Jésus revient en Galilée, dans “sa propre ville” : Capernaüm où il avait demeuré (4. 13). On lui apporte un paralytique couché sur un lit. Cet infirme est incapable de s’approcher du Seigneur ; mais d’autres ont pris soin de le porter vers le divin médecin. Jésus relève ici leur foi : elle est grandeMarc 2. 1-5 ; Luc 5. 18-20 ; elle franchit tous les obstacles pour venir à lui.
Le paralytique est maintenant sous le regard scrutateur de celui devant qui toutes choses sont nues et découvertesHébreux 4. 13. Jésus sait que la maladie de l’âme est bien plus grave que celle du corps, et il veut guérir l’une et l’autre. Il dévoile la racine de tous les maux, de toutes les misères de l’homme : le péché ; c’est par là que Jésus commence. Certains pensent devoir faire l’inverse en sollicitant avant tout des guérisons corporelles miraculeuses ; le Seigneur s’occupe d’abord de l’état de l’âme.
Jésus se montre d’une tendre sollicitude envers cet infirme (8. 17) ; il l’encourage tout en l’éclairant sur son état de péché et son besoin de pardon. Cet homme doit reconnaître qu’il est pécheur avant d’être paralytique. Avant même d’entendre la parole de guérison, il reçoit l’assurance du pardon de ses péchés, accordé par celui qui a le pouvoir de pardonner sur la terre, car il est Dieu. Le Seigneur le comble en ajoutant la guérison du corps au salut de son âme.
Il nous arrive trop souvent de nous affliger de nos circonstances extérieures, éprouvantes ou fâcheuses, sans nous préoccuper de notre état intérieur qui en est peut-être la cause. Veillons à l’état de nos consciences avec le même soin qu’à celui de notre santé et de nos affaires. Soyons aussi sensibles aux conséquences d’un péché qu’à celles d’une maladie. S’il s’agit de nos enfants ou de nos proches, sachons imiter ceux qui ont apporté l’infirme à Jésus : montrons notre foi en plaçant ceux qui nous sont chers devant le Seigneur, dans la certitude qu’il est toujours le même pour pardonner et guérir.
Tournons-nous maintenant vers les spectateurs de cette scène ; la foule est là dans la maison (verset 8), toujours prompte à manifester des sentiments variés et contradictoires. Elle est saisie de crainte, non seulement en face du pouvoir de guérison que Jésus avait déjà exercé, mais de son pouvoir de pardonner les péchés dont elle a maintenant la preuve. Elle reconnaît la puissance de Dieu, mais s’en tient là ; les consciences ne semblent pas atteintes.
Les scribes aussi sont présents (verset 3), venus avec des pharisiens et des docteurs de la loi pour écouter l’enseignement de Jésus ; mais ils ont bien besoin, eux aussi, d’être guérisLuc 5. 17. Ils ne discernent pas la divinité de Jésus, venu pour accomplir cette prophétie à l’égard d’Israël : “C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités” Psaume 103. 3. Ils ne se sentent ni pécheurs ni malades, mais semblent admettre que ce paralytique a besoin de guérison, et peut-être aussi de pardon. Cependant ils refusent de reconnaître en Jésus, cet homme qui les enseigne, le Dieu qui seul a le pouvoir de pardonner les péchés.
Jésus va les confondre ; il leur révèle d’abord ce qu’il vient de lire dans leur cœur, ce que Dieu seul peut lire. Il leur montre ensuite sa puissance divine en donnant l’ordre au paralytique de marcher, puis de porter son lit. La démonstration est faite qu’il a bien ce droit divin de dire : “Tes péchés sont pardonnés”. Mais la suite des récits confirme que ces contradicteurs n’ont pas été convaincus ; leur maladie est incurable.
Matthieu était un publicain, percevant les impôts auprès des Juifs pour le compte des Romains ; cette profession était mal vue des pharisiens qui assimilaient ces gens-là à des pécheurs notoires, d’autant plus que ce travail leur permettait de s’enrichir plus ou moins honnêtementLuc 3. 13. Matthieu donc, bien établi dans cette activité lucrative, entend l’appel du Maître ; il se lève et quitte tout pour le suivre. Le centre de sa vie a changé, il va s’attacher à Jésus, dans un chemin nouveau : c’est cela la conversion. Cependant ce publicain n’oubliera pas ses origines (10. 3).
Matthieu fait un grand festin dans sa maisonLuc 5. 29, mais il ne s’en prévaut pas dans son évangile. Il le fait pour Jésus, pour honorer celui auquel il appartient désormais ; il le fait aussi comme un adieu au monde, ce monde de publicains et de pécheurs qui était le sien. De plus, en ouvrant sa maison et en offrant sa table à ceux qu’il quitte, il leur donne cette suprême occasion de s’approcher de Jésus et d’écouter sa parole.
Les pharisiens ne sont pas assis à table avec Jésus ; ils ont observé de loin, et ils murmurent contre les disciplesLuc 5. 30. Eux ne sont ni publicains ni pécheurs, du moins le pensent-ils : ils sont en bonne santé et n’ont pas besoin de médecin, ni de la grâce de Dieu pour eux-mêmes.
Jésus les reprend alors par une parole qu’ils devaient connaître mais n’avaient pas “apprise” : “Je veux miséricorde et non pas sacrifice”. Dieu ne se satisfait pas de cette forme de piété, de ce rituel extérieur, de ces sacrifices qui n’engagent pas le cœur. Jésus est venu pour guérir ceux qui se portent mal, pour sauver des pécheurs par la voie de la repentanceLuc 5. 32 : c’est là sa miséricorde. Les propres justes n’entendent pas son appel, aussi ils périront. Mais le Seigneur offre son baume divin à toute âme meurtrie par le péché : c’est le moment de l’accepter.