Cette troisième partie du livre s’ouvre par cette double déclaration :
On ne respire plus maintenant la même atmosphère d’énergie spirituelle en face des ennemis. Les difficultés sont d’un autre ordre : la lassitude et le manque de courage s’emparent des armées d’Israël (18. 3).
Effectivement, la tâche de Josué n’était pas achevée : “Car si Josué leur avait donné le repos, il n’aurait pas parlé après cela d’un autre jour” Hébreux 4. 8. Les forces manquaient maintenant à ce fidèle serviteur de Dieu. Nous faisons souvent la même expérience que lui. Alors, d’où nous vient l’encouragement, sinon de Dieu lui-même ? C’est maintenant l’Éternel qui assure l’achèvement de la tâche commencée : “Moi, je les déposséderai devant les fils d’Israël” (verset 6), dit-il après avoir donné la liste de tous les ennemis restant à subjuguer.
Le même enseignement apparaît dans l’histoire de l’assemblée sur la terre. Dès avant la fin du ministère des apôtres (Paul, Pierre, Jean et Jude), le mal est entré dans l’Église, accompagné de la faiblesse. L’énergie du début, décrite avec tant de fraîcheur dans le livre des Actes, a fait place à l’inaction et au relâchement spirituel parmi les croyants. Paul déclare lors de sa première captivité : “Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ” Philippiens 2. 21. Il ajoute à la fin de sa vie : “Tous ceux qui sont en Asie… se sont détournés de moi” 2 Timothée 1. 15 et : “Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné” 2 Timothée 4. 16.
Mais Christ demeure, de façon plus évidente encore que dans les temps brillants du début, la ressource unique et pleinement suffisante du chrétien et de l’assemblée : “Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus” 2 Timothée 2. 1.
Josué est désormais soustrait dans une grande mesure au labeur de son service, à l’image du LéviteNombres 8. 23-26. Ayant à cœur les intérêts du peuple d’ Israël, il l’avertit maintenant (chapitre 23 et 24), en laissant un exemple durable aux générations qui le suiventJuges 2. 7. Le parallèle avec l’apôtre Paul est frappant et profondément instructif.
C’est encore à Josué que l’Éternel confie la mission de distribuer le pays aux neuf tribus et demie. Éléazar, le sacrificateur, lui est associé pour ce service décrit à partir du chapitre 14.
Auparavant, est évoqué l’héritage que les deux tribus et demie (Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé) avaient déjà reçu de Moïse avant sa mort (13. 8, 33).
Tout le pays, jusqu’à l’Euphrate, était donné par Dieu en héritage à Israël (1. 3). En pratique, l’habitation et la possession effectives du pays par le peuple étaient acquises par les combats. L’application spirituelle pour nous, chrétiens, est développée dans les chapitres 13 à 19 à travers l’exemple des différentes tribus. Cinq principes moraux se dégagent de cette partie du livre :
La conquête de ces territoires situés à l’orient du Jourdain est imputée à Moïse (versets 8, 12, 15, 24, 29) et non pas à Josué. Ce fait remarquable montre bien que ces deux tribus et demie sont l’image des chrétiens terrestres. Elles n’ont jamais traversé le Jourdain (figure de notre identification avec Christ dans sa mort) et n’ont pas acquis leur héritage sous la conduite de Josué (figure d’un Christ ressuscité).
Un autre point important est souligné ici. Moïse avait bien frappé ces nations en deçà du Jourdain (verset 12). Toutefois, les fils d’Israël n’ont en fait dépossédé ni Gueshur, ni Maaca (verset 13). Tel est le début de la longue liste des infidélités du peuple relatées dans le livre des Juges.
Avant d’entrer dans le détail des possessions, l’Esprit souligne la part particulière de la tribu de
Leur possession était bordée par la mer Salée (mer Morte) et arrosée par l’Arnon. Le Pisga était le lieu d’où Moïse avait contemplé le pays sans y entrer, et Beth-Péor contenait sa sépulture cachée.
Au cours des combats contre Madian, les fils d’Israël avaient tué Balaam (verset 22), circonstance mentionnée comme étant la dernière mission de Moïse avant qu’il soit recueilli vers ses peuplesNombres 31. 1, 2, 8. Phinées, fils d’Éléazar, le sacrificateurNombres 31. 6, lui est associé pour que se réalise le jugement sur ce méchant prophète. Ayant suivi un chemin d’iniquité2 Pierre 2. 15, Balaam avait entraîné le peuple dans le mal moralNombres 25. 1-3 ; 31. 16 ; Apocalypse 2. 14. La scène se passait à Sittim, situé maintenant dans l’héritage de Ruben. L’histoire antérieure de ce fils aîné de Jacob rappelait ce danger à tout Israël. C’est aussi un pressant appel à tous les chrétiens à vivre dans la sainteté de corps et d’esprit2 Corinthiens 7. 1.
L’héritage de cette tribu se trouvait au nord du précédent, bordé à l’ouest par le Jourdain jusqu’à la mer de Génésareth (Kinnéreth).
Ramoth de Galaad a été la première ville à tomber aux mains des ennemis au temps d’Achab1 Rois 22. 3. La tentative de reconquête de cette ville a été l’occasion (dirigée par Dieu) de la mort de ce roi impie.
Toutefois, c’est de Galaad qu’est issu Élie, le Thishbite, fidèle prophète suscité dans une période très sombre de l’histoire d’Israël.
Leur portion s’étendait en Basan jusqu’à la montagne de l’Hermon, et était limitée au nord par la Syrie.
Le septième juge suscité par Dieu pour délivrer son peuple, Jaïr, le Galaadite était originaire de ce territoire ; la proximité des nations idolâtres peut expliquer qu’Israël se soit détourné immédiatement après sa mort pour servir les dieux de SyrieJuges 10. 3, 6.
Ces deux tribus et demie étaient dans une position ambiguë qui ne répondait pas pleinement à la pensée de Dieu pour son peuple.
Toutefois, cette scène se termine par un trait brillant de la grâce divine à leur égard. Sur les six