Les femmes pieuses mentionnées à la fin du chapitre précédent ne tardent pas à accomplir à l’égard de Jésus ce qu’elles avaient conçu dans leurs affections. Sitôt le sabbat passé, elles passent à l’action. Elles achètent les aromates nécessaires, suivent le chemin jusqu’au sépulcre, et voilà le soleil qui se lève déjà. Ce que relève Marc n’est pas en contradiction avec l’assertion de Jean. Ce dernier dit qu’il faisait encore nuitJean 20. 1, car les femmes sont parties avant l’aube, et il le signale pour souligner que l’état du monde n’a pas changé depuis le dernier souper au cours duquel Judas est sorti dans la nuitJean 13. 30. En disant que le soleil se levait, Marc met l’accent sur le jour nouveau qui résulte de l’œuvre parfaite accomplie par le Seigneur Jésus. Les détails de la narration que font les évangélistes ont une portée spirituelle, instructive pour nous.
“Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ?” (verset 3). Question fort embarrassante pour ces quelques femmes. Mais tout était déjà fait. Dieu lui-même avait envoyé ses anges pour permettre le constat de ce glorieux événement. Les différents récits des quatre évangélistes se complètent les uns les autres pour nous décrire les nombreux acteurs de cette journée extraordinaire. Nous y découvrons le trouble qui avait saisi les témoins oculaires de cette scène. Ces différences ont aussi une valeur spirituelle en rapport avec le caractère sous lequel le Seigneur est présenté dans chaque évangile. L’ange que ces femmes aperçoivent dans le sépulcre a l’apparence d’un jeune homme ; il est assis et vêtu d’une longue robe blanche. Cela correspond bien au service que le Seigneur vient de terminer. La fraîcheur d’une éternelle jeunesse, le repos d’une tâche achevée et la pureté parfaite, tels sont les résultats de l’œuvre de Jésus.
A l’épouvante compréhensible qui saisit les femmes, l’ange répond et délivre un message qui doit être communiqué aux disciples, à Pierre en particulier. De ce message, prenons, nous aussi, des éléments fondamentaux pour l’annonce de l’évangile :
Fort craintives, ces quelques femmes restent dans le silence. Elles parleront plus tard, d’autres évangiles le disent, mais leur réaction de peur les enferme dans le mutisme. Ne les blâmons pas, nous leur ressemblons souvent.
A partir du verset 9, le texte change de style. Ce n’est plus un récit, mais un résumé des événements faisant suite à la résurrection du Seigneur. La première apparition du Seigneur signalée par Marc est celle que donne Jean avec beaucoup de détails. Marie de Magdala s’était attachée à Jésus plus que tout autre. Délivrée de son misérable état d’autrefois rappelé dans ces versets, elle avait bien des raisons de l’aimer. Satan l’avait subjuguée, mais Jésus l’avait délivrée ; lui seul comptait dorénavant pour elle. Le Seigneur le savait ; aussi est-ce à elle qu’il réserve sa première apparition. Chargée d’un glorieux message que seul Jean fait connaîtreJean 20. 17, Marie va l’annoncer aux disciples. Ceux-ci sont dans le deuil et pleurent, mais hélas, ils refusent d’accorder crédit aux paroles de Marie.
Luc relate en détail la rencontre du Ressuscité avec les deux disciples qui marchent tristement sur le chemin d’Emmaüs. Marc ne dit que quelques mots, mais précise que cette apparition de Jésus l’a été sous une autre forme (verset 12). Qu’est-ce à dire, sinon que le corps de Jésus, dans la résurrection, n’a plus la forme physique qu’il avait précédemment. Son apparence pouvait être celle d’un jardinier pour MarieJean 20. 15 ou celle d’un voyageur ordinaire pour les deux disciples d’EmmaüsLuc 24. 15, 16. Plus tard, il a fallu qu’il convainque ses disciples craintifs en leur demandant de le toucherLuc 24. 39.
Durant les jours de sa chair, “son visage était défait plus que celui d’aucun homme” Ésaïe 52. 14, mais après sa résurrection, les stigmates de la crucifixion demeurent les seules marques de ses souffrances. Quand il viendra dans sa gloire, les hommes, avec stupéfaction, verront celui qu’aucun livre n’a pu décrire. Ce ne sera plus l’enfant Jésus dans les bras de sa mère ni l’homme suspendu à la croix. Les hommes verront alors celui que le prophète appelle le serviteur de l’Éternel exalté, élevé et placé très hautÉsaïe 52. 13.
L’incrédulité des disciples peine le cœur du Seigneur. En les reprenant à ce sujet (verset 14), il interprète ce manque de foi comme étant de la dureté de cœur. Quand l’évangile est prêché, il s’agit de recevoir par la foi le témoignage de la Parole concernant la résurrection de Jésus. Si cette résurrection est mise en doute, la foi quant aux autres éléments de l’évangile perd toute valeur. L’apôtre Paul insiste particulièrement sur ce point1 Corinthiens 15. 2, 14, 17. Le salut dépend de la grâce de Dieu et de la foi au témoignage des apôtres.