Le peuple d’Israël n’a pas répondu aux appels de la grâce de Dieu ; Jésus en tire maintenant les conséquences. Le prophète Ésaïe avait dit à l’avance : “Qui a cru à ce que nous avons fait entendre” ? Ces villes de Galilée n’avaient pas cru à ce qu’elles avaient entendu de lui ; les multiples miracles, qui témoignaient de la présence de Dieu “au milieu” de son peuple (verset 23), ne les avaient en aucune manière convaincus !
Les miracles avaient confirmé la parole du Seigneur qui appelait à la repentance (4. 17). Jésus avait séjourné et travaillé au milieu de ces villes pour les élever jusqu’au ciel. La porte du royaume des cieux leur avait été largement ouverte, mais elles n’avaient pas voulu se repentir. Quelle douleur pour le Seigneur de constater qu’il avait “consumé sa force pour le néant et en vain” ! Le cœur des trois disciples de Bethsaïda a dû aussi se serrer en entendant prononcer un “malheur” irrévocable sur leur propre ville. Sans doute, des gens de leurs familles et de leurs connaissances y séjournaient-ils encore !
Le jugement de ces villes sera proportionné aux privilèges qu’elles auront eus. Tyr et Sidon étaient sans doute le symbole de cités orgueilleuses et fières de leur prospérité. Sodome était à l’évidence le symbole de la corruption de ce monde. Les habitants de ces villes connaîtront un terrible sort éternel, à la mesure de leur conduite. Cependant, dit Jésus, leur châtiment sera plus supportable que celui de ces villes de Galilée. Combien de cœurs rebelles à l’évangile de la grâce, dans les pays christianisés, regretteront de l’avoir méprisé !
“En ce temps-là” dit l’évangéliste. Pour Jésus, était-ce un temps propice à la louange ? Jean le baptiseur était envahi par le doute ; le Fils de l’homme était mis au rang des pécheurs notoires ; la Galilée préférait les ténèbres à la grande lumière qui s’était levée sur elle (4. 12-17). Pourtant Jésus loue son Père ; le sujet de sa louange est le bon plaisir du Père. Jésus ne s’arrête pas aux circonstances éprouvantes que son Dieu permet. Il connaît le propos final de Dieu, et sait que son grand plan d’amour sera parfaitement réalisé : les tribus d’Israël seront rétablies dans un temps futur ; mais l’endurcissement présent de ce peuple ouvrira la porte du salut à toutes les nations de la terreÉsaïe 49. 4-6. C’est un sujet bien digne de louange que ce propos de Dieu.
Le Seigneur rend grâces de ce que les gloires du royaume des cieux sont cachées aux sages et aux intelligents de ce monde, mais révélées aux petits enfants. Il en est toujours ainsi : l’intelligence de l’homme devient ignorance, et sa sagesse folieRomains 1. 22 ; 1 Corinthiens 1. 19-29, lorsque l’une et l’autre veulent s’immiscer dans les choses de Dieu. Puisque l’homme reste avec ces prétentions, Dieu les annule pour se révéler à ceux qui croient avec une foi enfantine ; c’est là sa sagesse (verset 19).
Sachons aussi, quand les circonstances sont accablantes, quand notre travail semble inutile, nous attendre à Dieu dans une parfaite soumission. Le croyant n’est pas un fataliste, mais un “petit enfant” qui connaît l’amour de son Père : ce que celui-ci permet, c’est ce qu’il “trouve bon devant lui”. L’avenir confirmera ce que nous savons déjà maintenant : “Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu” Romains 8. 28.
“Toutes choses m’ont été livrées par mon Père”. Pourtant tout semble compromis, mais le Père donnera tout au moment convenable à son Fils bien-aiméPsaume 2. 7, 8 ; Jean 3. 35. Pour Jésus, c’est déjà chose faite ; le temps ne compte pas, seul importe le propos de Dieu (28. 18). Mais le siècle de la domination et de la gloire doit être précédé du temps de la souffrance et de l’obéissance jusqu’à la mort ; c’est aussi ce que le Père a trouvé bon devant lui.
Le Père a tout donné au Fils parce qu’il l’aime. Il est le seul à connaître cette insondable personne divine, et ce qu’il lui donne est à la mesure des délices qu’il trouve en lui (3. 17). Cette communion du Père avec le “Fils de son amour” est inexprimable. Dieu garde aussi le secret de ce qui est inscrutable pour l’homme : l’union mystérieuse de l’humanité avec la divinité dans cette personne unique.
Le Fils, lui, est venu pour révéler le Père. Certes, ce qui ne se peut voir du Dieu qui habite la lumière inaccessible reste caché1 Timothée 6. 16. Mais Jésus Christ est “l’image du Dieu invisible” ; il manifeste maintenant la gloire morale de Dieu brillant d’un pur éclat dans son Fils. A qui le Fils veut-il révéler le Père ? A ceux qui, par la foi, discernent les perfections divines renfermées dans son humanitéColossiens 1. 14, 19 ; 2. 9.
Le peuple d’Israël ployait sous le fardeau de la loi (23. 3, 4). La délivrance, le repos que cette nation refusait, Jésus l’offre maintenant à tous : “Venez à moi”. Il n’y a pas de repos sans lui ; l’homme se fatigue vainement sous le soleilEcclésiaste 2. 22. Jésus est venu pour procurer ce repos de la conscience à tous ceux qui sont tourmentés sous un joug de servitudeActes 15. 10 ; Galates 5. 1.
En échange, Jésus offre son joug aisé, libérateur, à celui qui vient à lui. Ce joug, qu’est-il donc ? celui que Jésus prenait sur lui, dans une totale soumission à la volonté du Père (verset 26), dans une obéissance patiente à travers les épreuves du chemin, dans la douceur et l’humilité du parfait serviteur (verset 29).
Ceux qui courbent maintenant leur tête pour marcher avec lui dans le même sillon, reproduisent ces vertus qu’ils apprennent à son côté. Ils se sentent à l’aise sous un tel joug ; ils sont libérés de la fatigue. Heureux sont ceux qui ont accepté le repos que Jésus seul peut donner (verset 28) ! Heureux ceux qui trouvent chaque jour le repos de leur âme sous son joug bienfaisant (verset 29) !