Alors que Jésus est en prière, seul sur la montagne, les disciples sont pris dans une tempête au milieu de la mer. Situation périlleuse déjà vécue avec Jésus dans la barque, mais maintenant, il n’est pas là. Bien qu’endormi alors, Jésus était intervenu sitôt réveillé. Mais cette fois, ils sont seuls, contraints eux-mêmes à faire face aux éléments déchaînés. Ils se tourmentaient à ramer, est-il dit, car le vent leur était contraire (verset 48).
C’est bien l’image des périodes difficiles de notre vie chrétienne où tout semble nous être opposé. Parfois, nous réalisons que Jésus est là, même s’il n’intervient pas : “Pourquoi dors-tu, Seigneur ?” Psaume 44. 23, c’est le cri poussé dans notre angoisse. Mais parfois aussi, comme dans notre récit, il semble que le Seigneur nous ait laissés seuls. Pourtant, c’est lui qui nous a conduits dans ce chemin (il a contraint les disciples à passer à l’autre rive), il nous voit, il intercède pour nous et il mesure le temps et la longueur de l’épreuve.
En effet, le temps est compté : c’est vers la quatrième veille que Jésus vient à eux (verset 48) ; et la longueur aussi, car Jean précise qu’ils ont ramé vingt-cinq à trente stadesJean 6. 191. Rien n’est laissé au hasard ni à la merci des circonstances. Par la manière choisie pour son intervention, le Seigneur démontre sa puissance et sa divinité. Les lois de la nature ont été établies par luiColossiens 1. 16, c’est lui qui les maintientHébreux 1. 3 et il a le pouvoir de se les assujettirPhilippiens 3. 21. En marchant sur les eaux pour s’approcher des siens, Jésus leur donne un enseignement qui est aussi pour nous : notre Seigneur ne peut pas être dominé par les circonstances ; elles sont toutes dans sa main et il les conduit pour notre bienRomains 8. 28.
Les disciples croient voir autre chose que Jésus quand il s’approche. Que discernons-nous dans nos difficultés ? Le hasard ou même la main de l’Ennemi ? Avouons que parfois il nous est difficile d’y voir Jésus lui-même. Et pourtant sa voix nous dit, comme aux disciples alors : “C’est moi ; n’ayez point de peur” (verset 50).
En son temps, Job a traversé des épreuves terribles. Il aurait presque été autorisé à y voir Satan lui-même, vu ce que nous révèlent les deux premiers chapitres de son livre. Mais il attribue tout à Dieu, et c’était juste, sans toutefois qu’il soit autorisé à l’accuser comme il l’a fait.
L’histoire d’Élie aussi fournit un enseignement à ce sujet : caché dans la caverne, le prophète assiste au déchaînement des éléments naturels. Il est dit chaque fois : “l’Éternel n’était pas dans le vent… dans le tremblement de terre… dans le feu”. Sitôt après, une voix douce et subtile se fait entendre et le prophète comprend d’emblée que Dieu est là1 Rois 19. 11, 12.
Prenons donc confiance quand survient l’épreuve ; Dieu la permet pour nous faire mieux entendre la voix subtile de la grâce, celle qui encourage, fortifie et console.
Le but de la traversée est atteint sans difficulté, après que la tempête s’est calmée à la voix du Maître. Là, sur l’autre rive, il est aussitôt reconnu et entouré par une foule nombreuse. L’évangile selon Jean fait connaître l’état moral de cette foule à laquelle le Seigneur s’adresseJean 6. 25-66, mais en Marc, il s’agit des besoins directs de ces gens, et le parfait Serviteur se plaît à y répondre. Dans les villes, les villages et les campagnes, où qu’il entre, Jésus est comme assailli par toute la misère physique de ces pauvres Galiléens.
Une chose surprend dans ces versets. Il est dit qu’on le priait de laisser les infirmes toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris (verset 56). Nous avons déjà vu le cas de la femme craintive au chapitre 5. Le Seigneur l’appelle alors pour avoir un contact personnel et public avec elle. Rien de cela n’est mentionné ici. N’avons-nous pas un tableau prophétique de ce que sera le règne futur de Christ où sa seule présence apportera la guérison ? “Pour vous qui craignez mon nom se lèvera le soleil de justice ; et la guérison sera dans ses ailes” Malachie 3. 20. Maintenant déjà, le plus petit mouvement de la foi conduit l’âme au salut éternel. Comme l’a exprimé un serviteur de Dieu : “Dans la plus faible mesure où une âme saisit Jésus, celui-ci est suffisant pour elle.”