Avant le service, les douze avaient été appelés par le Seigneur afin d’être auprès de lui. Au terme de leur mission, c’est de nouveau auprès de Jésus que les apôtres se rassemblent. Là, les instructions avaient été données ; là encore, la juste appréciation du Seigneur peut être maintenant communiquée. Ils lui racontent tout. Puissions-nous aussi ne rien cacher à notre Sauveur, lui qui connaît tous nos faits et gestesPsaume 139. 1-12.
Le service incessant de Jésus ne lui laissait guère de détente, mais quand les siens reviennent de leur service, il veut qu’ils se reposent. Mais pas n’importe comment : le repos doit être limité (“un peu”), loin des dangers du monde (“à l’écart”) et dans la présence de leur Maître. Le Seigneur n’exige pas des siens qu’ils s’épuisent entièrement à son service. Le dévouement est apprécié à sa juste valeur, mais le Seigneur connaît les limites de ceux qu’il emploie. Vouloir les dépasser peut ne pas être exempt d’orgueil. La sagesse est toujours nécessaire pour discerner la mesure que le Dieu de mesure a départie à chacun2 Corinthiens 10. 13.
Le repos ne peut pas être goûté bien longtemps, car déjà une grande foule se rassemble auprès de Jésus. Leur besoin est grand, comme aussi leur soif d’entendre la Parole. Personne, parmi leurs chefs, leurs anciens et leurs scribes, n’avait pu nourrir ce peuple. La parole prononcée par le prophète ne se vérifiait que trop, aussi le Seigneur se présente-t-il au milieu de ses brebis dispersées, comme Ézéchiel l’avait annoncéÉzéchiel 34. 1-31.
Les compassions de Jésus se manifestent aussitôt, son cœur étant saisi d’émotion à la vue de ce troupeau. La nourriture qui leur est nécessaire, c’est d’abord un solide enseignement. Mais cela ne suffit pas, car les forces du corps ont aussi besoin d’être renouvelées. Le Seigneur leur fournira tout ce qu’il faut pour répondre aux besoins de l’être entier. Jacques dit aussi que la parole d’encouragement ne suffit pas si rien n’est donné pour les besoins concrets du corpsJacques 2. 15, 16.
Dans cette circonstance, les disciples n’entrent pas dans la pensée de leur Maître. Renvoie-les, disent-ils, il se fait tard et nous n’avons rien pour eux. Leur repos avait été raccourci, aussi comprend-on leur attitude, probablement un peu égoïste. Nous leur ressemblons ! Mais alors quelle réponse Jésus leur donne : “Vous, donnez-leur à manger” ! Est-ce que parfois le Seigneur ne nous dit pas la même chose ? Quand nous prions pour les malades ou pour les démunis, n’avons-nous pas conscience qu’il y a quelque chose à faire de notre part ?
Jésus seul pourvoit à tout, mais il veut nous utiliser comme ses collaborateurs. Nous n’avons pas grand-chose ? Apportons-le-lui et il le multipliera. Cinq pains et deux poissons vont suffire pour cette multitude, car ce que Jésus bénit se multiplie. Il y a même eu des restes dont on remplit douze paniers, les absents auront donc eux aussi leur part. Rien ne peut être perdu et rien ne doit être gaspillé. Ces maigres ressources représentent ce que nous avons reçu et qui, avec la grâce et la bénédiction du Seigneur, sera tout à fait suffisant pour combler les besoins de plusieurs.
La foule a été nourrie, elle peut donc se retirer, car c’est le soir. C’eût été agréable aux disciples de donner congé à tous ces gens et de recevoir quelques compliments de leur part. Mais Jésus les en empêche, peut-être à cause du peu d’empressement qu’ils avaient montré pour accueillir la foule. Le Seigneur contraint donc les disciples à passer à l’autre rive, restant lui-même seul avec la foule. Rien n’est rapporté, en Marc, sur le moment qui a suivi cette multiplication des pains. Jean, par contre, cite l’engouement des foules qui voulaient prendre Jésus pour le faire roiJean 6. 14, 15. Est-ce là aussi une des raisons de la mise à distance des disciples ?
Jésus se retire maintenant, seul avec son Père, en prière sur la montagne. Les évangiles montrent souvent le Seigneur en prière ; Luc surtout le met en évidence. Jésus nous montre ainsi que tout service doit être précédé de la prière, être accompli dans un esprit de prière et ne se termine pas sans qu’encore la prière en soit le couronnement.
Cette scène annonce le service d’intercession que réalisera notre Sauveur au jour où il sera élevé dans la gloire. C’est bien sur cette affirmation que se termine l’évangile selon Marc, le Seigneur coopérant avec les siens (16. 20).