Après la présentation du Christ, Jean le baptiseur garde encore des disciples autour de lui. Ceux-ci jeûnent souvent : leur maître a lancé de pressants appels à la repentance ; il a fait ressortir le triste état d’Israël. Le jeûne accompagnait tout naturellement l’humiliation et la contrition nécessaires. Maintenant le Christ est là ; au lieu de se réjouir, ils jeûnent encore. Ils persistent, au lieu d’être remplis de joie à la vue de la grâce de Dieu apportant le salut à son peuple. Ils se conforment aux coutumes des pharisiens (verset 14 ; 6. 16-18) qui, eux, par des jeûnes fréquents, recherchent une vaine gloire. N’y a-t-il pas un danger, pour des croyants sincères mais peu éclairés, de se confondre avec des hypocrites dans une religion de formes ?
Jésus leur donne une calme réponse : les compagnons d’un époux au jour de ses noces, ne peuvent mener deuil. L’époux est là maintenant : Jean l’a confessé et s’en est réjouiJean 3. 29. Les disciples du Seigneur ont trouvé le Messie, centre d’attrait pour leurs affections ; pour eux, le temps de mener deuil et de jeûner viendra plus tard (verset 15) Jean 16. 20. Aujourd’hui, ceux qui suivent Jésus sont introduits dans un heureux espace de liberté, hors de coutumes qui, en prenant un aspect légal, deviennent contraignantes.
Jésus laisse entendre ici que le système judaïque a vieilli. Les disciples de Jean en font encore partie, mais Christ apporte un principe de vie nouveau fondé sur la grâce de Dieu, qui ne peut être contenu dans une enveloppe légale. L’habit juif est déchiré, et ne peut être rénové par du tissu neuf ; au contraire, cela ne ferait que manifester sa décrépitude, et même l’aggraver. De nos jours encore, on cherche quelquefois à concilier la loi avec la grâce : c’est une chose impossible.
Dieu a placé l’évangile, cette “bonne nouvelle”, ce vin nouveau de la joie, dans des outres neuves dès ce moment-là. Les vieilles outres, image du système légal, ne pouvaient contenir le vin de la grâce. Jésus a choisi ses apôtres comme des vaisseaux appropriés pour présenter la grâce de Dieu. L’enseignement apostolique est parvenu jusqu’à nous maintenant. Gardons précieusement cette “foi qui a été une fois enseignée aux saints” Jude 3.
Les deux scènes qui sont maintenant associées peuvent être lues avec profit dans leurs trois narrationsMarc 5. 21-43 ; Luc 8. 40-56. Cette femme qui perd son sang depuis douze ans est atteinte d’une infirmité affligeante. En Israël elle était considérée comme impure, sans communion possible avec l’autel de DieuLévitique 15. Elle n’a pas ménagé ses efforts pour que ce flux tarisse ; elle s’est ruinée sans résultat : le sang coule toujours et la mort est devant elle.
Le Sauveur passe ce jour-là. Elle sait qu’il peut guérir ; elle l’a entendu et elle le croit : “Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie” (litt. : sauvée). Une foi vivante, sincère, se cache derrière une timidité accrue par la honte de l’infirmité. Un contact suffit, pense-t-elle ; je ne le toucherai pas, lui, mais son vêtement, et par derrière, personne n’en saura rien.
La puissance en guérison est sortie de Jésus en réponse à la foi de cette humble femme ; mais le Seigneur veut que cette foi soit scellée devant les hommes, pour la gloire de Dieu. Le geste furtif ne suffit pas, le témoignage doit suivre ; foi du cœur et confession de bouche vont ensembleRomains 10. 9. La foi s’affermit après le témoignage ; celui-ci engage un peu plus dans le chemin de la foi.
Cette femme n’est-elle pas l’image de l’homme dont la vie s’en va ? Il s’efforce en vain de se sauver lui-même en suivant les ordonnances de nombreux “médecins”. Seul un contact avec Jésus Christ délivre et donne la vie. Lui répond à la foi, il s’approche, il encourage et il donne le salut à l’âme angoissée : “Aie bon courage, ma fille ; ta foi t’a guérie” (sauvée).
Au moment où cette femme s’est approchée, Jésus était en chemin pour porter secours à une jeune fille mouranteLuc 8. 42. Cette enfant de douze ans était née au moment où la femme tombait malade ; toutes deux sont maintenant en danger de mort.
Jaïrus, ce chef de synagogue, est un père qui chérit sa fille ; il est profondément angoissé, mais il est homme de foi. La loi enseignée dans la synagogue est impuissante pour son enfant ; aussi vient-il faire appel à la grâce de Dieu. Il discerne la puissance et la divinité de Jésus auquel il rend hommage. On est venu lui dire que sa fille vient de mourir ; peu importe, car il réalise qu’il n’y a pas de différence pour Jésus entre guérir un malade et relever un mort : “Pose ta main sur elle, et elle vivra”. Quelle foi en cet homme !
Dans sa maison, une foule incrédule est entrée et s’agite ; la musique funèbre veut être l’expression d’une douleur profonde, mais elle clame de fait une cruelle impuissance en présence de la mort. Ainsi souvent dans ce monde, un rituel bien ordonné masque, pour un instant, ce que la mort a de lugubre, mais il ne peut apporter que de vaines consolations. Parlez de Jésus qui ressuscite les morts : le monde se moque encore (verset 24).
Jésus entre au milieu de ce tumulte et met tous ces incrédules dehors ; seuls ceux qui croient assisteront au miracle. Pour lui, la jeune fille dort ; il est venu pour l’éveillerJean 11. 11. Avec une tendresse infinie, dans un geste plein d’amour mais naturel pour lui (8. 3, 15), il prend sa main et la jeune fille se lève. Avons-nous retenu ce geste de notre Sauveur, lorsqu’il nous a communiqué sa vie ? Pensons-nous quelquefois à la douceur de celui qui viendra tendrement éveiller les siens endormis1 Thessaloniciens 4. 14 ?