“Ils s’affermissent dans de mauvaises choses, ils s’entretiennent ensemble pour cacher des pièges ; ils disent : Qui le verra ?” disait déjà DavidPsaume 64. 6. Jérémie aussi, vrai type de Christ1, disait : “Et moi j’étais comme un agneau familier qui est mené à la tuerie ; et je ne savais pas qu’ils faisaient des complots contre moi, disant : Détruisons l’arbre avec son fruit, et retranchons-le de la terre des vivants, afin qu’on ne se souvienne plus de son nom” Jérémie 11. 19. Le Seigneur savait, lui, quels étaient les projets des chefs du peuple, mais rien ne l’arrêtait dans l’accomplissement de sa mission divine. Aussi pensait-il à la Pâque qu’il voulait célébrer avec ses disciples et dont il allait être lui-même la réalité par son sacrifice parfait.
Pour les Juifs, le respect des institutions religieuses avait une très grande importance. Il fallait tout faire pour ne pas courir le risque d’une perturbation quelconque durant ces jours sacrés. La Pâque devait être célébrée le quatorzième jour du premier mois et elle était suivie aussitôt par la fête des Pains sans levain qui durait sept jours. L’arrestation de Jésus devait donc être programmée pour le lendemain de la fête, dix jours plus tard. Tels étaient les plans de l’homme, mais les plans de Dieu étaient différents.
Les calculs des sacrificateurs au sujet du risque de tumulte sont mentionnés là pour nous montrer la perversité du cœur humain et en particulier de celui de l’homme religieux non pénétré de la grâce de Dieu. Ces mêmes personnes vont le montrer deux jours plus tard en amenant Jésus devant Pilate. Excitant les foules, ils provoqueront leurs cris et leurs injures ce même jour où il fallait sacrifier la Pâque, mais quant à eux, ils ne voudront pas entrer dans le palais de Pilate pour ne pas se souillerJean 18. 28 !
Les jours qui précédaient la passion de notre Sauveur comportaient pour lui quelques moments précieux. Le repas à Béthanie a été comme un baume pour le cœur de Jésus. Le passage du Seigneur dans ce village était fréquent au cours de la dernière semaine de son ministère. Chaque soir, il sortait de la ville pour s’en aller, soit à la montagne des OliviersLuc 21. 37, soit à Béthanie (11. 11). Cette localité bénéficiait donc d’un privilège particulier. Le témoignage rendu par Lazare, Marthe et Marie n’était probablement pas étranger au climat propice qui régnait dans le village. En est-il toujours ainsi dans nos localités ?
C’est dans la maison de Simon le lépreux que cet heureux repas a été servi. L’évangile selon Jean met l’accent sur Lazare et ses deux sœurs, raison pour laquelle Simon n’y est pas nommé. Marc et Matthieu font l’inverse en ne mentionnant que Simon. Nous est-il permis d’imaginer ce qui doit s’être passé alors ? Simon, certainement guéri par le Seigneur, désire offrir lui aussi l’hospitalité à Jésus. Il invite alors la famille voisine et met sa maison à disposition. Chacun trouve la place appropriée et chacun recevra le témoignage de l’approbation du Maître. Quel bel exemple de la mise en commun des dons de Dieu, pour la satisfaction du cœur de Jésus !
De toutes les personnes présentes, une seule est mise en évidence par Marc et par Matthieu. Sans même indiquer son nom, ces deux évangélistes soulignent l’acte remarquable de Marie. Son cœur, plein d’affection pour son Seigneur, est rendu intelligent : elle seule discerne le moment unique pour apporter à Jésus ce qu’elle avait mis en réserve pour lui. Ce parfum de nard pur représente l’adoration du cœur qui exalte l’excellence de la personne du Bien-aimé dont le nom est un parfum répanduCantique des cantiques 1. 3.
Hélas, la scène décrite ne se termine pas sur cette note heureuse. Quelques-uns s’indignent de voir ce parfum perdu… Ce que nous offrons au Seigneur est-il du gaspillage ? L’évangile selon Matthieu dit que les disciples se sont indignés, et Jean relève les paroles de Judas. Cependant cela nous interpelle tous, car quelle est notre appréciation de tout ce qui se fait pour le service du Seigneur ? Pensons-nous toujours que l’amour pour le Seigneur est le mobile profond des actes de nos frères ? Notre propension à les juger est sérieusement blâmée par la ParoleRomains 14. 10-13 ; 1 Corinthiens 4. 5 ; Jacques 4. 11 et notre texte le met en évidence.
Appréciant à sa juste valeur l’acte de sa servante, le Seigneur ne la laisse pas à son déplaisir. Bien au contraire, il va dire à son sujet ce qui ne sera dit de nul autre : on parlera de l’acte de cette femme dans tous les lieux où sera prêché l’évangile, en mémoire d’elle (verset 9). D’autres femmes prépareront des aromates pour embaumer le corps de Jésus. Elles arriveront trop tard (16. 1-6). Marie a choisi le bon moment, comme elle avait choisi précédemment la bonne partLuc 10. 42. Si, aux pieds de Jésus, nous écoutons sa parole, nous pouvons, comme elle, être rendus intelligents.