre Sauveur.
Les pharisiens, eux, se démasquent ouvertement (versets 3, 11, 34) ; ils craignent que “cet homme”, Jésus, ne détourne la foule en la séduisant. Ils profèrent alors un épouvantable blasphème, auquel sans doute ils ne peuvent croire eux-mêmes. Satan suscite les arguments les plus invraisemblables pour combattre l’évangile de Dieu, et ce menteur est cru. Il l’est d’autant plus que ceux qui s’attaquent ainsi à la personne de Christ et au témoignage du Saint Esprit sont souvent des hommes religieux reconnus. Ceux-ci désirent en tirer profit pour eux-mêmes ; ils auront un jour leur part avec ce “chef des démons” qu’ils servent en réalité (verset 34 ; 12. 24, 31, 32).
L’évangéliste l’a déjà présenté dans un saisissant raccourci (4. 23). Il le confirme ici en précisant que la lumière divine a éclairé tous les confins d’Israël ; elle est entrée dans chaque ville et dans chaque village, de sorte que personne en ce temps-là n’a pu dire : “Jésus, je ne l’ai pas vu”. Quelqu’un pourrait-il aujourd’hui, dans nos pays christianisés, ne pas connaître le nom du seul Sauveur, ignorer que Jésus est le seul médecin qui peut guérir les “langueurs” de l’âme ? L’essentiel reste la réponse à cette question posée : “Veux-tu être guéri” Jean 5. 6 ?
“Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes… mes brebis ont pour pâture ce que vos pieds ont foulé, et elles boivent ce que vos pieds ont troublé” Ézéchiel 34. 2, 19. Jésus a maintenant compassion de cette foule privée de vrais conducteurs. Certes, les notables religieux (sacrificateurs, anciens, docteurs de la loi, scribes) se sont multipliés et sont tous fort zélés ; les sectes sont nombreuses, les fêtes juives scrupuleusement observées, la pureté cérémonielle recherchée. Comme de nos jours, cette belle apparence extérieure cache mal la dégradation intérieure : le peuple est fatigué et dispersé. Pourtant le vrai berger est là, celui que les prophètes avaient annoncéÉsaïe 40. 11 ; Ézéchiel 34. 11, 16, mais il n’est pas reçu. Il devra donner sa vie pour qu’un jour le troupeau soit enfin rassembléJean 10. 11 ; 11. 51, 52.
“La moisson est grande” dit Jésus en constatant l’état de son peuple. Qui peut dénombrer comme lui toutes ces âmes à sauver ? Hélas, celles-ci sont égarées par des “ouvriers trompeurs” 2 Corinthiens 11. 13 : le “Seigneur de la moisson” est venu, il en prend connaissance. Il enverra maintenant de bons ouvriers (verset 38), et leur enseignera la bonne manière de travailler (10. 5-42). Les prophètes reconnus par Dieu avaient déjà accompli leur service ; maintenant les disciples vont les remplacerJean 4. 35-38.
Aujourd’hui, nous sommes conviés, nous croyants, à entrer dans ce travail. Par ailleurs, le Seigneur qualifie plus particulièrement des ouvriers pour ce service ; supplions-le pour qu’il les multiplie et les soutienne, car “la moisson est grande”.