Des nombreuses paraboles rapportées par Matthieu, seules quelques-unes le sont aussi par Marc. Celle que nous considérons maintenant se trouve dans les trois premiers évangiles. Elle a un caractère particulier en ce qu’elle est la dernière adressée aux Juifs et qu’elle signifie la condamnation de ce peuple. Elle fait suite à la contestation des principaux du peuple concernant l’autorité de Jésus.
L’image d’une vigne pour représenter Israël est fréquente dans la ParolePsaume 80. 8-16 ; Ésaïe 5. 1-7 ; Jérémie 2. 21. Chaque fois, Dieu doit constater avec douleur que le fruit attendu n’a pas été produit, ou alors, comme dans cette parabole, qu’il lui a été ravi. Il faut attendre Jean 15 pour apprendre que le Seigneur est lui-même le vrai cep dont les fruits apparaîtront après l’œuvre de la croix.
Cette parabole des vignerons fait connaître plusieurs choses :
En entendant cette parabole, les chefs du peuple se rendent compte qu’elle les condamne ; aussi cherchent-ils d’emblée à se saisir de Jésus. Mais pour l’instant, ils craignent la foule, et l’exécution de leur dessein est renvoyée à plus tard. Quand leur heure sera venue, et le pouvoir des ténèbres qui les subjugueLuc 22. 53, aucun scrupule ne les retiendra plus.
Lorsque le mal est décidé par les chefs, toutes les actions iniques leur semblent bonnes pour arriver à leurs fins. Peu importe l’anomalie des alliances conclues, entre pharisiens et hérodiens par exemple, pourvu qu’on réussisse à faire tomber celui dont on veut la chute. C’est bien ce que ces versets nous montrent. Le psalmiste avait déjà dit cela : “Tout le jour, ils tordent mes paroles ; toutes leurs pensées sont contre moi en mal. Ils s’assemblent, ils se cachent, ils observent mes pas, car ils guettent mon âme” Psaume 56. 6, 7. Mais aucun piège ne pourra faire tomber le Seigneur ; au contraire, ce seront ses ennemis qui tomberont dans leurs propres filetsPsaume 7. 16 ; 9. 16.
Avec toute la fausseté dont l’homme est capable, ces ennemis de Jésus cherchent à le surprendre dans ses paroles. Pensant que le piège est sans faille, ils sont sûrs de pouvoir le condamner. Qu’il réponde soit oui, soit non, ils auront en main un chef d’accusation irréfutable : si oui, Jésus soutient les oppresseurs, il est donc condamné pour collaboration avec l’ennemi et ne peut donc être le Messie ; si non, il est condamné pour rébellion à l’autorité civile. Mais voici que Jésus, avec une sagesse infinie, utilise leur propre pièce à conviction pour les réduire au silence. Leur asservissement à la puissance romaine est démontré, anticipant ce qu’ils diront eux-mêmes : “Nous n’avons pas d’autre roi que César” Jean 19. 15. Devenue une maxime populaire, la réponse de Jésus a plusieurs applications. La partie la plus importante est le deuxième élément de cette réponse, lequel est souvent passé sous silence. Les “choses de César” se rapportent aux diverses obligations civiles, mais les “choses de Dieu” impliquent notre entière soumission à la parole de Dieu.
L’ennemi ne se tient jamais pour battu. Il a essayé de tendre un piège au Seigneur par l’entremise des pharisiens et des hérodiens, maintenant il utilise les sadducéens. Ce parti religieux est caractérisé par l’incrédulité, c’est-à-dire ce que l’on appelle aujourd’hui le rationalisme. Pour étayer leur raisonnement, ces contradicteurs se basent sur la parole de Dieu, ce qui n’est pas rare aujourd’hui encore. S’appuyant sur la loi du “lévirat” Deutéronome 25. 5, ils échafaudent toute une argumentation, peu plausible d’ailleurs, pour chercher à démontrer le non-sens de la doctrine de la résurrection.
Encore une fois, le Seigneur les confond par une réponse pertinente, leur disant : “N’est-ce pas à cause de ceci que vous errez, c’est que vous ne connaissez pas les Écritures, ni la puissance de Dieu ?” (verset 24). En effet, celui qui voudrait essayer de réfuter la parole de Dieu devrait premièrement la lire humblement et attentivement. Plusieurs l’ont fait avec droiture et ont été convaincus de leur folie. Pour le croyant aussi, lorsqu’une chose lui paraît obscure, le premier mouvement doit être de rechercher dans la Parole elle-même ce qui est dit sur ce sujet en demandant à Dieu de l’éclairer par son Esprit. Réalisant aussi que nous ne connaissons qu’en partie, nous laisserons Dieu nous éclairer plus tard s’il le juge bon.
Les relations humaines, en particulier familiales, sont pour la terre. Ce qui aura été produit par grâce dans ces relations subsistera, mais les relations elles-mêmes ne seront plus ce qu’elles étaient ici-bas. Précaires et vulnérables, elles feront place à ce qui est indestructible. Par contre, notre relation personnelle avec Dieu demeurera éternellement, parfaite et glorieuse. C’est la signification de la conclusion du Seigneur qui dit : “Moi je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob… il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants” (verset 26). Il est précieux de pouvoir dire : Jésus est mon Sauveur, je lui appartiens personnellement, pour l’éternité.