Jésus commande de passer à l’autre rive ; il élargit le champ de son service. Les disciples suivent Jésus ; ils répondent à son appel (versets 22, 23) et obéissent à son ordre (verset 18). Le Seigneur sait parfaitement qu’une tempête va fondre sur le lac, mais il sera avec les siens dans la tempête. Depuis lors, ceux qui ont eu l’honneur de porter le témoignage au loin ont traversé bien des épreuves (le livre des Actes en relate quelques-unes). Mais le Seigneur s’est toujours tenu près des siens pour les fortifier.
Les disciples suivent Jésus sans présomption (verset 19), sans conditions (verset 21) ; ils sont attachés à leur Maître et ne se posent pas de questions ; il faut néanmoins que leur foi soit éprouvée. La traversée de ce lac leur est familière, et rien ne laisse présager le moindre péril. Mais la tourmente s’élève soudainement, avec une violence telle qu’ils croient sombrer.
“Gens de petite foi”, dit le Seigneur à ses disciples. En suivant Jésus, qu’ont-ils à craindre ? Celui qui a commandé de passer à l’autre rive peut-il les laisser périr au milieu du lac ? Le Seigneur qui est avec eux risque-t-il d’être englouti dans les flots ? Comme ils connaissent peu celui qu’ils suivent !
Jésus dort dans la barque après de dures journées de labeur ; il continue à dormir malgré les vagues qui frappent et inondent. Nous le trouvons là “en figure comme un homme”, dans la faiblesse de la condition humaine qu’il a consenti à revêtir pour venir nous sauver. Il est là aux soins de son Dieu, dans une dépendance et une confiance parfaites : “Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi” Psaume 16. 1. Quel exemple pour nous ! La question qu’il pose à ses disciples prend alors tout son sens : “Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite foi ?”
Puis la scène change : c’est le Dieu tout puissant qui se lève, le Créateur du ciel, de la terre, de la mer. Il parle et le vent cesse, les flots s’apaisentPsaume 107. 29 ; là encore une parole suffit (versets 8, 16). Quelle grandeur dans cette scène, aussi bien dans la parfaite sérénité du Fils de l’homme que dans l’intervention puissante du Fils de Dieu !
Le croyant connaît aussi des traversées périlleuses ; mais il sait que Jésus est dans la nacelle, et saura, le moment venu, calmer le vent et apaiser les flots.
Jésus arrive au pays des Gergéséniens. Ce lieu donne l’image d’un monde où Satan tient les hommes sous son pouvoir, “le pouvoir des ténèbres” ; la mort y étend son linceul terrible : l’ennemi a transformé ce monde en un vaste champ de mort. Deux hommes sortent du milieu des sépulcres ; ils sont possédés par des esprits de démons. Ils sont un exemple de la manière dont Satan et tous les anges qui l’ont suivi dans sa chute, peuvent s’emparer des esprits des hommes pour les tourner vers le mal. Ces malheureux sont violents et indomptables ; ils interdisent l’accès à leur domaine : “personne ne pouvait passer par ce chemin-là”.
Qui pouvait affronter la puissance du diable ? Jésus seul, et il l’a fait ; il est entré dans ce monde de violence et de haine, pour y porter la douceur et l’amour. Puis il est descendu dans le sépulcre ; par la mort, il a rendu le diable impuissant, et délivré ceux qui étaient assujettis à sa servitudeHébreux 2. 14, 15.
Le diable et ses anges sont destinés au feu éternel préparé pour eux (25. 41) ; ils le savent et ne se font aucune illusion (verset 29). L’homme peut s’étourdir et refuser de reconnaître son état de perdition ; “les démons croient et ils frissonnent” Jacques 2. 19. Ils reconnaissent, eux, la divinité de Jésus (verset 29), et n’ignorent pas qu’ils devront un jour ployer les genoux devant luiPhilippiens 2. 10. Dans cet homme abaissé marchant sur la terre, ils discernent celui qui sera leur juge suprême au jour du jugement, et celui qui peut les chasser maintenant.
Mais Jésus ne saurait accepter ce témoignage de leur bouche ; car ces démons sont tous des esprits méchants, entièrement tournés vers le mal ; ils le font et le suscitent, et sont incapables de se repentir et de trouver grâce. Quelle affreuse condition ! Avons-nous mesuré, à cette lumière, la merveilleuse “grâce de Dieu qui est apparue à tous les hommes” ? Ces démons ont peur de celui qui a le pouvoir de les précipiter dans l’abîmeLuc 8. 31. Ils prient Jésus, mais c’est pour leur permettre de manifester une fois de plus leur puissance malfaisante, et Jésus accepte.
Ne mésestimons pas le pouvoir des démons ; ces êtres infernaux sont d’autant plus dangereux qu’ils sont invisibles ; on voit en figure dans cette scène la puissante action du diable et des démons sur l’esprit des hommes corrompus et souillés par le péché (représentés ici par le troupeau de pourceaux), pour les précipiter avec eux dans la destruction.
Les gardiens du troupeau s’enfuient de devant Jésus. Ils viennent d’assister à la guérison miraculeuse de ces deux hommes cruellement tourmentés par les démons. Ils seront obligés d’en témoigner, mais parleront sans doute beaucoup plus du désastre survenu à leur troupeau. Comme leurs concitoyens, comme les gens de ce monde, ils s’intéressent plus à ce qu’ils possèdent qu’à ce que Jésus peut leur apporter.
Les gens de la “ville” s’étaient accommodés de la promiscuité de ces démoniaques, mais ils ne veulent pas de Jésus, celui qui sauve et qui délivre. Ainsi est ce monde : la présence de Dieu et les manifestations de l’Esprit Saint l’inquiètent plus que la puissance de l’ennemi, qui le domine en dégradant les corps et les esprits des hommes. Le croyant souffre au milieu d’une telle iniquité, mais son espérance est dans le monde à venir.