Dans une contrée en marge du pays, Jésus rencontre immédiatement la puissance de Satan. Le diable a réussi à tenir l’humanité sous son pouvoir, et l’exemple de ce récit en est une démonstration tragique. L’habitation de cet homme témoigne déjà de ses liens occultes, car la mort est son domaine. Ne pouvant être dompté par qui que ce soit et se flagellant lui-même, il est le tableau de l’humanité déchue que le diable conduit aveuglément. Les tragédies qui se déroulent dans le monde sont la triste image de ce qui est décrit dans ce texte.
Mais Jésus est venu. Il est venu pour rencontrer l’homme dans sa misère, pour prendre connaissance de son état désespéré et pour le mettre en évidence. Sitôt que Jésus débarque, le démoniaque le voit de loin et court devant lui. Il se prosterne, non dans l’adoration, mais par peur. Puis la voix du démon sort de ses lèvres et lui fait dire : “Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas” (verset 7). En effet, Satan et les démons savent qui est Jésus, ils “croient et ils frissonnent”, dit l’apôtre JacquesJacques 2. 19, mais aucune relation n’est possible entre ces êtres maléfiques et notre Sauveur.
En général, les récits des évangiles concernant des démons ne mentionnent pas de conversation entre eux et le Seigneur. Le cas présent est une exception permise pour nous enseigner. Il y a, dans cet épisode, la démonstration de la puissance de Satan. Mais cette puissance sera définitivement anéantie par le Fils de Dieu. Déjà, du temps de la présence du Seigneur Jésus sur la terre, Satan n’avait aucun pouvoir contre lui. Jésus l’a lié lors de la tentation au désert, et maintenant il peut piller ses biens. Que nul ne craigne donc, s’il a mis sa confiance en Jésus pour le pardon de ses péchés ; Satan ne pourra en aucune façon le ravir des mains du bon Berger ni des mains de Dieu son PèreJean 10. 28, 29.
Contraignant le démon à décliner son identité, Jésus met en évidence l’ampleur de la puissance spirituelle de méchanceté, pouvoir ténébreux qui envahit l’humanité sans Dieu. Nous pourrions être craintifs à cette pensée, mais le croyant sait que “ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux” 2 Rois 6. 16. Le récit similaire de l’évangile selon Luc précise que les démons ont demandé à Jésus de ne pas les envoyer dans l’abîmeLuc 8. 31. Leur jugement final est encore à venir. Dans la période actuelle, ils peuvent agir dans les limites que Dieu leur laisse.
Le Seigneur permet donc à cette légion de démons d’entrer dans le troupeau de porcs paissant à proximité. L’important était que le pauvre homme soit délivré, fût-ce au préjudice des propriétaires de ces animaux impurs. D’ailleurs, pourquoi ces porcs étaient-ils là, si ce n’était pour être consommés en désobéissance à la loiLévitique 11. 7 ? Même si la contrée de Gadara est hors des limites du pays, la viande de ces bêtes risquait bien d’être vendue en Israël ; ce n’aurait pas été la première foisÉsaïe 65. 4 ; 66. 17.
Dès que la nouvelle parvient à la ville, la foule accourt pour voir ce qui s’était passé. Chacun peut alors constater la délivrance totale de “celui qui avait Légion” (verset 15). Il est assis, vêtu et dans son bon sens, et il est aux pieds de Jésus, ajoute l’évangile selon Luc. Voilà où Jésus veut amener celui qui a reçu son pardon. “Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos” Matthieu 11. 28. Si quelqu’un se débat encore avec ses passions, lié peut-être par la drogue, la boisson ou quelque autre chose, Jésus est là, lui offrant une délivrance totale. La voulez-vous ?
Préférant leur réelle misère, voilée par une prospérité apparente, à la présence du Sauveur, les Gadaréniens prient Jésus de s’en aller. La lumière se retirera-t-elle totalement de cette contrée ? Non, car le Seigneur y laisse son témoin. Celui-ci aurait bien voulu rester avec Jésus, mais un service plus important lui est confié envers les siens. Il va s’en acquitter avec ferveur, ne se contentant pas de parler aux gens de la ville, mais publiant dans la contrée entière ce que Jésus lui avait fait. Quel modèle pour nous à qui le Seigneur a dit : “Vous serez mes témoins… jusqu’au bout de la terre” Actes 1. 8 !
Le chapitre 7 de cet évangile déclare que Jésus a encore traversé le pays de Décapolis (verset 31). Les foules l’ont alors bien reçu et lui ont amené un sourd-muet pour qu’il le guérisse. Elles disent ensuite : “Il fait toutes choses bien ; il fait entendre les sourds et parler les muets” (verset 37). Le témoignage du démoniaque guéri a donc porté du fruit, même si cet homme n’est plus mentionné. Combien de résultats cachés aujourd’hui seront bientôt manifestés dans la lumière ! Que chacun soit encouragé dans son témoignage, même s’il lui paraît insignifiant.