Conduit par la troupe dirigée par Judas, Jésus est amené au souverain sacrificateur. C’était encore la nuit, car le coq n’a chanté qu’à la fin du procès. Toute cette activité nocturne correspond bien à la nature morale de ceux qui en sont les acteurs. Le Seigneur avait dit à Nicodème : “Quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu” Jean 3. 20, 21. Quant à Nicodème, il n’agira plus de nuit pour embaumer le corps du Seigneur : il aura reconnu la vérité ! Jean 19. 39
Un rassemblement de tous les principaux des Juifs se forme spontanément à cette occasion. Ils vont s’unir pour leur sinistre besogne, puis s’associeront encore à Hérode et à Ponce Pilate pour accomplir tout ce que la main et le conseil de Dieu avaient déterminé d’avanceActes 4. 27, 28. Ils sont les jouets de Satan, mais, en même temps, accomplissent le plan divin. Cela ne diminue en rien leur responsabilité. Pierre le leur dira plus tard : “Vous avez renié le saint et le juste… vous avez mis à mort le prince de la vie” Actes 3. 14, 15. Mais quant à lui, pour le moment, il suit de loin et cela le conduira au reniement.
Dans tout procès, un chef d’accusation est indispensable. Le sanhédrin cherche donc quelque témoignage, mais n’en trouvant point, il fait appel à de faux témoins. Incapables de tomber d’accord sur le mensonge à avancer, ceux-ci usent de fausseté en déformant les paroles du Seigneur (verset 58). La faiblesse de leur faux témoignage ne trompe pourtant pas les chefs, car ils avoueront plus tard avoir compris ces paroles en sollicitant une garde du gouverneur lors de l’ensevelissement de JésusMatthieu 27. 63, 64. Le Seigneur se tait ; il est comme une brebis muette devant ceux qui la tondent.
Usant de sa prérogative, le souverain sacrificateur fait entendre la parole d’adjuration à laquelle tout Juif fidèle devait répondre. Dans sa soumission parfaite à la loi (verset 62), le Seigneur Jésus fait alors la confession claire de son titre de Messie et de Fils de Dieu et de son droit à l’autorité universelle comme Fils de l’hommeDaniel 7. 13, 14. Il savait bien qu’une telle déclaration signerait irrévocablement sa condamnation, mais loin de s’y soustraire, il rend un ultime témoignage qui aurait dû toucher leur conscience. C’est alors le déchaînement de la haine et de la bassesse, la mise à jour de toute la fange qui réside au fond du cœur de l’homme.
Le verset 54 avait déjà parlé de Pierre qui suivait de loin. Il était entré dans la cour du palais et avait pris place près du feu, pour se chauffer avec les huissiers qui avaient amené Jésus. Attiré par la chaleur du feu, il reste dans cette compagnie douteuse, il ne réalise pas la part bienheureuse de ceux dont parle le psaume 1 : “Bienheureux l’homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s’assied pas au siège des moqueurs” Psaume 1. 1. Rien d’étonnant alors que ce cher disciple perde toute force pour résister au mal. Sa position même le compromettait. Il est vrai que le croyant est appelé à être témoin partout où il se trouve, mais il ne doit pas se trouver là où le Seigneur ne peut pas l’accompagner.
Quel triste récit que celui du reniement de Pierre ! Qu’aurais-je fait si j’avais été là, moi aussi ? Qui pourrait assurer ne pas être tombé dans la même faute, même en des circonstances moins difficiles ? Prendre ses aises en association avec le monde qui a rejeté Christ, rechercher les éloges de nos concitoyens plutôt que de se déclarer ouvertement pour Jésus Christ et son évangile, voilà déjà le début du reniement ! Nous ne pouvons pas nous ériger en juge de ce disciple, mais nous devons recevoir la leçon que ce récit nous enseigne.
Marc relate sans complaisance la triste scène du reniement. Lui seul parle du double chant du coq, ce qui souligne la responsabilité de Pierre, il mentionne aussi ses imprécations. Quel sombre tableau ! Le chant du coq s’est donc fait entendre deux fois, car la première n’a pas suffi pour atteindre la conscience de Pierre. Pour chacun aussi, Dieu parle une fois, et deux fois… y prenons-nous garde ? Job 33. 14 Au deuxième chant du coq, Pierre se rappelle l’avertissement donné par le Seigneur le soir même. Sa conscience est touchée et son cœur est brisé.