Le Seigneur se trouve tout au nord du pays. A l’écart de ses contradicteurs, il pose une question à ses disciples : “Qui disent les hommes que je suis ?” Cette question est toujours d’actualité. Ce n’est pourtant pas pour mener une enquête à la façon des hommes, car le Seigneur connaissait la réponse à l’avance. Non, son but est de faire prendre conscience aux siens de l’importance de la question. Quelle est donc l’appréciation des foules au sujet de Jésus ? Quelle est, dans la société qui nous entoure, l’appréciation que l’on a de la personne de Jésus ? Le savoir doit nous stimuler à mieux témoigner pour lui.
Par la réponse des disciples, nous apprenons que les foules n’en étaient pas encore au point où nous les trouverons dans les derniers jours du ministère du Seigneur. Cependant, leur appréciation apparemment élogieuse sur Jésus n’a rien à voir avec la foi. Rien dans la Parole ne laisse entendre que le Messie, objet de l’espérance d’Israël, puisse être la réincarnation d’un ancien prophète. De telles assertions relèvent de la superstition.
Dans le monde d’aujourd’hui, qu’a-t-on fait de Jésus Christ ? Là où il n’est pas ignoré, ne l’a-t-on pas rabaissé en parlant du “petit Jésus”, seulement bon pour les histoires de Noël ? Même reconnu comme un personnage historique, il n’est estimé, au mieux, que comme un saint homme, un martyr. Dieu seul connaît ceux qui ont reçu dans leur cœur la vérité au sujet de la personne adorable de Jésus Christ : il est Dieu devenu homme – “Dieu a été manifesté en chair” 1 Timothée 3. 16 – et il est “le Fils du Dieu vivant” Matthieu 16. 16.
Le Seigneur s’adresse ensuite aux disciples : “Et vous, qui dites-vous que je suis ?” C’est la question fondamentale qui se pose à chacun : qui est Jésus ? S’il n’est, pour vous, que le fondateur de la religion à laquelle vous avez adhéré, vous êtes encore dans vos péchés, car un fondateur de religion n’a jamais pu sauver personne. Qui est Jésus pour vous ? Ou plutôt, qui est-il pour moi ? Car la réponse ne peut être que personnelle, impliquant l’engagement profond de notre cœur. Que nous puissions parler comme la bien-aimée du Cantique des cantiques, qui, à la question des filles de Jérusalem : “Ton bien-aimé, qu’est-il de plus qu’un autre bien-aimé ?” peut répondre : “Mon bien-aimé… toute sa personne est désirable” Cantique des cantiques 5. 9-16.
Dans l’évangile selon Matthieu, la réponse de Pierre est la plus complète, elle est suivie de l’approbation de Jésus à son sujet. Marc, souvent plus bref, ne met que cette simple parole dans la bouche de Pierre : “Tu es le Christ”. Elle correspondait à l’espérance d’Israël, et cela était suffisant pour la foi. De plus grandes révélations seront données plus tard, mais le moment n’était pas encore venu. C’est d’ailleurs pour cela que Jésus défend à ses disciples de le dire à qui que ce soit, car pour que quiconque reçoive valablement une telle révélation, il fallait que l’œuvre de la croix soit accomplie.
Sitôt après cette belle confession de Pierre, Jésus commence à enseigner les siens au sujet de son rejet par le peuple. Le fait qu’il ne leur en a pas parlé plus tôt peut nous surprendre, mais la raison n’est-elle pas justement dans cette confession ? En effet, si Jésus n’était qu’un homme, même un prophète, comment les disciples auraient-ils pu supporter la pensée qu’il allait leur être enlevé ? Mais il était plus qu’un homme, il était le Messie qui, selon la prophétie de Daniel, devait être retranchéDaniel 9. 26. Seul aussi, il pouvait déclarer que sa résurrection allait suivre ses souffrances et sa mort.
Dès ce moment, le chemin de Jésus se dirigerait vers Jérusalem, même si une étape le conduit jusqu’au-delà du Jourdain (10. 1). Pierre, cédant à son caractère impulsif, se met à reprendre le Seigneur. Marc ne nous dit pas de quelle façon, mais nous révèle la réponse cinglante de Jésus : “Va arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes” (verset 33). Ces mots sont prononcés à l’adresse de Pierre, mais en regardant les disciples, comme pour faire comprendre à chacun que cela aurait aussi bien pu être pour eux.
Le Seigneur appelle à nouveau la foule avec ses disciples, car l’enseignement qu’il donne les concerne tous. S’engager à suivre le Seigneur ne peut pas être fait à la légère. Comme Jésus le dit ailleurs, il faut d’abord calculer la dépenseLuc 14. 28 et prendre conscience du prix du renoncement nécessaire. C’est prendre sa croix, c’est-à-dire accepter que la mort de Christ me soit appliquée pour pouvoir dire comme l’apôtre Paul : “Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi” Galates 2. 20, ou aussi : “Nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle” 2 Corinthiens 4. 11.
S’épargner en vue d’une jouissance passagère, c’est perdre sa vie. Faire abstraction de tous les plaisirs d’un jour, c’est gagner sa vie avec des résultats éternels. Cela ne doit cependant pas être considéré comme un mérite, car c’est simplement l’évaluation des choses selon le critère divin. Même si nous sommes incompris de nos semblables, il n’y a pas lieu d’en avoir honte.
Le témoignage rendu par le disciple de Jésus aura son fruit pour l’éternité. Le verset 38 ne parle pas du salut, mais de la manifestation publique des témoins du Seigneur1 Jean 2. 28. Quand Jésus dit que le Fils de l’homme aura honte de celui qui aura eu honte de lui sur la terre, cela ne veut pas dire qu’il soit rejeté. Plutôt que d’être manifesté à la gloire de son Sauveur, il ne recevra pas cet honneur. “Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera” Jean 12. 26, ce qui sous-entend que cet honneur ne pourra pas être donné à celui qui n’a pas osé confesser ouvertement le Seigneur. La pensée d’une récompense proportionnée à la fidélité se trouve à plusieurs reprises dans la Parole, de même que la perte éprouvée à cause de diverses défaillances1 Corinthiens 3. 14, 15 ; 2 Pierre 1. 11. Cependant, toute rétribution sera accordée par la miséricorde de Dieu.