Jésus a quitté la maison pour se rendre près de la mer. Là, une grande foule se rassemble à nouveau auprès de lui, de sorte qu’il monte sur une barque pour pouvoir parler plus aisément aux foules qui se pressent sur le rivage. Une distance est dorénavant établie entre le Seigneur et son peuple, mais il continue à les enseigner. Son langage n’est cependant plus le même, compte tenu de l’état d’esprit de ceux qui ont déjà décrété son rejet. Jésus est sorti de la maison qui représente Israël, pour se rendre près de la mer, image de tous les peuples de la terre. Le langage du Seigneur devient énigmatique, afin de ne pouvoir être compris que par la foi et par ceux qui goûtent l’intimité de sa communion (4. 33, 34).
Cette première parabole rapportée dans les évangiles a un sens fondamental applicable à tout l’enseignement biblique. Les quatre terrains envisagés reçoivent la semence répandue. Les différents états de cœur y sont alors manifestés. La semence représente la parole de Dieu et donc aussi le témoignage que Dieu rend par tous les moyens. Ce témoignage est suffisant par lui-même, mais son résultat dépend de la façon dont il est reçu. Il en est ainsi pour l’évangile annoncé aujourd’hui, comme il en était de la parole de Dieu transmise à Israël par Moïse et les prophètes. Même le témoignage muet de la création dont la voix se fait entendre jusqu’aux extrémités de la terrePsaume 19. 2-5 ne peut produire un résultat que dans un cœur préparé.
Entre l’exposé de la parabole et son explication donnée aux disciples, une exclamation sort de la bouche du Seigneur, et ces mots sont aussi pour nous : “Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende” (verset 9). Avons-nous des oreilles toujours ouvertes, capables de recevoir les enseignements et les avertissements de la Parole ?
Le désir des disciples exprimé au Seigneur devrait être aussi le nôtre, et il nous répondra comme il leur a répondu. Les mystères du royaume de Dieu sont mis à la portée de la foi, mais ne sont pas livrés aux investigations des sceptiques et des raisonneurs. “Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants”, disait Jésus en une autre occasionMatthieu 11. 25.
La citation des versets 9 et 10 d’Ésaïe 6 confirme le fait du rejet de Jésus par Israël. Mieux encore que le prophète, Jésus a été envoyé vers le peuple de Dieu. Son témoignage étant refusé par les chefs du peuple, un jugement est prononcé pour confirmer leur incrédulité. Le Seigneur enseigne néanmoins ses disciples ainsi que tous ceux qui veulent bien ouvrir leurs oreilles.
Le premier des terrains mentionnés est un chemin. C’est la dureté d’un cœur soumis à toutes les influences du monde. Il est blasé de tout et, pour lui, tout est superficiel. Satan a tôt fait de ravir la parole entendue. Que de foules, hélas, entendent journellement un témoignage de l’évangile, ne serait-ce que la date du calendrier qui proclame le nombre d’années écoulées depuis la naissance du Sauveur, sans même penser à la signification de la chose ?
Le deuxième terrain, dur aussi, reçoit cependant une influence passagère. On est saisi par un message qui a touché les sentiments sans que la conscience soit vraiment réveillée. L’effet produit peut être de la joie ou une émotion forte, mais rien n’est durable. La vie reprend son cours et tout s’évanouit.
Il semble y avoir plus d’espoir avec le troisième terrain, car l’enracinement a eu lieu. La tige a grandi, mais malheureusement la broussaille environnante n’a pas été ôtée. La lumière ne pénètre pas et les racines des buissons font s’étioler la plante. Combien de cœurs ne correspondent-ils pas à cette image ? L’apôtre Pierre nous dit que pour croître à salut, il faut d’abord rejeter malice, fraude, hypocrisie, envie et médisances1 Pierre 2. 1, et l’épître aux Hébreux, nous demandant de courir vers le but, nous dit aussi de rejeter tout fardeau et le péché qui nous enveloppeHébreux 12. 1. Sans ce débroussaillage, aucun fruit ne peut être porté. Ah, si chacun pouvait être le quatrième terrain ! Non seulement celui qui entend l’évangile pour la première fois, mais nous tous, croyants de longue date, qui nous habituons trop facilement à l’entendre sans y prendre garde ! Ce terrain a été préparé pour recevoir la semence, mais la production n’est pas identique chez chacun. Un progrès est souhaitéJean 15. 2, 8, mais nous pouvons y voir aussi la caractéristique de chaque “saison” : jeunesse, âge mûr, vieillessePsaume 1. 3 ; 92. 15.
Si la parabole du semeur interpelle particulièrement ceux qui entendent la Parole, l’enseignement général que le Seigneur donne en conclusion s’applique à ceux qui ont reçu cette Parole afin qu’ils prennent conscience de leur rôle de témoins. L’évangile qui a pénétré le cœur devient une lumière ; le croyant est une lampe dont le rôle est de répandre la lumière. Notre paresse y fait souvent obstacle. Il y a donc une responsabilité pour le racheté du Seigneur, et la manière dont nous l’aurons assumée sera mise en évidence au jour de Christ. Le fait que l’expression du verset 23, déjà formulée au verset 9, soit ainsi répétée, souligne l’importance de l’enseignement donné qui, ici, s’adresse particulièrement au croyant.
Nous avons un privilège immense de connaître la parole de Dieu, mais cela entraîne une grande responsabilité. Si nous limitons les enseignements du Seigneur donnés par cette parabole à leur application pour la proclamation de l’évangile, nous risquons d’être sous le coup de la sentence du verset 24. Quel a été le fruit produit dans nos cœurs à la suite des prédications déjà entendues ? N’y a-t-il pas eu quelque broussaille qui aurait étouffé maints épis ? Chacun peut se poser de telles questions pour se placer ensuite dans la pleine lumière de cette même Parole, et confesser humblement devant Dieu son manque d’amour pour celui qui, ayant tout fait pour nous, s’attend à recevoir en retour un cœur qui lui soit dévoué. La parole de Jésus rapportée au verset 25 est identique à celle qui conclut la parabole des talentsMatthieu 25. 29. Notre responsabilité est donc mise en évidence pour nous inciter à la diligence dans un témoignage fidèle.