Revenu à l’ouest de la mer de Galilée, Jésus y est accueilli par une grande foule. Dès son arrivée, Jésus doit répondre à une requête urgente. On comprend l’impatience de Jaïrus, ce chef de synagogue, père d’une fillette bien-aimée de douze ans qui se mourait. Qui d’entre nous n’aurait pas agi de même, suppliant le Seigneur d’intervenir promptement ? Jaïrus ne doute pas de la puissance de Jésus, mais il craint que la mort ne le devance.
Cet homme d’un noble caractère prend la position convenable devant le Seigneur. Se jetant à ses pieds, il le supplie et lui rend hommageMatthieu 9. 18. Exposant simplement son besoin, il exprime en peu de mots tout ce que son cœur ressent. Il sait que les mains de Jésus peuvent transmettre la guérison en repoussant la mort, mais Jésus lui en apprendra davantage. Il s’en va donc avec lui, pour le plus grand soulagement de ce père.
N’avons-nous pas parfois des cas tragiques à exposer à Dieu ? Nous lui disons : c’est l’extrémité ! Et il nous répond : “Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras” Psaume 50. 15.
Lorsqu’un médecin est appelé pour une urgence, il est normal qu’il ne se laisse pas distraire durant le trajet. Ici justement, c’est la vie d’une enfant de douze ans qui est en jeu. Quelle est donc cette femme qui s’approche de Jésus pour avoir, elle aussi, un secours attendu depuis douze ans ? La Parole est silencieuse sur l’origine et la qualité de cette femme. Le Seigneur la connaît cependant, et il discerne la foi dans son geste timide. L’incapacité des ressources humaines est soulignée par son aveu quant à l’inutilité des remèdes employés durant douze ans. Jésus est son seul recours.
La puissance du Seigneur s’exerce seulement en faveur de la foi, car bien d’autres personnes touchaient Jésus sans en recevoir un bienfait quelconque. Il en est toujours ainsi : avoir contact avec l’évangile, avoir des relations avec des chrétiens fidèles et même d’éminents serviteurs de Dieu, ne communique pas le salut. Seule la réception de la parole de Dieu par le cœur produit la repentance à salut.
La guérison une fois opérée en faveur de cette femme, l’urgence de l’intervention que réclamait l’état de la fille de Jaïrus semblait ne plus permettre aucun délai. Mais Jésus en juge autrement. Il s’arrête pour faire sortir de l’ombre celle qui n’aurait rien demandé de mieux que de rester cachée. En tremblant, elle déclare alors la vérité devant tous. Aussi quelle réponse reçoit-elle de la part du Seigneur Jésus :
Il en est ainsi pour le salut. Nous sommes sauvés par la grâce, moyennant la foiÉphésiens 2. 8, et notre délivrance est garantie. Mais s’il n’y a pas de confession ouverte, la joie du salut fera défaut. L’état du cœur détermine notre condition devant Dieu, mais le témoignage de notre vie nous justifie devant les hommesJacques 2. 24. De cela dépend notre joie actuelle.
Que devient Jaïrus durant cet intermède ? Sa foi est mise à dure épreuve. Et voilà qu’encore, sans aucun ménagement, des messagers viennent lui annoncer la mort de la jeune fille. Non seulement la compassion est absente de leur message, mais ils y ajoutent un reproche qui, indirectement, s’adresse au Seigneur. “Pourquoi tourmentes-tu encore le maître ?” Est-ce que notre prière pourrait tourmenter le cœur aimant de Jésus ? Même si elle est insistante, comme celle de la veuve dans la parabole du juge inique, notre supplication ne peut importunerLuc 18. 5 celui qui se plaît à écouter la prièrePsaume 65. 3.
N’attendant pas une seconde, Jésus dit au chef de synagogue : “Ne crains pas, crois seulement”. La promptitude de la parole de Jésus ne laisse pas le temps à un quelconque désarroi de pénétrer le cœur de Jaïrus. Oui, Jésus vient au-devant de nos faiblesses et répond avant même que la prière ne soit sur nos lèvres. S’il éprouve la foi, il mesure cette épreuve selon sa parfaite sagesse.
Le Prince de la vie entre dans la maison de deuil. Les pleurs doivent cesser, surtout si ce sont des pleurs cérémoniels. La puissance divine va se déployer dans l’intimité du cercle familial, les seuls témoins étant les trois disciples désignés par le Maître. Cette scène n’est pas destinée au spectacle ; c’est le triomphe de la vie, le triomphe de l’amour.
Il en est ainsi quand quelqu’un reçoit l’amour de Jésus dans son cœur. L’âme est transportée du pouvoir des ténèbres dans le royaume du Fils de l’amour du PèreColossiens 1. 13. La conversion de quelqu’un n’a pas un but publicitaire, mais il appartiendra alors à celui qui a connu Jésus de le faire connaître à son tour.
Jésus prend la main de la jeune fille et s’adresse directement à elle. Nous voyons par là que Jésus considère celui qui est mort comme étant encore une personne. Quand il s’agit du démoniaque, Jésus ne s’adresse qu’au démon lui-même, car la personne possédée n’est vraiment plus elle-même, mais il ne le touche jamais. C’est tout différent avec cette jeune fille. La mort physique n’a pas rompu la relation avec Dieu, “car pour lui, tous vivent” Luc 20. 38.
A nouveau, l’ordre est donné de garder secret cet épisode. Le Seigneur ne recherche pas la publicité. Son rejet est déjà décrété par les chefs, il ne sert donc à rien de rendre témoignage maintenant, mais le moment viendra, après la mort et la résurrection de Jésus, où il faudra proclamer la puissance de vie de notre Sauveur. En disant qu’on donne à manger à la jeune fille, le Seigneur montre sa sollicitude pour tous les détails de l’existence et confie aux parents responsables le soin de nourrir leur enfant.
Trois résurrections opérées par le Seigneur sont relatées dans les évangiles. Chaque fois, la Parole déclare ce qui est advenu de ces personnes. Ici, la jeune fille marche et se nourrit ; c’est la part de nos adolescents, responsables eux-mêmes, mais encore sous la discipline du foyer paternel. C’est aussi le cas du fils de la veuve de Naïn qui est donné à sa mèreLuc 7. 15. Plus tard, Lazare, adulte, est laissé en pleine libertéJean 11. 44. Il en profite pour goûter la communion avec JésusJean 12. 2.