La guerre se porte maintenant dans le nord du pays, alors que le midi était déjà délivré des ennemis. Il s’agit des six mêmes nations que dans les combats précédents (comp. 9. 1 et 11. 3), mais leur nouvelle coalition est maintenant dirigée par Jabin, roi de Hatsor, capitale de tous ces royaumes (versets 1, 10). Trois rois se joignent à lui (des villes de Madon, Shimron et Acshaph) pour engager une guerre ouverte contre Israël : “Toutes leurs armées avec eux, un peuple nombreux, en multitude comme le sable qui est sur le bord de la mer, avec des chevaux et des chars en très grand nombre” (verset 4). Qu’importe ce déploiement de puissance lorsque Dieu combat avec son peuple (versets 6, 8) !
Le chrétien pour qui Christ est la force – “Je puis toutes choses en celui qui me fortifie” Philippiens 4. 13 – est invité de même à ne pas se laisser terrifier : “n’étant en rien épouvantés par les adversaires” Philippiens 1. 28. La force et la confiance des ennemis étaient dans leurs chevaux et dans leurs chars : “Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu” Psaume 20. 8. C’est précisément cette force qui devait être détruite (verset 6) ; elle l’a été par Josué, conduit par Dieu (verset 9). Ainsi le peuple ne tomberait pas, plus tard, dans le piège de la confiance en des ressources humaines (représentées par les chevaux et les chars).
Les armées s’étaient regroupées à Mérom (verset 5), sur le Jourdain, au nord du lac de Génésareth (ou Kinnéreth, verset 2). Là, elles sont entièrement livrées par l’Éternel en la main d’Israël. Ces combats préfigurent les derniers conflits des armées du monde conduites par Satan contre Christ : “Les rois de la terre habitée tout entière… assemblés au lieu appelé en hébreu : Armagédon” Apocalypse 16. 14-16 (il s’agit de la plaine de Jizréel ou de Meguiddo au sud-ouest des eaux de Mérom). “Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée” Apocalypse 19. 19.
Par ce combat final, le pays est ouvert définitivement à Israël, jusqu’à la frontière de la Phénicie. Les ennemis sont repoussés jusqu’à Sidon (verset 8), capitale des affaires et du commerce. Après la délivrance du monde naturel (figuré par l’Égypte) vient celle du monde organisé loin de Dieu (figuré par la Syro-Phénicie).
La victoire sur les ennemis occupant les territoires du nord est consacrée par la destruction de Hatsor et de son roi Jabin (verset 10). Jabin (dont le nom signifie le sage ou l’intelligent) était le titre officiel des rois de Canaan qui régnaient à HatsorJuges 4. 2. Israël détruit ainsi la capitale des nations et toutes les villes satellites, selon le commandement de l’Éternel à Moïse (verset 12).
Il est très triste de constater que, par suite de l’infidélité du peuple au temps des juges, cette ville a retrouvé sa puissance (neuf cents chars de fer). Elle a même été un instrument de châtiment dans la main de l’Éternel envers son peuple coupableJuges 4. 1-3.
Dans ces scènes, Josué manifeste un attachement constant à la parole de Dieu (l’arme donnée maintenant au croyant pour le combat contre l’ennemi) :
S’attacher de cœur à la Parole du Seigneur est pour nous le sûr chemin de la bénédiction et le secret de la victoire sur les ennemis de nos âmes ! Dans la famille de la foi, les jeunes gens sont forts, ont vaincu et sont victorieux du méchant, parce que la parole de Dieu demeure en eux1 Jean 2. 14.
Après le conflit général aux eaux de Mérom, les victoires doivent être consolidées pour repousser l’ennemi au-delà des frontières du pays : “Josué fit longtemps la guerre à tous ces rois-là” (verset 18). D’après les dates mentionnées par Caleb dans le résumé de sa vie (14. 7, 10), ces combats ont duré environ sept ans.
À l’exception des Héviens de Gabaon dont l’histoire a été considérée au chapitre 9, toutes les nations s’étaient dressées contre Israël pour lui faire la guerre. Un endurcissement permis par Dieu comme châtiment s’était abattu sur elles (verset 20) de sorte que la parole de l’Éternel à Moïse s’accomplissait. Toutefois, il n’y a point d’injustice en Dieu qui n’endurcit le cœur que lorsque tous les appels de la grâce ont été négligés ou refusés. Tel avait été le cas du Pharaon ou d’Ésaü ; tel sera plus tard le jugement des impies qui n’auront “pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés”, à qui Dieu enverra une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge2 Thessaloniciens 2. 10-12.
Un cas restait encore à régler ; celui des Anakim qui avaient causé la frayeur des espions envoyés par le peuple pour reconnaître le paysNombres 13. 33. Anak, un géant, était fils d’Arba qui habitait Hébron (ou Kiriath-Arba, c’est-à-dire cité d’Arba) et avait trois fils : Shéshaï, Akhiman et Thalmaï (15. 14). Anak symbolise Satan et sa puissance ; ses trois fils, la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie1.
Ce peuple, à l’origine de tant de souffrances pour Israël, devait être maintenant détruit et Josué est l’instrument de ce jugement (verset 21). Le pays d’Israël en a été entièrement débarrassé, mais ses réchappés ont trouvé refuge dans le pays des Philistins (Gaza, Gath et Asdod) ; leur influence se fera sentir plus tard au temps du déclin du peuple.
Notre salut par la foi et notre position en Christ sont une certitude irréfutable. Quant au conflit pratique avec l’ennemi, rien n’est acquis de façon définitive, de sorte que nous devons veiller jusqu’au bout de la course chrétienne. Néanmoins, Dieu nous accorde des moments de paix avant de goûter le repos éternel dans la maison du Père.
Toutes les luttes et les combats qui ont marqué cette phase de l’histoire d’Israël (chapitre 6-12) font maintenant place à cette déclaration encourageante : “Et le pays se reposa de la guerre” (verset 23). L’expression se trouve trois fois dans le livre, en rapport avec Josué (11. 23), avec Caleb (14. 15) et avec l’héritage des Lévites au milieu du peuple (21. 44). Ici, le repos est la conséquence de la fidélité dans les combats.
Les peines et les tribulations2 Thessaloniciens 1. 6, 7 caractérisent ce monde-ci, tandis que la joie et le repos appartiennent au monde invisible à venir ; les deux états ne peuvent se comparer2 Corinthiens 4. 16-18.
« Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source », a écrit un serviteur de Dieu.