Jésus entreprend la dernière étape de son chemin ; le point final de sa marche terrestre sera le mont Calvaire. Chemin douloureux s’il en est, chemin dans lequel Jésus doit marcher seul. En effet, ses disciples “étaient stupéfiés et craignaient en le suivant” (verset 32). Mais Jésus est devant eux, et il restera toujours devant eux comme il est devant nous maintenant encore. Lui est le chef de la foi, son “capitaine”, et le “consommateur” de la foi, celui qui l’a démontrée et réalisée dans sa perfectionHébreux 12. 2.
Bien que fort craintifs, les disciples suivent leur Maître. Jésus ne les laisse pas à leur perplexité, il les prend encore une fois avec lui pour parler à leur cœur. Il ne leur cache rien de ce qui l’attendait. Cette quatrième fois où Jésus avertit ses disciples, il leur explique vraiment en détail les circonstances qui vont se dérouler. Il ne veut pas qu’ils soient pris au dépourvu, pas plus qu’Abraham autrefoisGenèse 18. 17, 18 ou nous aujourd’hui1 Thessaloniciens 4. 13. Ont-ils compris ? Ce n’est pas si sûr. Comprenons-nous toujours l’enseignement de la Parole ? Hélas, nous ressemblons souvent aux disciples bien que nous ayons reçu l’Esprit de Dieu pour nous conduire dans toute la véritéJean 16. 13.
L’attachement des disciples au Seigneur ne peut pas être mis en doute, en particulier celui de Jacques et de Jean. Mais ce qui se manifeste surtout, c’est leur incompréhension des pensées de leur Maître. Leur attachement à Jésus n’était pas dépourvu non plus d’égoïsme ni de recherche d’honneur pour eux-mêmes. C’est bien cette pensée qui pousse Jacques et Jean à faire cette demande hardie à Jésus. Quel honneur ce serait d’avoir de telles places lors de l’apparition glorieuse de Jésus ! Tant pis pour ceux qui seraient derrière, ils n’avaient qu’à se présenter plus vite… Combien Jésus a-t-il dû être attristé en entendant une semblable demande sitôt après qu’il leur eut parlé de sa mort !
Dans d’autres conditions, nous sommes exhortés à la hardiesse pour la prièreÉphésiens 3. 12, et nous en avons des exemples remarquablesJosué 15. 18, 19, mais les sentiments qui animaient Jacques et Jean ne peuvent être approuvés par le Seigneur. En leur demandant s’ils pouvaient boire sa coupe ou être baptisés du même baptême que lui, Jésus veut leur montrer par quel chemin il va lui-même passer, chemin que nul autre ne peut suivre. “Nous le pouvons”, répondent les deux disciples. Cela correspond à la déclaration osée de Pierre quand il dira un peu plus tard à Jésus : “Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point” (14. 31). Ah ! Ce que sont nos cœurs… Tour à tour poltrons et présomptueux. Avouons que nous ne différons pas des disciples de Jésus, sinon par une moindre abnégation.
Pour le Seigneur, boire la coupe et être baptisé d’un baptêmeLuc 12. 50, c’était mourir sur la croix et subir le jugement de Dieu. Pour ses disciples, il y aura aussi la souffrance, même le martyre, mais ce ne sera que “la communion de ses souffrances” et être “rendu conforme à sa mort” Philippiens 3. 10. Le verset 40 reste énigmatique : lors du jour de Christ seulement, nous verrons la place qu’occupera chacun.
L’indignation des autres disciples semble montrer qu’ils sont animés de sentiments semblables, sans avoir osé le manifester. Le Seigneur connaissait leur cœur ; aussi va-t-il saisir cette occasion pour leur répéter la leçon déjà donnée au verset 35 du chapitre 9. Il n’est pas facile d’apprendre l’humilité, car elle correspond si peu à notre nature. De grands discours ne serviraient à rien ; il faut d’abord un exemple. S’il ne suffit pas, Dieu utilisera une autre méthode, celle qui consiste à nous humilier. Ce sera souvent par le moyen d’une faute personnelle, comme pour Pierre lors de son reniement. Dans le cas de Jean, la leçon semble avoir été apprise en se tenant près du Seigneur et en se laissant pénétrer par son amourJean 13. 23. Des éléments de la réponse de Jésus, retenons surtout ces deux choses :
Pour le monde, la grandeur est synonyme de domination. Sans même parler de dictature, combien de fois, dans des domaines aussi variés que l’économie, la politique ou la religion, la personne qui réussit à faire valoir sa personnalité, son savoir ou son expérience s’érige en autorité, ou s’y laisse porter. L’apôtre Paul réalisait ce qu’expriment les versets 43 et 44 lorsqu’il dit : “Nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur et nous-mêmes comme vos esclaves pour l’amour de Jésus” 2 Corinthiens 4. 5. Mais le Seigneur se place lui-même comme exemple suprême : “Car aussi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup” (verset 45). Voulons-nous apprendre ce qu’est l’humilité et ce qu’est la grandeur ? Regardons à Jésus, il est grand dans son abaissement, grand dans son obéissance, grand encore dans son abnégation et le don de sa propre vie. Nous n’arriverons jamais à sa stature, mais en nous nourrissant de lui, nous croîtrons en toutes choses jusqu’à luiÉphésiens 4. 13, 15.
La déclaration de Jésus concernant le don de sa vie est citée aussi en Matthieu 20. 28. Au-delà de l’exemple que le contexte spécifie, cette parole du Sauveur nous dit ce que notre salut lui a coûté : le prix de sa vie. De là découlent notre appartenance à Christ et les droits qu’il a sur nous.