Pour Israël, le Jourdain séparait le désert du pays de la promesse. Comme tel, il figure, pour le chrétien, la mort comme terme de la vie dans le corps sur la terre et le passage au ciel dans la présence du Seigneur.
La portée spirituelle du Jourdain est toutefois beaucoup plus étendue ; pour la saisir, il convient de revenir à l’histoire d’Israël écrite comme type pour nous1 Corinthiens 10. 11. Le propos de Dieu était de faire sortir son peuple de l’esclavage de l’Égypte et de l’introduire dans le pays qu’il leur donnait en héritage. Trois étapes successives ont été nécessaires dans l’histoire d’Israël pour amener ce dessein divin à son plein accomplissement : la Pâque, la traversée de la mer Rouge et la traversée du Jourdain. Ces trois phases nous parlent de la mort de Christ et de ses conséquences sous trois aspects différents qui se complètent.
Désormais, le peuple est délivré et racheté : ainsi, la mer Rouge est la figure de la rédemption : “Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté. Tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté” Exode 15. 13. Israël est encore dans le désert, mais Dieu le voit comme déjà arrivé dans la terre promise. L’incrédulité du peuple (racontée en détail dans le livre des Nombres, et résumée au début du livre du Deutéronome) n’a rien changé aux pensées de Dieu ; simplement le chemin des onze journéesDeutéronome 1. 2 a été transformé en une longue épreuve de trente-huit ans ; les voies de Dieu se sont ainsi adaptées à la conduite de son peuple.
Il est essentiel de bien comprendre la différence entre la position d’Israël (peuple terrestre de Dieu) et celle des chrétiens (peuple céleste). Israël a connu les trois étapes de sa pleine délivrance :
Le chrétien, au contraire, fait l’expérience de la portée spirituelle des trois étapes de la vie d’Israël dans le cours même de sa vie sur la terre.
En résumé, Dieu nous a réconciliés avec lui et pardonnés (la Pâque) ; il nous a vivifiés ensemble (la mer Rouge), nous a ressuscités ensemble (le Jourdain) et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ JésusÉphésiens 2. 6. Il s’agit d’une présence spirituelle réalisée par la foi, dès maintenant sur la terre, en attendant la plénitude de la gloire.
La Parole distingue donc clairement les trois phases de la pleine délivrance du peuple (la Pâque, la mer Rouge et le Jourdain). Toutefois, elle ne les sépare jamais, puisqu’il s’agit de trois aspects de l’œuvre parfaite, complète et unique de Christ.
La nuit de la Pâque était à garder par tous les fils d’Israël en leurs générationsExode 12. 14 ; Exode 13. 8, 14. Ce mémorial était celui de la Pâque ; mais il était aussi celui de la sortie d’ÉgypteExode 12. 42 : ainsi la Pâque et le passage de la mer Rouge sont liés.
D’autre part, la traversée de la mer Rouge et le passage du Jourdain, bien que séparés par toute l’histoire du désert, sont unis par le Saint Esprit dans deux passages des Psaumes : “Il changea la mer en terre sèche ; ils passèrent le fleuve à pied : là nous nous réjouîmes en lui” Psaume 66. 6, et : “La mer le vit et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière” Psaume 114. 3, 5.
Appliquées enfin à Christ lui-même et à son œuvre, ces trois figures montrent :