Purifié du mal, le peuple peut reprendre la conquête du pays avec l’aide de Dieu. Il faut d’abord régler la question de la ville d’Aï (versets 1-29), avant d’anticiper la possession du pays en bâtissant l’autel sur la montagne d’Ébal, selon le commandement de l’Éternel à Moïse (versets 30-35).
Quel bonheur et quel encouragement pour le peuple de retrouver la présence de Dieu au milieu de lui ! Les combats d’Israël sont de nouveau les combats de l’Éternel, qui donne lui-même à Josué les instructions pour prendre la ville d’Aï.
Une leçon morale, importante pour nous, se dégage de cette scène. On a vu dans l’affaire d’Acan comment le péché ôte le discernement spirituel et éloigne le cœur de DieuÉsaïe 59. 2 ; Osée 4. 11. Maintenant le peuple, bien que rétabli dans la faveur de Dieu, découvre qu’il a perdu sa force et fait l’expérience de sa propre faiblesse. Il n’est plus question de ne pas fatiguer tout le peuple pour prendre une ville peu nombreuse (7. 3, 4) ; au contraire, le peuple de guerre tout entier est invité par Dieu à se joindre à Josué (verset 1). Il faudra maintenant trente mille hommes vaillants (au lieu des trois mille de la première expédition) engagés dans une stratégie élaborée pour venir à bout de cette petite ville, de douze mille personnes seulement (verset 25).
Les conquêtes de ces deux villes sont les seules sur lesquelles la Parole donne quelques détails ; ensemble, elles représentent tout le développement du conflit spirituel du chrétien dans les lieux célestes en vue d’acquérir l’héritage de Dieu.
Combien les choses sont différentes entre la prise de Jéricho et celle d’Aï :
Selon les instructions de Dieu, la victoire sur cette ville et son roi impliquait :
Telles sont les phases par lesquelles Dieu amène son peuple à juger sa confiance en soi et mesurer les conséquences pratiques de ses fautes antérieures. Toutefois la grâce de Dieu ne manque pas et la victoire sur Aï est complète. Cette victoire est liée à la présence de Josué et de son javelot au milieu du peuple (versets 18, 26). Josué est de nouveau conducteur du peuple et figure de Christ, portant maintenant l’instrument du jugement (le javelot). Auparavant, dans la plaine de Jéricho, Josué avait vu l’ange de l’Éternel portant l’épée nue (5. 13) ; maintenant, Josué porte dans sa main le javelot qui doit demeurer étendu jusqu’à ce que le jugement soit entièrement exécuté.
Les deux armes offensives du chrétien contre les ennemis spirituels sont l’épée de l’Esprit qui est la parole de DieuÉphésiens 6. 17 et la prière dont il faut user tout au long des combats jusqu’à la victoire finale. Le même enseignement est donné à l’occasion du combat contre AmalekExode 17. 11-13, où Josué est mentionné la première fois. L’intercession de Moïse, dont les mains étaient soutenues par Aaron et Hur, assurait la victoire au peuple sous la conduite de Josué. Appliquons-nous donc, comme l’apôtre PaulPhilippiens 1. 30 et comme ÉpaphrasColossiens 4. 12, 13, à nous servir de ces deux ressources divines pour nous-mêmes et pour nos frères dans la foi.
La victoire une fois remportée, le peuple est autorisé par Dieu à piller la ville (versets 2, 27). La victoire de Jéricho était la figure du conflit entre Dieu et les puissances spirituelles de méchanceté, vaincues par Christ à la croixColossiens 2. 15. La gloire divine est manifestée devant tous et le peuple, témoin seulement, ne pouvait y avoir de part ; les objets de valeur appartenaient au trésor de l’Éternel (6. 19). À la prise d’Aï, au contraire, le peuple est engagé dans le combat et goûte le fruit de la victoire. La ville elle-même, brûlée au feu, devient alors le “monceau de ruines” qu’elle avait toujours été aux yeux de Dieu, non sans avoir causé beaucoup de peines au peuple d’Israël et lui avoir apporté peu de gloire en définitive.
Notons une leçon morale importante pour nous : le jugement de soi-même (chapitre 7) précède le jugement des ennemis (chapitre 8). L’épée de l’Esprit (la parole de Dieu) exerce d’abord son action sanctifiante et pénétrante dans nos consciencesHébreux 4. 12 avant de pouvoir être employée contre nos ennemisÉphésiens 6. 17.
Le dernier acte du jugement de la ville d’Aï est la mort de son roi, objet de la malédiction divineDeutéronome 21. 22, 23. Josué se soumet exactement aux ordonnances de la loi en le faisant enterrer avant le coucher du soleil. L’apôtre Paul rappelle cette ordonnance du Deutéronome pour montrer comment le Seigneur, par sa mort, nous a “rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous” Galates 3. 13. Souvenons-nous aussi que le corps saint du Fils de Dieu a été descendu du bois de la croix avant que le jour de sa mort ne s’achève. Il ne pouvait en être autrement pour Celui qui avait dit à son Dieu : “Ta loi est au-dedans de mes entrailles” Psaume 40. 9, lui qui était venu pour l’accomplir et non pour l’abolirMatthieu 5. 17.
Au reste, selon les déclarations faites sur la montagne d’Ébal, cette malédiction portée par Christ à la croix, devait être la part du peuple s’il transgressait la loi ; telle aurait été aussi notre part si Christ ne nous en avait délivrés ! La fin du chapitre traite de cette question à l’occasion de l’autel bâti à l’Éternel sur la montagne de la malédiction.
L’arche n’est plus mentionnée dans le livre de Josué après l’humiliation de Josué et des anciens d’Israël (7. 6) et la scène d’Ebal et de Garizim (8. 33) ; sans doute demeurait-elle au camp, à Guilgal, là où le peuple revenait après ses victoires ; mais elle n’est plus l’instrument public de celles-ci.
On retrouve plus tard l’arche à Béthel (Juges 20. 27) puis à Silo (1 Samuel 3. 3) avant qu’elle ne soit établie à Gabaon, et enfin à Jérusalem au temps de la royauté en Israël.