“En ce jour-là”, Jésus sort de la maison (en figure, d’Israël) ; il n’y a pas trouvé de fruit pour Dieu, et sa propre parole n’a pas été acceptée. Lui-même n’a pas été reçu ; aussi prend-il une position nouvelle en s’asseyant près de la mer. Celle-ci représente les nations dans leur état d’agitation et de confusion ; elles vont désormais bénéficier de l’évangile du royaume (8. 11 ; 16. 19).
Jésus s’assied ; il s’était assis sur la montagne (5. 1) pour s’adresser aux foules juives et les préparer à entrer dans le royaume. Puis il s’était levé pour accomplir son service et visiter tout Israël. Il prend le temps de s’asseoir à nouveau dans une barque en face des foules rassemblées sur le rivage, car la parole va être semée d’une manière différente. Celle de la loi et des prophètes n’ayant pas porté ses fruits, Jésus va semer une semence de vie, qui produira du fruit pour Dieu dans une nouvelle nature. Le christianisme qui suivra sera fondé non sur ce que Dieu trouve en l’homme, mais sur ce qu’il produit lui-même par sa Parole et sa puissance.
Désormais, Jésus va souvent s’exprimer en paraboles, récits imagés destinés à illustrer un enseignement abstrait ; celle du semeur a une portée universelle. La Parole de Dieu s’adresse à tous les hommes ; elle est une semence, qui possède en elle-même sa propre puissance de vie : elle est vivante, incorruptible, seule capable de régénérer une âme1 Pierre 1. 23-25. Les hommes sèment leurs propres paroles, et s’efforcent de diffuser à tous vents leurs pensées et le fruit de leurs réflexions, mais Dieu n’en tirera jamais de récolte pour lui. La semence, ici, est de qualité divine, et la germination ne dépend donc pas de ce grain, mais du terrain dans lequel il est semé.
La parole semée, dans cette parabole, est par excellence celle du royaume (verset 19), celle qu’il faut comprendre et recevoir dans son cœur pour entrer par la nouvelle naissance dans le royaume de DieuJean 3. 5. Les apôtres s’attacheront à la diffuserActes 20. 20, 21, 25. Comment cette parole est-elle comprise (versets 19, 23) ? non par l’intelligence de l’homme, mais par l’opération de l’Esprit Saint dans une âme bien disposée à écouter (11. 25). La sagesse humaine et l’esprit du monde s’opposent à la compréhension des “choses de Dieu” 1 Corinthiens 2. 11-16.
Quelques grains sont tombés le long du chemin, là où le monde passe, repasse et piétine le grain ; le sol est dur et impénétrable, rien ne peut y germer. Ainsi est le cœur de l’homme “endurci par la séduction du péché” Éphésiens 4. 18 ; Hébreux 3. 13 et rempli de convoitises. La Parole de Dieu n’y trouve aucune entrée, et ne peut produire aucun effet. Les oiseaux viennent et dévorent le grain ; ils sont l’image malfaisante du “méchant”, le diable, qui ravit la semence. Ce n’est pas seulement leur conduite inique qui est reprochée aux hommes, mais pour beaucoup leur indifférence totale à ce que Dieu dit, et leur attachement exclusif aux choses de la terre (24. 37-39).
Le sol ici n’est pas dur, mais constitué d’un léger revêtement de terre sur un fond pierreux. Le grain germe facilement, mais ne s’enracine pas. Lorsque la tige sort, elle est rapidement séchée et brûlée par le soleil. La Parole de Dieu n’est donc pas enlevée tout de suite, comme précédemment, mais semble produire d’heureux effets ; elle est reçue “aussitôt avec joie”.
Mais il ne faut pas se fier aux premières apparences : si les sentiments naturels sont seuls en mouvement, aucune œuvre intérieure salutaire ne se produit. La conscience doit être exercée dans la pleine lumière divine. La conviction de péché, le sentiment d’une profonde misère morale, ne produisent pas d’abord la joie mais plutôt la tristesse et l’humiliation de cœurActes 2. 37, 38. La conversion passe par la repentance sincère et la confession des péchés.
Une présentation de la Parole agréable aux sens seulement, peut être écoutée avec intérêt, avec joie même, et produire de bonnes résolutions. Mais la chaleur desséchante des épreuves révèle que la vérité ne s’est pas enracinée ; il n’y a donc point de fruit. Les moqueries, l’opprobre, l’opposition du monde, font disparaître ce qui n’était qu’apparent.
Ici le grain prend racine et la tige monte, mais reste sans fruit, parce qu’elle est étouffée par les épines. La Parole de Dieu semble avoir été reçue et produit un certain effet, mais “les choses qui sont dans le monde” 1 Jean 2. 15, 16 se lèvent dans le cœur à côté de la Parole, et prennent lentement le dessus.
“Les soucis de ce siècle” préoccupent et tourmentent les esprits des hommes (6. 31, 32). Le désir de s’installer aussi confortablement que possible dans ce monde, d’y avoir une place en vue, étouffe en eux tout ce qui est du domaine spirituel. Il en est de même de la tromperie des richesses : d’une part, elles sont incertaines et créent beaucoup d’illusions ; d’autre part, le désir de les acquérir conduit à la ruine de l’âme1 Timothée 6. 9, 10, 17.
Le grain tombant sur une terre labourée peut s’enraciner. Le travail de l’Esprit de Dieu dans une âme par la repentance et la confession permet à la Parole de s’implanterJacques 1. 21, et à la grâce de Dieu d’opérer à salut. Le soleil fait alors mûrir la plante au lieu de la dessécher.
L’évangile n’est pas seulement entendu, mais aussi compris. Jésus le Sauveur est connu et reçu par la foi ; il peut demeurer dans ce cœur régénéré : c’est la seule manière de porter beaucoup de fruitJean 15. 5. Le plein rendement d’une semence aussi féconde que la Parole de Dieu, c’est le centuple. Mais les capacités humaines sont diverses : cent, soixante, trente. L’important, c’est que la terre soit bonne, et que le fruit attendu soit produit, pour la gloire de Dieu.
Jésus s’adresse aux foules en paraboles, en figures qu’ils doivent saisir. L’interprétation claire n’en sera donnée qu’aux disciples. Ainsi vont être présentés en particulier “les
Le Seigneur agit ainsi parce qu’il ne reconnaît plus la relation naturelle qui l’unit à son peuple, mais seulement le lien que sa grâce a formé entre lui et ceux qui l’ont reçu par la foi. Ceux-ci jouissent déjà de bénédictions qui vont être abondamment complétées (verset 12), mais la masse incrédule du peuple se verra privée même des privilèges dont elle pouvait se glorifier.
Ces gens religieux voyaient Jésus mais ne discernaient pas ses gloires (verset 13) ; ils entendaient ses paroles mais ne les comprenaient pas et ne les recevaient pas, car elles n’étaient pas “mêlées avec de la foi”. Tel avait été ce peuple autrefois dans le désertHébreux 3. 8 ; 4. 2 ; tel il sera encore en face de la prédication des apôtresActes 28. 26, 27.
Dieu exerce un jugement à l’égard de son peuple ; il ferme les yeux, les oreilles et le cœur de ceux qui s’endurcissentRomains 9. 17, 18 ; 2 Thessaloniciens 2. 10-12. “Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur” Hébreux 3. 15.