Deux témoignages distincts sont établis à cette œuvre merveilleuse (3. 5) :
Les pierres tirées du Jourdain et placées à Guilgal étaient un témoignage et un mémorial pour les générations à venir. Leur nombre (douze1) était selon le nombre des tribus des fils d’Israël (verset 5) pour souligner l’unité du peuple. La table dans le lieu saint portait aussi douze pains pour rappeler cette unité.
La part de l’Église est plus belle encore : il n’y a qu’un seul pain (mémorial de la mort de Christ, homme, et de son corps donné pour nous) qui rend aussi témoignage à l’unité de l’Assemblée qui est son corps (spirituel) : “Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps” 1 Corinthiens 10. 17.
Les croyants, autrefois morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, sont maintenant vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Le dessein de Dieu est de montrer “dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus” Éphésiens 2. 5-7.
Le nombre des pierres tirées du Jourdain – douze – rappelait que pour Dieu tout le peuple d’Israël avait franchi le Jourdain, bien que deux tribus et demie soient plus tard retournées en arrière. De même, l’unité du peuple céleste de Dieu, qui ne forme qu’un seul corps en Christ, est présentée dans l’épître aux Éphésiens, comme liée à la résurrection de ChristÉphésiens 1. 19, 20, à son sangÉphésiens 2. 13 et au seul Esprit SaintÉphésiens 2. 18 ; 4. 4.
Ces premières pierres enlevées du Jourdain et placées dans le pays nous enseignent donc que nous sommes ressuscités avec Christ.
Un second témoignage parle aussi puissamment à nos cœurs : douze pierres étaient dressées “au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance” (verset 9). Cette seconde série de pierres nous montre ensuite que nous sommes morts avec Christ. Tous les rachetés, vivifiés et ressuscités ensemble avec le Christ, sont ainsi identifiés avec Christ dans sa mort2.
Cette portée spirituelle du Jourdain pour nous est clairement établie par les enseignements de l’apôtre Paul : “Si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui” Romains 6. 8. La réalisation de cette vérité opère notre délivrance du joug du péché dans une marche de sainteté sur la terre. L’épître aux Colossiens présente ensemble les deux signes de la circoncision (figure de la mise de côté de la chair comme crucifiée à la croix) et du baptême chrétien (figure de notre identification avec Christ dans sa mort) “… la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême” Colossiens 2. 11, 12, et : “Vous avez été ressuscités avec le Christ” Colossiens 3. 1.
Ces figures montrent donc à la fois la puissance de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts, et la place du croyant au-delà de la mort (à l’entrée, pour ainsi dire, du pays de Canaan). Il a Christ comme espérance : “Christ en vous l’espérance de la gloire” Colossiens 1. 27. Le croyant a aussi la vie de Christ : “Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu” Colossiens 3. 3 ; pour lui, Christ est tout (comme objet de son cœur) et en tous (comme puissance de vie).
Conformément à l’accord pris avec MoïseNombres 32. 27, et confirmé à Josué (1. 16), les guerriers de ces deux tribus et demie passent le Jourdain avec leurs frères pour participer aux combats. Parmi les cent dix mille hommes aptes au service militaire, et malgré les engagements pris, quarante mille seulement répondent à l’appel. Aujourd’hui encore, hélas, l’intérêt pour les choses de la terre ôte au croyant l’énergie spirituelle pour acquérir les choses célestes.
Dieu avait annoncé à Josué avant le passage du Jourdain qu’il l’élèverait aux yeux de tout Israël (3. 7). Christ, le vrai Josué, est glorifié par son Père : “Sa gloire est grande dans ta délivrance ; tu l’as revêtu de majesté et de magnificence” Psaume 21. 6. Cette gloire lui est donnée après l’œuvre de la croix, lorsque l’arche (figure de Christ) est sortie du Jourdain (figure des eaux de la mort) : “Dieu… l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire” 1 Pierre 1. 21.
Lorsque toute la nation a passé, l’arche sort du Jourdain. L’arche entre donc, seule, la première (3. 14), et sort la dernière des eaux du jugement et de la mort (3. 17). Christ est “le premier et le dernier” Apocalypse 1. 17 ; il est “l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin” Apocalypse 21. 6.
Les douze pierres dressées au milieu du fleuve étaient recouvertes lorsque “les eaux du Jourdain retournèrent en leur lieu et coulèrent par-dessus tous ses bords comme auparavant” (verset 18). Elles n’étaient donc plus un témoignage visible comme les premières pierres, laissé pour les générations à venir, ou même pour le monde. Pour le croyant, ces pierres rappellent l’œuvre intérieure divine qui s’est accomplie dans l’âme en dehors de tous les regards.
C’est aussi le souvenir pour l’assemblée de ce que Christ a traversé pour elle en entrant dans la mort. Le monde n’a pas connu Christ, l’a perdu comme sauveur et ne le reverra que comme juge plus tard. Mais l’église, loin du monde, bien qu’encore dans le monde, revient au bord du fleuve de la mort pour contempler son Seigneur et se souvenir de lui et de son œuvre. “Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle” Éphésiens 5. 25.
Le peuple habite maintenant dans le pays promis, au-delà du Jourdain qui a repris son cours. Dieu va préparer son peuple pour le combat, avant de le conduire aux conquêtes et à la possession effective de l’héritage.
Cette vérité de l’identification du croyant avec Christ et sa mort se retrouve plusieurs fois dans l’Écriture :