Avant d’entreprendre la conquête du pays, Josué envoie secrètement deux espions pour voir le pays et reconnaître sa première place forte,
Mais la grâce illimitée de Dieu va faire sortir Rahab de Jéricho et la sauver de la mort, pour l’associer au peuple élu et la placer dans la lignée du Messie d’Israël. Rahab est une fleur fragile cueillie dans la fange du péché pour venir s’épanouir aux doux rayons de la grâce divine.
Les nouvelles des victoires d’Israël étaient déjà parvenues aux habitants de Canaan. Sihon, roi des Amoréens, et Og, roi de Basan, étaient sortis à la rencontre du peuple et avaient été entièrement détruitsDeutéronome 2. 32-34 ; 3. 1-10. Ces nouvelles avaient apporté la frayeur en Canaan : “Nous l’avons entendu et notre cœur s’est fondu” (2. 11). La traversée effective du Jourdain par Israël confirmera leurs craintes légitimes : “Leur cœur se fondit, et il n’y eut plus de courage en eux” (5. 1).
Pour le monde, l’approche des jugements produit donc la peur. Hélas, souvent les hommes, au lieu de se repentir, se débarrassent des témoins qui annoncent leur jugement. Les hommes rendront l’âme de peurLuc 21. 26 ; en même temps ils mettront à mort les deux témoins qui les gênaient et s’en réjouirontApocalypse 11. 7, 10.
Le roi de Jéricho cherche ainsi à s’emparer des espions (verset 3) avant de s’endurcir dans son iniquité et de fermer sa ville pour résister au jugement jusqu’à la mort. Quelle solennelle différence avec Ninive et son roi, à la suite de la prédication de Jonas1 !
Au contraire, pour la foi de Rahab, les victoires d’Israël produisent un tout autre effet :
Les moyens employés ici par Rahab, mensonges et tromperies (versets 4-7), étaient conformes à sa vie antérieure. Aujourd’hui, un chrétien éclairé par le Saint Esprit ne pourrait en aucune mesure y avoir recours, car, aux yeux de Dieu, la fin ne justifie jamais les moyens.
Le gage du salut qui lui est donné par les espions est d’une extrême simplicité, méprisable même aux yeux du monde. Il fallait attacher un cordon d’écarlate à la fenêtre, rester à l’abri dans la maison et garder l’affaire secrète (versets 17-20). Le cordon d’écarlate parle du sang de Christ, qui mettait déjà les Israélites à l’abri du jugement des premiers-nésExode 12. 13. Il ne s’agissait pour Rahab que d’ajouter foi à la promesse qui lui était faite. Aussi n’attend-elle pas le siège de Jéricho pour placer le cordon d’écarlate à la fenêtre : elle le fait aussitôt après le départ des espions (verset 21).
La foi de Rahab se manifeste par sa conduite envers les espions, et lui accorde une place dans la “grande nuée de témoins” donnée dans l’épître aux Hébreux. Elle y est distinguée de la masse incrédule, “ceux qui n’ont pas cru” Hébreux 11. 31.
Dans l’épître de Jacques, Rahab est associée à Abraham pour montrer aux yeux de Dieu et des hommes la valeur des œuvres de foi. Pour le monde, Abraham était un meurtrier en offrant son fils Isaac et Rahab trahissait son peuple en recevant les messagers2. Mais pour Dieu, l’un et l’autre manifestaient la réalité de la foi par leurs œuvres.
L’histoire de Rahab ne s’arrête pas là ; ayant obéi à l’instruction qui lui assurait le salut, elle a été épargnée du jugement avec sa famille par les deux hommes mêmes qu’elle avait cachés (6. 22-25). Rahab est d’abord laissée en dehors du camp d’Israël ; mais elle désirait habiter là où son cœur la portait, parmi le peuple de Dieu. On trouve le même désir en RuthRuth 1. 16.
Rahab devient l’épouse de SalmonMatthieu 1. 5, et donne naissance à Boaz ; son nom est ainsi placé dans la lignée du Messie, honneur qui est accordé à quatre femmes (à part Marie, la mère du Seigneur) : Thamar, Rahab, Ruth et Bath-Shéba. Chargées de mépris ou de honte par leur origine ou leur conduite, elles sont formées par la grâce de Dieu comme des vases de miséricorde, tout préparés pour sa gloireRomains 9. 23.
La foi de Rahab brille en ce qu’elle s’identifie elle-même avec Israël avant la première des victoires en Canaan. C’est aussi l’intelligence spirituelle du brigand repentant qui reconnaît au Sauveur méprisé la gloire de son royaumeLuc 23. 42.
La scène se termine par le témoignage des deux messagers qui confirment à Josué que le pays était livré au peuple de Dieu. Quelle différence pour Josué avec le retour des douze espions dont il faisait partie quarante ans auparavantNombres 14. 6. Leçon importante apprise par le peuple !