Le service incessant du Seigneur se poursuit encore, de sorte que même ses proches ne le comprennent plus. En effet, qui supporterait une activité telle que l’on ne trouve plus le temps de manger ? Il est vrai que souvent la pression de la vie trépidante nous contraint d’abréger à l’excès le temps consacré aux repas, au préjudice de notre santé physique et psychique. A la différence toutefois que pour nous, c’est souvent pour gagner davantage, alors que pour Jésus, tout n’était que dévouement.
Ne saisissant pas quelle était la vraie nature de Jésus, ses proches croient devoir intervenir pour contraindre le Seigneur à quitter son service. Cette initiative, même dictée par de bons sentiments, résulte d’une appréciation un peu blasphématoire : il est hors de sens, disent-ils. Mais qui étaient ces “proches” ? Traduit parfois par “ses parents”, l’expression ne signifie pas son père et sa mère, mais des personnes de sa parenté. L’évangile selon Jean déclare que ses frères ne croyaient pas en lui durant le temps de son ministèreJean 7. 5 ; toute la parenté du Seigneur était donc perplexe à l’égard du service qu’accomplissait Jésus. D’ailleurs, il en est toujours ainsi si l’on ne reconnaît pas la divinité de Christ dans tous ses actes et toutes ses paroles.
Les scribes qui se trouvaient là ont un jugement totalement pervers, attribuant à Satan lui-même la puissance exercée par le Seigneur. Cette appréciation est dénoncée par le Seigneur Jésus comme étant la déclaration ouverte de son rejet par les chefs du peuple. Trois évangiles font mention de cet épisode qui marque un tournant crucial dans le ministère du Seigneur.
Être incompris, jugé, taxé de fou et assimilé à Satan lui-même, quelle douleur pour le cœur de Jésus ! Il réalise les déclarations prophétiques du psaume : “Les calomniateurs se sont rassemblés contre moi… Avec d’impies parasites moqueurs, ils ont grincé les dents contre moi” Psaume 35. 15, 16. Toutefois, venu pour sauver et non pour juger, le Seigneur n’a pas demandé la vengeance qu’indique ce psaume.
Le Seigneur n’a pas souvent répondu aux paroles dures exprimées par ses ennemis. Mais, à cette occasion, il ne peut passer sous silence l’injure prononcée, car elle s’adressait à Dieu et à l’Esprit Saint. Deux versets des Proverbes correspondent à l’attitude toujours parfaite du Seigneur : “Ne réponds pas au sot selon sa folie, de peur que toi aussi tu ne lui ressembles. Réponds au sot selon sa folie, de peur qu’il ne soit sage à ses propres yeux” Proverbes 26. 4, 5. En effet, par un argument fort simple, Jésus démontre le non-sens des accusations formulées contre lui, et de plus, il déclare quelle sera la fin de Satan et de son royaume ténébreux.
Qui donc dépouillera ce puissant ennemi, cet homme fort, si ce n’est celui qui l’a déjà lié lors de la tentation au désert ? Au jardin d’Éden, l’homme et la femme ont été vaincus par le diable, et toute leur descendance après eux. Il fallait que quelqu’un de plus fort que Satan intervînt, tout en étant homme, pour le lier et entrer dans son domaine afin de délivrer ceux qu’il tenait captifs. A la mort du Seigneur, cette victoire a été remportée. Voilà le sens profond de l’allégorie exprimée par Jésus au verset 27.
Cette question du péché non pardonnable a troublé bien des croyants. Chaque évangile qui l’exprime met cette parole de Jésus en relation avec l’accusation des scribes qui attribuent à Satan la puissance exercée par le Seigneur. Marc insère cette réflexion : “C’était parce que les scribes disaient : Il a un esprit impur” (verset 30).
Que chacun soit donc bien persuadé que ce péché ne peut pas concerner une personne anxieuse quant à l’état de son âme, car il suppose un état d’opposition et d’endurcissement extrême.
Ce péché caractérisait les chefs du peuple qui refusaient de recevoir le message de la grâce en mettant Jésus au niveau des agents de Satan. La puissance en activité dans les miracles du Seigneur était la puissance de l’Esprit Saint dont il avait été oint au baptême de JeanActes 10. 38. Dire que cette puissance était démoniaque, c’était injurier l’Esprit Saint, c’était rejeter Dieu en face alors qu’il se manifestait en grâce et avec une clarté qui laissait totalement responsable celui qui s’opposait.
Après l’intervention des proches du Seigneur, sa mère elle-même entre en scène pour appeler Jésus. Les sentiments naturels d’une mère sont si forts que, passant outre à toute convenance vis-à-vis de ce fils dont elle connaissait l’origine, Marie cherche à faire valoir ses droits. C’est alors l’occasion pour le Seigneur de dire ce que doit être une relation vitale avec lui. La relation selon la naissance était dorénavant terminée, vu le rejet que les chefs du peuple lui avaient signifié. La seule relation pouvant être établie, et que le Seigneur reconnaît, est celle basée sur l’écoute de la Parole et l’obéissance à la volonté de Dieu.
Aujourd’hui encore, nul ne peut se prévaloir d’une intimité de droit naturel avec le Seigneur. L’appartenance à la religion chrétienne ou à une race privilégiée comme l’est celle des Juifs, ne confère rien. L’apôtre Paul le dit clairement : “Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi” 2 Corinthiens 5. 16. Lui-même aussi fait table rase de tous ses privilèges religieux ou nationaux, pour ne chercher qu’à connaître son Seigneur auquel il s’attache par-dessus toutPhilippiens 3. 4-11.