Les disciples étaient occupés d’eux-mêmes et, par conséquent, n’entraient pas du tout dans les pensées de leur Maître. Il n’est donc pas étonnant qu’ils se disputent entre eux au sujet de leurs positions respectives. S’ils avaient regardé à Jésus seul, ils ne se seraient pas regardés les uns les autres. S’ils avaient appris de leur MaîtreMatthieu 11. 29, ils auraient su ce qu’est la vraie grandeur. Mais ne sont-ils pas notre image ? C’est bien la tendance du cœur naturel qui est dépeinte ici, et pas seulement celle des disciples. Avec quelle douceur Jésus les enseigne encore ! Ce n’est pas en les admonestant, et encore moins en les menaçant. Un exemple est souvent plus éloquent que des paroles. Ce petit enfant placé au milieu des disciples va être le meilleur prédicateur possible. Non seulement son humilité est mise en évidence, mais Jésus s’identifie à cet enfant en disant qu’en recevant un tel petit en son nom, c’est lui-même que l’on reçoit. La vraie grandeur est d’être comme le Maître, et voici qu’il se compare à ce petit enfant : quelle leçon ! De plus, recevoir un petit enfant au nom de Jésus a la même valeur que recevoir Dieu lui-même.
Toujours enclins à penser à eux-mêmes, les disciples cherchent à se faire valoir en rapportant à leur Maître ce qu’ils ont dit à quelqu’un qu’ils tenaient pour un concurrent. “Il ne nous suit pas”, voilà ce qui suffit, aux yeux de Jean, pour défendre à cet homme d’accomplir quelque bien au nom du Seigneur. C’est la manifestation de l’esprit sectaire, ce sentiment qui considère le groupe auquel on adhère comme ayant seul le privilège de suivre Jésus. Un autre évangile complète la parole de Jean en disant : “Il ne te suit pas avec nous” Luc 9. 49. Mais c’est toujours le “nous” qui est mis en avant, le groupe étant mis au-dessus du Seigneur lui-même. La réponse de Jésus est significative lorsqu’il dit : “Celui qui n’est pas contre nous est pour nous” (verset 40). Dans une autre occasion, le Seigneur exprime une parole reprenant des pensées analogues, mais dans un ordre inverse : “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi” Luc 11. 23. En effet, quand il s’agit de la personne du Seigneur Jésus, si l’on n’est pas avec lui, on est contre lui ; mais quand il s’agit d’un groupe de croyants, si l’on n’est pas contre eux, on est pour eux. L’apôtre Paul l’avait bien compris quand il dit se réjouir du fait que Christ était annoncé, quand bien même c’était par esprit de parti, voire de disputePhilippiens 1. 15-18. Moïse agit de même quand il reprend Josué qui voulait empêcher un homme du peuple de prophétiserNombres 11. 27-29.
Tout service, si humble soit-il, est apprécié par le Seigneur. Rien n’est perdu de ce qui est fait pour lui et en son nom. La balance divine n’est pas réglée selon les mêmes normes que celle des hommes. Que de louanges seront adressées à Dieu lorsque le fruit de la grâce sera mis en lumière ! Ce que nous aurons peut-être sous-estimé recevra une récompense plus grande que ce qui aura fait l’admiration des hommes. Et tout sera à la gloire de Dieu.
Les petits enfants ont été sur le cœur du Seigneur lorsqu’il en a pris un entre ses bras (verset 36) ; c’est pourquoi il pense maintenant aux dangers que leur font courir les adultes. Les enfants sont faibles et influençables. Ayons donc pour eux les mêmes sentiments que notre Sauveur. L’enseignement que nous pouvons leur donner est important, mais notre conduite l’est davantage encore. Les enfants nous observent plus qu’ils ne nous écoutent. Soyons donc attentifs à notre comportement, car s’il contredit nos paroles, nous pourrons être une occasion de chute pour eux. La parole de Jésus est particulièrement sévère à cet égard. Nos membres eux-mêmes peuvent être des occasions de chute pour nous. La main, le pied et l’œil ne sont mentionnés que comme exemples, car ce sont tous nos membres moraux qui peuvent nous entraîner dans des sentiers dangereux. Couper ces membres revient à faire ce que nous enseigne l’apôtre Paul : “Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre” Colossiens 3. 5, c’est-à-dire tenez-les pour morts, ne les nourrissez pas. Tout l’enseignement du chapitre 6 des Romains peut être considéré à cet égard : notre baptême a été la déclaration, en figure, que le croyant est mort avec Christ ; par conséquent, notre ancienne nature ayant reçu sa condamnation, nous sommes invités à vivre pratiquement “en nouveauté de vie” Romains 6. 4. La triple répétition du fait d’être jeté dans le feu inextinguible (versets 43-48) souligne la terrifiante et éternelle destinée de chaque impénitent à côté de laquelle toute privation actuelle paraît bénigne. L’image du feu qui ne s’éteint pas et du ver qui ne meurt pas indique les deux aspects des tourments éternels : l’environnement douloureux et le rongement du remords.
Le chapitre se termine par une courte allégorie. Le sel avait un usage important à l’époque. La conservation des aliments, surtout des viandes, n’était possible qu’avec le sel. Son action préservatrice est prise ailleurs comme exemple de ce que doit être le croyant.
Ici, il s’agit premièrement de son action “anticorruptrice” dans le cœur de chacun. L’association du feu et du sel (verset 49) donne l’idée du jugement du mal, aussi bien dans le cœur du croyant actuellement que pour tout homme au jour du jugement final. Le feu symbolise le jugement de Dieu sur chacun, alors que le sel représente plutôt l’action de la grâce qui sépare du mal. Le cœur étant purifié par l’effet de la Parole qui sonde nos sentiments secrets, la vie du croyant devient comme une offrande pour DieuRomains 12. 1. Un autre effet du sel, c’est de relever la saveur des aliments. Si le sel perd lui-même sa propre saveur, il n’y a rien qui puisse la lui rendre. Si le chrétien perd cette énergie qui fait de lui un témoin pour Dieu, sa présence sur la terre devient inutile. Si nos cœurs se laissent purifier, il en résultera de l’harmonie dans nos rapports fraternels. “Soyez en paix entre vous” ne veut pas seulement dire “ne vous querellez pas”, mais comporte un aspect très positif. C’est avoir, les uns pour les autres, de la considération empreinte de sympathie et de prévenance.